Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bons (ba)isers d'ici - Page 2

  • Nous faisons escale à Londres

     

    A foggy day, in London town
    Had me low, had me down


    Grâce à ma culture familiale, je suis très curieuse d'ailleurs. Mais lui était plus casanier. Les idées de vacances, les invitations, les week-ends, c'était plutôt moi qui en étais l'instigatrice. Il était la plupart du temps d'accord bien sûr, mais pas non plus hyper enthousiaste. Sauf pour Londres.

     

     

    Depuis toujours, la culture anglo-saxonne me fascine. Avec le tunnel sous la manche, fastoche d'y aller ! Il est super partant.GO ! Pour la 1ère fois, il y a un souhait commun et on l'organise ensemble. Il est au chômage, je suis intérimaire, on s'en fout. On fait les choses en grand et tant pis. Premier voyage d'adultes. On est sur un petit nuage par anticipation et c'est bon.

    Coup de foudre immédiat et réciproque et partagé pour cette ville. Du coup, très snobement, Londres va presque devenir notre résidence secondaire. Le seul endroit où je n'aurai jamais besoin de lutter ni de batailler pour aller. Parfois même ce sera lui qui lancera l'idée d'aller y passer une journée impromptue. On y a va minimum 2 fois par an. C'est notre ville.

    Notre histoire est intimement liée à Londres. Au point qu'une des premières choses qu'il me jette à la figure lorsque nous nous croisons après la rupture, c'est "Moi, je suis allé à Londres le mois dernier. C'était vraiment génial, comme d'habitude." Et moi, paralysée que j'étais sur mes peurs de l'après, je me suis demandée si je serais en mesure un jour d'y retourner.

     

    2543397658_fdaccc2f48.jpg

    L'occasion s'est matérialisée par un vieux projet qui devait se concrétiser justement à Londres : un week-end entre soeurs. Tout était pareil mais différent : Londres, mais pas à l'hotel, chez une amie. Londres, dans un quartier que je ne connaissais pas. Londres, avec mes soeurs et pas mon compagnon. Londres, mais pas à Waterloo, à Saint Pancras. Londres, en train toute seule pendant que mes soeurs arrivaient en avion.
    Mais Londres de mon coeur, toujours.

    Et puis il y a eu Londres chez les cousins d'une copine, avec la découverte de Londres à travers ses yeux puisqu'elle ne connaissait pas très bien. Et la session de shopping ou de musées.
    Mais Londres de mon coeur, toujours.

    Et enfin, Londres des habituées, avec ma copine en voyage professionnel. La marche, seule dans les rues si connues en attendant son arrivée. La bière dans un pub choisi par un londonien, le Milenium Bridge encore et toujours.
    Mais Londres de mon coeur, toujours.

    Désormais, surtout, Londres c'est l'arrivée et le départ seule à la gare de Saint Pancras. L'eurostar et le tunnel sous la manche en solo. Je n'y suis jamais seule mais j'y rejoins chaque fois quelqu'un, alors le sas du voyage se fait avec moi pour seule compagnie. Ca donne une drôle de dimension à ces voyages, comme des parenthèses hors de ma vie.
    Prochaine étape, l'eurostar accompagnée ?

    And through foggy London town,
    The sun was shining everywhere

     

  • Nous allons faire escale dans votre nouvelle maison

    C'est pas tout ça mais il nous faudrait une maison, non ? Il était inutile de se cacher la tête dans un sac, aussi patients et généreux mes hôtes fussent-ils, il allait falloir que je me décide à chercher MON chez moi.Un endroit que j'aurais choisi, qui me donne envie de rentrer après la journée de boulot et où, potentiellement, je devais être en capable de passer des heures seule à regarder le temps qui passe sans tomber dans la dépression. Mon quotidien à l'époque était quand même très vide de la présence des autres. C'était encore une grosse phase "je suis trop une méchante je mérite d'être seule seule seule"


    De toute façon, j'avais bien trop peur des questions que me poseraient les gens si je les croisais. Alors surtout, je ne prenais contact avec personne.

    J'ai laissé trainer cette recherche d'appart. Téléphoné, visité des trucs absolument horribles. Rien ne me faisait envie. Et puis j'ai décidé de changer d'arrondissement : pourquoi rester là où nous avions vécu alors que Paris est immense ? Sur un coup de tête, j'ai pris le premier studio salubre et dans mon budget que j'aie trouvé. Je me suis retrouvée avec une cuisine entièrement équipée (j'ai pu garder l'électroménager) et une pièce à vivre intégralement vide.

    Au départ, j'ai campé. Littéralement. Dodo sur un matelas gonflable, éclairage à la bougie pour cause d'EDF déficient, douche à l'eau froide parce que pas d'électricité égale pas d'eau chaude. La sensation de n'être que de passage allait en grandissant. Or, il fallait de toute urgence que je retrouve un quotidien qui m'appartienne. N'étant plus une adolescente, vivre entre 2 eaux ne pouvait pas être une solution même à moyen terme. Déjà, je venais de passer d'un appartement de 3 à 1 pièce, il fallait que ça reste vivable.

    N'ayant qu'une seule pièce, il allait me falloir trouver un canapé-lit. Aussitôt, j'ai eu en tête la pensée du lit défait, ouvert en permanence, prenant toute la pièce. Des semaines pendant lesquelles j'irais du lit au frigo, au lit, à la télé, au lit, à la commode de fringues, au lit, à la salle de bain, au lit. Le canapé jamais refermé qui servirait de lit, canapé, table, bureau, planche à repasser... L'idée était déprimante d'avance. Alors j'ai fait la première folie de ma vie d'adulte indépendante : j'ai claqué un mois et demie de salaire dans un canapé-lit qui se referme facilement.

     

    paris.jpg

    J'ai pris le temps de choisir mes meubles, vécu quelques mois dans les cartons. Mais au final, l'appartement me ressemblait. Des petites touches de déco ici ou là jusqu'au bordel perpétuel dans certains coins, une fois montés les 5 étages, je fermais ma porte et je me sentais vraiment dans un cocon. Sans pour autant que j'aie perdu toute envie de voir les autres. J'adorais mon quartier, cela rendait plus facile les excursions dans le monde...

    Ma plus grande victoire (ou presque) ? En 2 ans, je peux compter sur les doigts de 2 mains le nombre de fois où j'ai laissé le canapé ouvert.

  • Nous venons d'atterrir à Lille

    Lille est le plus joli cadeau qu'il m'ait fait. Dit comme ça, ça peut paraître un peu bizarre mais je crois que c'est celui qui m'a le plus touchée. Ce fut également le dernier même si à ce moment-là nous n'en savions rien.

     

    2941936781_a5918f2c0d.jpg


    Niveau cadeaux, il n'était pas toujours inspiré. Du coup, d'habitude, je passais les semaines qui précédaient les anniversaires ou Noël à lui souffler des idées de cadeau. Je ne faisais pas toujours dans la mesure, je faisais parfois directement une liste façon lettre au Père Noël. Parce que sinon, il tombait souvent à côté. Mais là, j'étais juste soufflée d'émotion : une journée à Lille, ville que je ne connaissais pas du tout. Ce n'est pas tant le fait que j'adore visiter des endroits nouveaux mais surtout le fait que pour une fois, il m'avait fait une surprise.


    Il avait mis de lui dans ce cadeau, il avait tenu sa langue alors que garder les secrets ne lui était pas facile. On est parti par une jolie journée ensoleillée de fin d'hiver. Un froid un peu doux pour une journée balade la main dans la main. Tout était très bien organisé, jusqu'au déjeuner du midi et à la pause goûter, il avait potassé le sujet. J'ai aimé Lille instantanément. J'en garde des souvenirs très doux, complices. Une vraie journée parenthèse lors de laquelle on a ri, fait des plans sur la comète, marché des heures dans les rues, qui s'est finie par un thé en terrasse, enveloppée d'un plaid, à la lumière d'une bougie.


    Quelques temps après ma séparation, mon amie s'y est installée. Evidemment, cette ville allait donc faire partie de ma nouvelle vie aussi. Mais y retourner m'angoissait un peu. C'était un des derniers moments de grâce de notre couple, alors me confronter à ces souvenirs était très stressant.
    La première fois, ça ne s'est pas super bien passé. Des chouettes moments entre amis bien sûr, mais aussi plein de petits coups au coeur chaque fois que je passais par un lieu que je reconnaissais. J'avais l'impression de tomber dans un concentré de nostalgie et j'en ai été déstabilisée sur le moment, comme une sorte de retour en arrière en même temps qu'une mise en abîme me serinant ce que ma vie aurait pu être si j'étais restée en couple. J'ai été malade tout le week-end. Alors que je commençais à être bien en accord avec ma décision, à ne plus être prise de doutes sur la cohérence de cette séparation avec mon souhait de vie, je me retrouvai soudainement un an en arrière, au moment où mes certitudes jouaient aux montagnes russes.


    J'y suis retournée plusieurs fois, j'ai créé des souvenirs juste à moi. Je vais y voir mon amie, on y a pris des habitudes, j'ai investi de nouveaux quartiers en plus de ceux de ma journée de découverte. Et voila que j'ai désormais réussi à lier cette ville à mon présent et mon avenir plutôt qu'à mon passé. Je continue à chérir ce dernier joli cadeau qu'il m'ait fait, parce que c'était le dernier et parce que c'était un vrai présent pensé pour moi, juste pour moi. Mais je peux le faire sereinement parce que le cadeau est désormais déconnecté du lieu lui-même.

     

  • Mesdames et messieurs, nous sommes seuls, suspendus au milieu des airs



    Probablement que la chose qui me faisait le plus peur, c'est la solitude. Ce n'était pas un sentiment très clairement défini au départ, je sentais juste confusément que certaines choses non dites étaient dans la balance allant à l'encontre de la séparation, quand j'ai pris ma décision de partir. L'angoisse d'être seule était parmi les choses dans la liste des "contre" mais je ne m'en rendais pas compte alors.

    Parce qu'en fait, et c'est une sorte de paradoxe, la solitude était aussi et surtout un des arguments majeurs de la liste des "pour".

    Pour comprendre, il faut savoir que mon amoureux et moi étions des quasi-siamois. Il n'y avait pas d'activités que nous fassions séparément. Le nombre d'heures passées loin de l'autre ? Celles nécessaires à une journée de travail. De plus, je ne me séparais pas parce qu'un autre m'attendait. J'avais juste décidé de m'émanciper. Alors bien sûr, au départ, l'évocation des dizaines, centaines, milliers d'heures toute seule me rendait presque euphorique. En tout cas, consciemment.

    Soyons honnête, en réalité, une fois partie, toutes ces heures m'angoissaient très légèrement. Je m'imaginais au bout de 6 mois, toute sclérosée, n'ayant vu personne d'autre que mes collègues et les gens partageant les transports en commun. Il me fallait de toute urgence réapprivoiser la solitude.

    Alors j'ai tenté de faire plein de trucs, toute seule.
    J'ai tenté le resto, les musées, le cinéma, les balades, le shopping, les piques-niques, le café en terrasse, les journées sans croiser personne à lire ou traîner dans la maison. Il y a des choses qui ne sont pas passées du tout, déprimantes voire angoissantes. Mais j'ai complètement adoré prendre le temps d'être avec moi et retrouver mes sensations "d'avant". Finalement, j'ai toujours été aussi solitaire que je peux être sociable. Des heures entières de mon adolescence n'ont été rien d'autre que du temps passé à lire toute seule dans ma chambre. Les gens qui comptent le plus sont généralement ceux avec qui le silence est une composante riche et non vide de notre relation.

    Il me semble que j'ai durablement pris goût à la solitude. Mais si, aujourd'hui, j'ai pris un peu de recul sur ce besoin d'être parfois seule, à l'époque il fut surtout un moyen de me punir un peu plus. Coupée du reste du monde, je ne voyais plus personne, n'appelais plus personne, passais mon temps seule chaque fois que c'était possible.
    Comme une liberté nouvelle mais aussi comme une punition. Je ne méritais plus de partager mes sensations. Ca a duré 3 longs mois, tous ceux des beaux jours qui reviennent...