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    aujourd'hui, j'ai vécu un des échanges professionnels les plus humiliants de ma carrière.L'humiliation était telle que 5 heures plus tard, en sortant du boulot, j'espérais que personne ne me demanderait comment c'était passée ma journée. Je savais que j'en fondrais en larmes instantanément.

    Aucune grossièreté dans les emails en cause, un peu de déni de mes fonctions et un zeste d'agression publique sous la forme d'un sous-entendu perfide : des insultes feutrées. Des insultes de gens qui se disent lettrés. La violence de l'échange était pourtant bien réelle. J'ai eu du mal à respirer calmement dans l'heure qui a suivi.

    j'en veux toujours aux gens qui me mettent dans un tel état de fureur parce qu'ils réveillent ce qu'il y a de plus ignoble en moi : la volonté d'anéantir la personne qui a dépassé les limites, qui a nié mon droit au respect. Je suis la reine du passif agressif, de l'immondice souriante mais je déteste qu'on m'entraîne vers cette pente moche et indigne. Je ne veux pas être emportée dans la petitesse et l'agressivité de l'autre. Je suis une connasse, mais je ne suis pas fière de me comporter parfois comme telle. Je suis donc généralement profondément triste quand une fois de plus, un être humain me montre comme nous savons être laids.

    Le problème de ces échanges humiliants est qu'ils contenaient des éléments auxquels une réponse devait être apportée. Or, j'étais encore un peu tremblante de rage.

    Avant d'écrire mes réponses, j'ai pensé résilience. J'ai aussi regardé le post it au-dessus de mon écran qui me rappelle que c'est pas personnel et que ma parole doit être impeccable. J'ai enfin réfléchi au fait que j'étais plus rongée par les fois où j'avais insulté que par les fois où j'avais traité l'offense par le mépris.

    Alors j'ai répondu comme si de rien n'était, juste plus froidement qu'en temps normal. J'ai été factuelle, je n'ai pas inséré de contre-attaque larvée, je n'ai pas ajouté ma boss dans la boucle comme il l'avait fait.

    Et je me suis sentie fière de moi. Parce que j'ai senti que j'avais évolué dans ma relation à l'autre mais surtout dans ma relation à moi. Il s'est comporté comme un connard, il m'a fait beaucoup de peine sur le moment, mais il ne le saura peut-être pas et ne s'excusera certainement pas. Je dois continuer quand même, sans me laisser polluer ou freiner, je me dois le respect que j'aimerais que les autres me donnent. 

    Mon mode opératoire n'est pas le meilleur, un monde qui me ressemblerait ne serait pas plus beau, je ne me sens pas porteuse d'une mission d'évangéliser l'humanité pour lui faire entendre que la vérité est dans mes valeurs. Je commets des tas d'erreur mais désormais, ce sont les miennes propres, pas celles venues de la spirale de la guerre des nerfs. S'il se sent mieux quand il me méprise publiquement, dommage pour lui, mais je ne lui donnerai plus de grain à moudre. Je m'accorde au moins ça, et je me sens grandie.

    et paradoxalement, cet échange qui m'a tant bouleversée m'a fait prendre conscience des changements qui s'étaient opérés en moi pendant ces deux dernières années où j'ai appris à m'écouter et à m'entendre. J'avance.