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Up and down ... And up !

Je souris niaisement sur le quai, j'ai les larmes aux yeux parce que je sais, je SAIS que je suis à ma place. Là. Tout de suite. Je suis au bon endroit, je vais dans la bonne direction.

Et je le note immédiatement dans mon téléphone, pour pouvoir me souvenir, dans une semaine, dans un mois, de ce sentiment de plénitude et de sens à ma vie. Je sais déjà que je fais bien de le noter, parce que après tout ce temps passé à me fréquenter, je commence à me connaître. La trouille va me rattraper.

Oui, la trouille, celle qui ne me quitte que très brièvement depuis des années désormais : celle de ne jamais appartenir à aucun endroit, à aucun groupe, à aucun projet.

Je me sens en transit de tout, partout, de tous. Comme si je ne pouvais rien inscrire dans la durée de moi dans la durée. Cette sensation est probablement liée au fait que je parcellise presque tout, pour n'user personne. Comme une femme de l'ancien temps, j'ai l'impression que la seule personne à qui l'on puisse imposer l'intégralité de ce que l'on est est celui ou celle qui partage sa vie, parce que c'est réciproque.
Mais aussi parce que j'ai envie de ne pas étaler aux quatre vents ce que je suis, ce que je vis. J'en ai encore fait l'expérience il y a peu, raconter de moi aux gens, c'est prendre le risque d'être interrogée par des potes sur des détails de ma vie que je croyais confinés dans un cercle de proches. Erreur. Pile au moment où je me débarrassais de mes habitudes de psychopathe du secret.

Cette sensation est aussi accrochée à la pression sociale dont je suis incapable de me détacher. Attention, on ne me harcèle pas chaque jour ! Mais inconsciemment, j'ai fait miens les étonnements de ceux qui me regardent investir ma vie professionnelle alors que l'horloge biologique fait un raffut insupportable, j'ai intériorisé les questionnements sur mes palpitations amoureuses poches du néant -je me regarde claquer au nez des portes dès que je les vois qui s'entrouvrent à peine voire même rester ignorante des fenêtres béantes sur les désirs de l'autre, je prends au vol les remarques sur mes tenues inadaptées à mon âge et mon métier.

Je fais bonne figure, je souris, je fais comme si.

Je suis tout sauf grise, tout sauf tiède, tout sauf indifférente.
Je hurle parfois d'amour à l'intérieur, je casse de stylos de colère sur mon bureau, je sanglote de peine quand mes proches souffrent.

Ma vie est tout sauf linéaire, tout sauf tiède, tout sauf vide.
Je vibre d'un rien, je donne rendez-vous à des inconnus en terre inconnue, j'apprends des milliards de nouvelles choses chaque année.

Au fond, je suis à ma place. Aucune des vies qui m'entourent ne se ressemblent, pourquoi la mienne devrait-elle ressembler au schéma que ma famille avait imaginé pour moi ?
Pour aucune raison si je me débarrasse de ces réflexes et de ces rêves qui ne sont pas miens.

Je ne suis pas propriétaire.
Je suis souvent insupportable de mauvaise humeur et de mauvaise foi.
Je ne fais pas d'économies, je claque tout en billets d'avion.
Je n'ai pas de famille telle que le code civil l'envisage.
J'écoute la même musique que les ado.
Je suis beaucoup trop investie au boulot pour le bien de ma santé physique et mentale.
Je suis incapable de trouver un week-end dispo moins de 3 mois à l'avance.

Sauf que ça me convient, en fait.

Alors ce soir, quand je suis sortie du métro après à peine 2 des 30 stations de métro qui jalonnent mon retour pour mieux exorciser mon stress et ma peur dans la marche et les larmes, j'ai ouvert la note dans mon téléphone et j'ai relu mon premier paragraphe, pour me souvenir de ce jour de parfaite harmonie. Et immédiatement ou presque, ça allait mieux dans mon cerveau.

Ensuite j'ai envoyé un SMS, parce que je voulais qu'on me serre dans les bras. Les mots c'est sympa, les humains c'est tellement, tellement mieux.

Commentaires

  • C'est beau quand t'écris. Quel long, long, long cheminement pour arriver à cette sérénité, si fugace et tellement intense ! Pourvu que ça dure !

  • oui
    pourvu
    pour le moment, ça part pas, même quand je stresse.

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