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La liberté

La liberté c'est passer un week-end entier en culotte devant Suits ou à chanter à tue-tête sur radio Glee en communiquant par WhatsApp alors que "c'est pas de mon âge."

 

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Je m'en suis rendu compte il y a peu, grâce notamment à une discussion un peu wtf. Il est 17h et je viens d'arriver à la gare routière de ... Je ne sais pas comment rejoindre mon hôtel, je me connecte au wifi public (magique Corée du Sud qui dispense internet à tous, quasi partout) et tombe sur ma coloc sur Facebook messenger. Je ne sais pas quelle heure il est en France ni par quel truchement je me retrouve à papoter avec elle de maternité, d'avenir, du manque de ceux que j'aime à Paris après presque deux semaines loin et seule.

Je suis donc là, debout, avec mon sac à dos sur les épaules, appuyée à un comptoir, entourée de voyageurs avec leurs propres sacs sur le dos. Et je me retrouve à expliquer à ma coloc par téléphone interposé que je suis contente et enfin en paix avec l'idée d'être une individualiste qui travaille et vit pour elle seule. Je me sens libre. D'être et de faire ce que je souhaite. La liberté, c'est par exemple décider qu'après les scones, alors que j'avais prévu de rentrer chez moi, je pars boire des bières dans tous les bars que mon amie et moi trouvons à notre goût. Et je bois ces bières le coeur léger, en ne me stressant pas à l'idée du véritable chantier que j'ai laissé dans le séjour chez moi. Parce que je suis seule. Et que mes actions n'auront pas de conséquence sur le bien être d'un autre.

La liberté, c'est arrêter parfois de porter les angoisses et les chantiers de mes amis pour me concentrer sur mon bien-être. La liberté c'est passer un week-end entier en culotte devant Suits ou à chanter à tue-tête sur radio Glee en communiquant par WhatsApp alors que "c'est pas de mon âge."

Fuck.

La liberté, alors que je suis là en train d'écrire cette note, dans le métro, en souriant seule face à mon écran, c'est me rendre compte comme une sorte de coup de tonnerre en pleine face que je m'aime et me fais désormais assez confiance pour gérer les semaines seule, les moments de déprime sans béquille. Je n'aime les gens autour de moi que parce qu'ils sont de belles personnes, et non plus pour le vide qu'ils m'aideront à combler ni ce qu'ils m'apporteront. Et parfois je ne fais pas partie de leur vie et c'est ok.

J'ai désormais la liberté de déterminer ce que je souhaite, de choisir quel sera mon prochain pas. C'est un luxe inouï, je le sais. Mais je crois aussi que je l'ai gagnée, cette liberté. À coups de renoncements et et de prises de risque. Dans les pleurs, malgré l'engluement ou encore l'hystérie. (Les miens evidemment)

La liberté, aujourd'hui, c'est ça à mon sens : être un individu, exister pour moi, me respecter et tenter de me faire respecter par ceux qui comptent mais aussi par les inconnus, qu'ils passent ou finissent par rester.

Et même si j'espère encore un "désolé" qui se fait attendre, je sais que demain ou après-demain je ferai le pas de mettre un mouchoir sur la peine qu'on m'a faite. Parce que j'ai la liberté de décider de ce qui va me mettre par terre ou me faire avancer, ce qui compte ou ce qui peut être oublié.

Ce soir, après 36 heures entourée de douceur, de rires, d'alcool et de personnes que j'aime profondément, je sais que je ne tenterai plus de me faire entendre en faisant des bras de fer. Je m'en fous d'être faible parfois, de ressembler à une héroïne du 18ème siècle qui observe sans bouger un cil l'homme qui me plait regarder d'autres que moi, de passer pour une rigolote parce que je travaille porte ouverte et suis disponible pour mes collègues ou de ne pas ressembler à ce que la société, la famille, les amis, les gens de passage attendent de moi.

J'ai la liberté de continuer à avancer vers des moments lumineux. Et je vais en profiter.

Commentaires

  • Je partage cet avis (que je crois lire entre tes lignes) que la liberté de notre temps consiste à assumer pleinement les conséquences d'une certaine forme d'égoïsme. Elle est un sentiment. Et même si je le regrette un peu, je reconnais qu'elle est un plaisir souverain et salvateur. Et qu'elle serait encore plus difficile à ressentir si nous n'étions pas délicieusement entourés.

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