We can cure physical diseases with medicine but the only cure for loneliness, despair and hopelessness is love. There are many in the world who are dying for a piece of bread but there are many more dying for a little love.
Mother Theresa
I hold it to be the inalienable right of anybody to go to hell in his own way.
Robert Frost
(Je tiens pour inaliénable le droit de chacun d’aller en enfer à sa propre façon.)
Ce sont les 2 phrases qui commencent le livre.
Et je trouve -maintenant avec le recul autant qu’au moment de commencer le livre- que ce sont des manières absolument parfaites de faire entrer dans ce roman.
La première page de l’histoire nous happe immédiatement dans la confession de Blair et Ardith. On ne comprend pas de quoi il est question précisément mais on sent qu’elles viennent de commettre un acte terrible et qu’elles sont en train de le raconter à un homme qu’elles connaissent.
Blair et Ardith sont deux adolescentes très seules. Pour des raisons diamétralement opposées, elles sont seules à en crever. L’une est la fille unique d’un couple d’avocats richissimes dont la mère a de grands projets de réussite professionnelle et sociale et a pour ce faire aseptisé la vie familiale, l’autre est la benjamine d’une famille nombreuse absolument ingérable dont les seules préoccupations sont l’alcool, la fête et le sexe et qui s’enferme dans sa chambre en rêvant du jour de son départ.
Elles se rencontrent, ces deux jeunes filles à l’histoire si différente, et c’est un coup de foudre, une évidence : elles tombent en amitié de manière profonde et irrévocable. Leur histoire a la force de l’absolu que l’adolescence est seule à même de sublimer.
Et leur histoire, elle m’a cueillie à froid. Je suis restée vissée à l’intrigue dont on ne devine pas si aisément les contours. Chaque chapitre apporte des indices alors je croyais avancer et comprendre et puis quasi toutes mes intuitions étaient balayées après quelques pages.
Ce n’est pas un thriller et pourtant, j’ai souhaité connaître le dénouement dès la 4ème phrase de lecture.
Incapable de lire autre chose pendant toute la durée de l’histoire. En temps normal, j’ai 4 livres en cours en même temps, je jongle de l’un à l’autre selon qu’il est pratique pour le métro ou idéal à plat ventre. Pas avec celui-ci, c’est un livre exigeant et exclusif, lui et rien d’autre.
J’ai ressenti physiquement toutes les émotions de ma lecture, ce n’était pas qu’une expérience cérébrale, il y avait même le goût puisque je me suis mordue la lèvre plusieurs fois dans le stress de ce qui était décrit.
Je suis sûre d’avoir souri plusieurs fois mais l’essentiel des émotions a été plus violent. Blair et Ardith me sont presque devenues chères, j’espérais qu’elles iraient bien, je m’insurgeais contre la connerie humaine qu’elles affrontaient.
La peur, la révolte, le soulagement, la détresse… c’est le lot de tous les ado normalement, mais elles, elles le gèrent vraiment.
Du coup j'ai passé tout le dernier tiers du livre à lire la main sur la bouche, stressée moi aussi de ce que le jour d'après serait.
" See, guys freak "out". [...] But girls freak "in". They absorb the pain and bitterness and keep right on sponging it up until they drown. "
" That's what innocence is, you know. A blissful oblivion of what's coming, of what you'll lose and what you'll gain, and what kind of person you'll grow up to be. "
" You understand that people like [them] will always be granted license to destroy simply because they use the adult-sanctionned weapon of words. "
" Torture someone enough and the pain turns to anger. "
" The only thing worse than being invisible is being visible and powerless. "