Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chère Gwen

Chère Gwen,

Je te remercie pour ta lettre. Elle m'a touchée probablement plus que je ne saurais l'exprimer mais je vais quand même essayer de te le dire parce que c'est un peu ce qu'est notre histoire pour moi : tenter de se dire, même quand ce n'est pas clair, même quand ce n'est pas beau.

Si j'y réfléchis, tu es la première personne dont l'amour inconditionnel m'ait fait penser que je ne le méritais pas. Je te regardais, je t'écoutais et je me demandais si tu ne voyais pas bien plus que ce que j'étais réellement. Un peu comme si tu avais décidé de cristalliser sur moi ton souhait de la personne que tu attendais. Pendant que moi, avec mes peurs et mes lâchetés, mon insouciance de façade, je me disais que j'étais bien laide. Ce syndrôme de l'imposteur contre lequel je tente encore souvent de lutter aujourd'hui...

A cette époque, j'avais une foultitude de copines avec qui passer les récrés, faire la foire en classe, parler des heures au téléphone, partir quelques jours en vacances...
Paradoxalement, ce fut une période très compliquée pour moi. Je me sentais investie de l'amour et des attentes de trop de monde. Tant de monde que finalement, en dehors de l'école, j'étais la plupart du temps seule. Avec en filigrane l'horrible et terriblement prétentieuse sensation de représenter un trophée pour tous. Un peu comme si les gens ne m'avaient pas aimée pour moi mais pour ce que je représentais aux yeux des autres.
Au milieu de tout ça, il y avait nous deux. Binôme, couple, duo, association... impossible de nous qualifier je crois.

Mon rôle n'a jamais vraiment été de gérer la révolution, je pouvais être directive ou un peu chef de meute mais si on regarde mes actes, j'étais surtout celle qui réconciliait les gens, qui écoutait le vilain petit canard de la classe, qui créait de la cohésion. Paradoxe, je n'étais pas une petite souris qui agit en sous-main et observe mais plutôt ce que les gens qualifient de "forte personnalité". Enfin si, j'étais une petite souris puisque peu remarquaient ou savaient toutes les micro actions que je menais pour maintenir l'équilibre du groupe. Ce que les gens voyaient, c'était la fille explosive, bavarde et enthousiaste. Sauf que je ne savais pas gérer cette forte individualité en imposant mes choix au risque de voir le groupe éclater. Je créais du compromis.

Dans cette lettre, tu parles d'un évènement très important pour nous 2. Si je me souviens très bien de sa substance, je n'avais en revanche pas la moindre idée de la discussion en elle-même. Je veux dire, matériellement, j'aurais été incapable de te décrire où, quand et en quels termes nous avions parlé de moins nous voir, ou différemment en tout cas.
Oui, avec le recul, peut-être qu'inconsciemment nous avons vécu une rupture, ce jour-là. Une rupture molle et pleine de compromis comme je sais si bien en mettre en place. La dilution entraînant théoriquement l'oubli.

C'était finalement bien plus simple de ne rien faire que de me battre contre la société. De toute façon, confusément, je sentais bien que j'allais couper les liens à courte échéance, ou plutôt que j'allais les laisser se dissoudre dans la distance qui s'installerait forcément quelques mois plus tard. Impossible de me souvenir combien de temps a pris la mise en place d'un nouvel équilibre. Je sais en revanche que le besoin viscéral de te voir n'a -lui- pas disparu. Mais je crois que j'étais trop perdue et trop lâche pour revenir vers toi.

Même après qu'on se fut éloignées l'une de l'autre, j'ai continué longtemps à t'écrire, alors que j'avais comme perdu ton adresse. Au début, je le faisais sur le papier de notre cahier et puis ensuite, dans ma tête. Combien de lettres ai-je commencées sans les finir ? Je t'ai raconté tant de choses toutes ces années que je suis parfois étonnée de devoir te (re)dire certains épisodes de ma vie. Parce que même si tu n'étais pas là, tu y étais au fond.

Désormais, tu es là. Pas tous les jours, épisodiquement mais là quand même. Pour l'instant, je me demande si nous devons rattrapper le temps ou si se contenter de la magie du naturel de nos retrouvailles permettra de construire cette nouvelle partie d'histoire. En attendant d'avoir le temps d'y penser sereinement, je profite de ce que nous avons. Et c'est bien.



A très vite,

Gwen

PS : Mais quand même, pour toujours, certains moments, choses, musiques, lieux me feront toujours penser à toi.




Madonna - Dear Jessie
envoyé par foxysoul. - Regardez d'autres vidéos de musique.


Les commentaires sont fermés.