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Saint Pierre libéré

Depuis 24 heures, je vis sourire aux lèvres, le manque de sommeil et le mal aux pieds ne peuvent pas diminuer la joie qui a pris corps à la seconde où on s'est retrouvé dans le hall de l'aéroport. 

Rome.


Beaucoup beaucoup à dire mais je vais me concentrer sur ma visite du musée du Vatican. 

Énormément de monde attend pour acheter ses billets, heureusement, nous avions eu l'illumination de réserver à l'avance. On a remonté les 500 mètres de queue en sautillant et souriant comme des enfants qui auraient fait une bonne blague.
Bien entendu, une fois dedans, on n'était pas non plus en condition pour une visite intimiste alors sans scrupule, on sautait les salles qui nous plaisaient moins en slalomant autour des groupes guidés. Au départ, le but avoué était le fameux plafond de la chapelle sixtine. Mais au fil des salles, on est obligé de rester parfois bouche bée devant la qualité des oeuvres, leur nombre, leur richesse. On se penche aussi derrière un rideau pour entrapercevoir la fontaine du jardin caché ou prendre une photo du dôme de saint Pierre au loin. 

Même bousculée, je m'arrête devant certains tableaux ou je gêne les autres parce que je tente de voir et de photographier un détail qui me touche plus que le reste. Ce que je croyais au départ être une sorte de visite forcée se révèle en fait un amoncellement de paillettes de bonheur. 

Et puis soudain je m'arrête dans une salle dont un mur entier est en travaux. Les gens y passent rapidement, jettent un oeil et se découragent devant l'aspect fouillis. Mais moi, je suis envahie par ce que je vois. 

C'est très sombre, d'un noir profond qui me donne l'impression d'être aspirée dans le mur qui me fait face. Un cachot où se trouve Saint Pierre.
Et puis dans la même seconde ou quasi, il y a cette chaleur douce et dorée, cet espoir qui est jeté à mon visage. Un ange est venu délivrer l'homme de sa prison. 

J'aimerais être seule avec cette oeuvre. Pouvoir m'asseoir par terre et me laisser aspirer par les couleurs. Au départ, je ne comprends pas réellement ce qu'il se passe dans le tableau puisque je ne connais pas son nom. Je ressens juste un mélange de résignation et de magie. 

Dans ce cachot sombre, on voit briller l'ange, les reflets des armes. Des multitudes de petits points de lumière, pas comme si de la peinture jaune et blanche avait été apposée sur l'oeuvre, comme si une vive lumière venait de l'intérieur de la scène. Comme si j'assistais à tout ça derrière une fenêtre. Je sens presque son reflet sur mon visage. 

Dans mon souvenir, les couleurs sont peu nombreuses, des nuances de noir et de rouge-doré mais chacune a sa force, le noir de l'ombre n'a pas la même texture que celui du cachot. J'ai l'impression qu'en tendant la main, je pourrais toucher l'étoffe du manteau de l'ange, je sentirais sous les doigts la crasse sur le bois du lit sur lequel le prisonnier a dû s'appuyer. 

J'ai eu envie de le prendre en photo. Pas parce que je suis une artiste -je n'allais jamais réussir à en rendre la magie- mais parce que je voulais avoir toujours un souvenir de ce moment qui a mis à contribution bien plus que ma vue. Et je n'ai pas réussi à rendre l'émotion, alors j'ai acheté une grande carte postale, et je l'ai accrochée près de mon lit.

liberation.jpg

 

Commentaires

  • Merci pour ce beau partage d'émotion....j'ai envie moi aussi d'aller à Rome maintenant....forcément!! :)

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