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Ba lit

  • L'attentat

     

    Tout le monde semble en parler ces derniers temps et ça tombe bien, il est dans ma PAL.

    Alors j'ouvre et je loupe les stations de métro. C'est beau, c'est fort, ça remue. Je ne raconte rien du tout, pas même le début, sinon ça gâche. Mais il vous faut le contexte : C'est écrit par un Algérien, militaire, qui a pris le nom de sa femme pour pouvoir être publié en évitant la censure et on suit les pensées d'un musulman naturalisé isralélien.

    J'ai commencé à pleurer page 34, j'étais dans le métro. Quelques pages plus tard, je serrais le poing. encore un peu et mon cerveau turbinait pour comprendre, argumenter...

    C'est fort et c'est beau.

    Yasmina Khadra a le don pour décrire le ciel, je trouve.

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    Yasmina Khadra a le don pour faire réfléchir et faire résonner longtemps la réflexion. Il n'y a aucun jugement de personne dans le livre, j'ai accepté que chacun puisse avoir une raison profonde et légitime dans ce combat quotidien : les pacifistes, les kamikazes, l'armée israélienne, la société civile, les résignés, les indifférents, les en colère...

     

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    Calmement, l'auteur a détruit toutes mes certitudes, a secoué ce que je croyais être la "bonne" vision de ce conflit dont j'ignore pourtant presque tout. J'ai fermé le livre et pourtant, j'y pense encore et encore.

    J'avais cessé de lire ces derniers mois, j'ai de la chance, je recommence avec de vrais bijoux !

  • La réconciliation

     
    Je me suis réconciliée avec Marguerite, oui, je peux l'affirmer. En fait, elle m'agaçait depuis si longtemps que j'avais coupé court à toute communication entre nous. Je ne lisais plus rien d'elle, pas même des extraits, ni des articles dans les journaux sur la vie de ctte femme hors du commun. Rien d'elle ne m'intéressait.
     
    On s'était rencontrées l'année du bac, par une analyse de L'Amant de la Chine du nord. On avait décortiqué jusqu'à n'en plus pouvoir le moindre de ses mots. Je me souviens que la seule chose que je retenais de ces heures de lecure et d'analyse était cette sensation d'ennui et de prétention de l'auteur aussi. Comme si rien ne pouvait être simple. Depuis le bac, donc, aucune lecture de Duras. Pourtant, on me disait souvent "mais je t'assure que c'est bien, faut que tu retentes !"
    Et puis on m'a offert un de ses livres. Il y a 7 ans maintenant. Il est resté sans bouger pendant tout ce temps. Enfin, si, il a bougé, il a déménagé 2 fois. Il est resté dans ma bibliothèque. On me disait parfois "oh, tu l'as aussi ? j'ai adoré!"
     
    Un jour enfin, j'ai décidé qu'il fallait que j'ouvre ce livre. Il est tout petit, au pire je passe une heure à m'ennuyer quoi...
    Dix heures et demie du soir en été.
    On est en Espagne déjà ça tombe mal.
    Bref...
     

    DURAS-dix-heures-et-demie.jpg

     
    Deux pages ou peut-être vingt pages plus tard, je ne sais pas, je me rends compte que je suis hypnotisée.
    Le rythme des mots magique. Les phrases complètement inhabituelles. Le travail évident sur toute la strcuture se ressent et pourtant, il ne gâche pas le plaisir de la lecture. J'ai bien senti que je me remplissais de la qualité de ce texte autant que de la magie de la lecture.
    Une fois fini, cette joie d'avoir profité d'une oeuvre et pas seulement d'une histoire...
  • Fables

     
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    Pour une fille comme moi qui collectionne les livres de contes (enfin, collectionnais plutôt vu la place que ça prend) tomber sur un livre qui s'appelle Fables, c'est quasi irrésistible. Quand en plus tu t'aperçois que ça mélange Blanche-Neige, la Bête, Barbe-Bleue...

    J'ai acheté direct 4 tomes. Il fallait que je sache de quoi il allait retourner.

    Fables est donc une BD de Bill Willingham et James Jean.

    Plantons le décor : À New-York de nos jours, certains des héros de nos contes de fées vivent parmi les humains. Ils ont un gouvernement et un mode fonctionnement parallèle à celui des humains mais doivent tous être capables de s'insérer dans la société dans laquelle ils vivent désormais.
    Blanche-Neige est l'assistante personnelle de leur dirigeant. Elle et le prince charmant ont fini par divorcer.

    Tout commence lorsque Jack (sans son haricot magique) déboule dans le bureau de blanche-neige : sa sœur Rose-Rouge a disparu et son appartement a été mis à sac. L'enquête, menée par le grand méchant loup, commence alors.

    Ce livre est tout simplement magique : dès les premières cases j'ai voulu en savoir plus. Plus sur les personnages, plus sur l'enquête, plus sur les raisons de leur présence à New-York. De nombreuses informations sont données et d'autres complètement éludées. Les personnages et leur mode de fonctionnement sont vraiment travaillés, on a l'impression que, comme pour des grandes sagas, l'auteur a déjà imaginé des milliards de détails qu'il ne nous livre pas mais qui donnent de la profondeur aux situations.

    Et chacun des pans est réellement traité : quel personnage devient quoi dans la vie de humains, quelles relations sont les leurs ? Pourquoi des personnages de contes de fée doivent-ils se réfugier à New-York alors qu'ils étaient censés vivre heureux, s'être mariés et avoir beaucoup d'enfants ? Mais bon sang de bois, qu'est-il arrivé à Rose-Rouge ?

    fables jack.jpg

    La façon dont c'est mis en image, aussi, est vraiment chouette. Sur certaines pages on se retrouve avec une seule case qui fourmille de détails, sur d'autres chaque case apporte du ressort au déroulement de l'enquête. Il y a aussi cette façon de colorer différemment les souvenirs, les descriptions de l'autre monde et le moment présent, ce qui permet de toujours garder le fil.

    J'ai enchaîné les tomes qui forment la première histoire en un dimanche matin, pas possible de me lever tant que je ne savais pas la suite. C'est typiquement le style de lecture jouissive d'un aprèm automnal de glandouille. On n'a pas eu le temps de déprimer sur le temps, trop occupé à découvrir et on est tellement content d'avoir lu un tel bijou...

     

  • Alger sans Mozart

     
    Alger sans mozart.pngL'Algérie, ce pays que je connais si peu à part les quelques souvenirs de cours d'histoire qui me restent. C'est là pourtant que se passe Alger sans Mozart -ce n'est pas une grande surprise au vu du titre, je vous l'accorde...
     

    Louise est adolescente, elle vit en Algérie un peu avant la décolonisation. Elle est française et aime son pays de façon viscérale. Et son pays, ce n'est pas la France métropolitaie, c'est l'Algérie française. Mais l'actualité va bientôt mettre à mal son identité.

     

    Marc vit à Paris, il est réalisateur et il aime que sa vie sulfureuse fasse la une des journaux. Il est talentueux et respecté mais n'a pas l'air de respecter ni le autres ni lui-même. On comprend vite que lui aussi est marqué par l'Algérie.

    Passé et présent, ce roman dévoile à travers le témoignage de la tante et de son neveu une dissection partiale et explosive de leur histoire familiale. Chaque chapitre est un monologue écrit à la première personne par l'un d'eux. Chacun a donc une dynamique et un style très différents.

    Et après le premier chapitre, je m'inquiète de devoir faire un effort pour finir ce livre. Je ne connais rien des lieux décrits, l'écriture ne me plaît qu'à moitié, je n'arrive pas à trouver le fil qui va me tirer vers la page suivante.

    La fascination me prend donc par surprise au chapitre suivant. Marc vomit son mépris, il n'a aucune douceur. Ses mots me laissent presque un goût métallique.
    C'est lui qui m'explique ma réserve du début quand il se moque de sa tante  : Louise et son enfermement dans un français désuet et plaintif m'agacent, j'ai envie de la secouer.
    Mais Marc vaut-il mieux ?

    Après trente pages ce fut réglé : il fallait que je sache, que je comprenne les liens entre ces deux révoltés à leur manière.

    J'ai avalé l'histoire, fabriqué mon Alger, senti l'odeur du soleil sur les murs décrépis, frémi de dégoût et eu envie de la douceur de l'été sur les plages algériennes. J'ai appris beaucoup aussi sur l'Histoire et sur ces français devenus étrangers dans leur propre pays.

    C'est étonnant et en même temps c'était bon de ne pas parvenir à aimer complètement les personnages principaux. Il y a plus de véracité dans les sentiments que je ressentais en lisant.

    Quand la fin est arrivée, même si une partie m'a parue inévitable, j'ai eu envie de voir des films se passant en Algérie, pour confronter avec mes images mentales de cette histoire. Par contre, je n'avais pas envie de savoir la suite de la vie des personnages. C'était le moment de dire au revoir et c'était parfait.

    Alger sans Mozart
    Canesi & Rahmani
    Ed Naïve