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Bons (ba)isers d'ici - Page 3

  • Nous sommes de passage par Noël

    Noël a toujours été un moment de l'année important. Aucun temps mort dans cet amour de cette fête, même quand j'étais une ado en pleine crise de pseudo rebellitude, j'étais ravie de voir arriver la période des cadeaux, du sapin qui clignote, des repas sans fin hypercaloriques et de disputes familiales. Adulte, l'idée de rentrer chez mes parents pour partager mes vacances avec eux était aussi une source de joie. Jamais je ne poserais la semaine du nouvel an, je veux être avec eux pour Noël.

     

    Le fait que j'aime faire des cadeaux n'est évidemment pas étranger à cet amour de Noël. C'est souvent drôle même si un peu stressant aussi, de chercher la bonne idée, le petit truc en plus qui fera de ce noël un noël différent.
    Autre petit bonheur, faire le sapin. En partant, je crois que la question ne s'est pas posée, j'ai pris les décorations de Noël.

    La première année, je crois que sans ma sœur, je n'aurais pas acheté de sapin. Ca ne paraît probablement rien pour certains mais quand on me connaît un peu, on sait que c'est anormal. Elle est venue passer quelques jours à la maison et elle a acheté l'arbre avec moi, m'a fabriqué une de ces couronnes de porte dont elle a le secret. Chaque soir quand je rentrais, je voyais la couronne sur ma porte d'entrée et je me souvenais que c'était censé être un de mes moments préférés de l'année.
    Il me semble aussi que je me suis totalement  déchargée sur elle de la gestion des cadeaux. J'ai juste donné de moi financièrement. Pour le reste, 2 ou 3 conversations téléphoniques d'organisation et c'est tout.

    Parce que ce Noël là, tout était vain. Vide. Bancal. Je ne me suis pas sentie à ma place, tellement concernée. Personne pour courir les boutiques avec moi et organiser les cadeaux, à table, il n'était pas là à côté de moi pour rigoler à demi-mot, le 25 je suis restée dans ma famille, pas de crevettes ni de cérémonie de remise des cadeaux dans la belle-famille.

    Pas violemment, plutôt silencieusement pas concernée. Je n'ai même pas vraiment pris de vacances, je suis repartie le 25 au soir par le train de nuit pour bosser le 26 au matin, façon « courage fuyons ce moment... »

    Alors quel plaisir l'année suivante, de sentir frémir mes zygomatiques en écoutant les bêtises de l'organisation du réveillon, je me suis battue avec mes collègues pour pouvoir passer toute une semaine avec ma famille, j'ai choisi avec soin les cadeaux, j'ai participé à la préparation du dîner.

    Tout d'un coup, j'avais repris ma place autour de la table familiale et retrouvé mon enthousiasme pour Noël : un joli sapin et de toutes nouvelles décorations (rien qu'à moi en plus de celles « à nous ») suspendues, des heures le nez dans le froid à marcher dans les rues éclairées par les illuminations de saison, des cadeaux concertés et d'autres pas, du bon vin pour accompagner la dinde aux marrons...
    Le matin encore endormie, des sablés de noël maison trempés dans le thé du petit déj, sous le plaid pour faire la sieste devant la cheminée, les batailles de boules de neige quand il y en a, s'époumoner sur les chants de Noël dans les rues à minuit pile, la balade dans les Pyrénées espagnoles...

    Noël est à moi, désormais. Je serai bien entendu ravie de faire partager mon noël à un autre mais ce moment est mien. Toutes les petites choses qui me ravissent sont tout à fait enthousiasmantes, y compris pour moi seule. Il y aura toujours quelqu'un à côté de moi à table pour le réveillon, j'aurai toujours des gens à gâter, mon sapin n'est pas le plus harmonieux mais il porte les souvenirs de toute ma vie d'adulte, je peux créer des noëls en plus de celui dans ma famille. Je suis repassée par Noël.

     

     

  • Nous sommes de retour en famille

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    Mais comme il m'était difficile de revoir ma famille ou même de les appeler. Il m'avait été impossible de les prévenir de mon intention puisque je n'avais pas du tout réussi à le faire avec le 1er intéressé. Du coup, pour tout le monde où presque, il a s'agit d'une sorte de coup de tonnerre en plein milieu d'un moment de calme. J'avais l'impression que personne ne comprendrait ma décision.

    Et dans les faits, ce fut un peu vrai. Je ne savais pas comment leur parler ni quoi leur raconter. Comment explique t-on à ses parents que notre vie jusque-là si rangée va désormais ressembler au chaos pour aucune autre raison que le souhait d'avoir envie de se sentir aimée et vivante ?

    Je me sentais si capricieuse. Annoncer que l'on met fin à une si longue histoire sans événement déclencheur fort est très compliqué. Non, je ne pars pas pour un autre. Non, je ne l'ai pas trouvé dans les bras d'une autre. Non, ce n'est pas un horrible monstre. Juste, c'est fini. Inconsciemment, j'avais l'impression qu'une rupture qui ne soit pas motivée par un grand problème insoluble et violent n'était rien d'autre qu'un caprice de petite fille gâtée.

    Du coup, je n'osais pas affronter ma famille. Alors que je ne crois pas qu'ils étaient déçus ni en colère. Plutôt inquiets peut-être.

    En temps normal, j'allais les voir assez souvent. Là, j'ai repoussé pendant des mois le moment de retourner chez eux. Jusqu'à avoir une vraie obligation de le faire. Et ce fut plus facile que je l'avais craint.

    Quand je suis arrivée, je n'ai pas été assaillie aussitôt du vide la présence de l'autre : Les derniers temps, j'étais revenue plusieurs fois seule, recréant certaines habitudes solitaires, celles d'avant mon départ pour la vie à deux loin d'eux. En fait, je suis instantanément redevenue étudiante : la fille insouciante et sans grand projet qui se contente de regarder la vie couler en ne prévoyant rien d'autre que d'additionner des jours. Un peu plus a cran que d'habitude, rien de plus.

    Alors que pas du tout. Au fond, j'étais très différente, j'avais très envie de dire ce qui me gênait dans notre mode de vie, de tout envoyer valser y compris dans ce morceau de vie là. Et j'ai eu du mal à me contenir vraiment. J'ai la sensation d'avoir été vraiment dans la révolution permanente les premiers temps. Chaque détail qui ne me convenait pas parfaitement devait être remis en question.

    A quoi je sais que mes parents se faisaient du souci ? Je n'avais à garer aucun reproche sur mon comportement, je ne recevais pas de message subliminal de ma mère sur mon avenir, je pouvais râler tout mon saoul sans que l'on ne m'envoie bouler dans un coin. Un peu comme un malade dont on craint la rechute et qu'on traite avec des égards inhabituels. Mais ça s'est tassé petit à petit, et j'ai pu recommencer à considérer cet endroit comme un lieu où j'étais chez moi et où je pouvais juste être ce que je souhaitais. Et puis je suis redevenue un élément de la famille avec lequel on ne prend plus de pincettes. Je profite à nouveau des délicieux "De toute façon, j'ai bien compris que je ne serai jamais grand-mère" de ma chère maman... *soupir mais sourire*

     

    Vers le début du voyage :

    A la maison

    En Bretagne

    La rupture

    La décision

    Le malaise

  • Nous faisons escale à "la maison"


    alamaison
    Partie un peu la tête dans les nuages, sans trop savoir ce que serait demain, je n'avais pris qu'un petit sac de voyage. Une semaine de fringues, 2 ou 3 livres, quelques affaires de toilette.
    Evidemment, très vite, j'ai su que ça ne suffirait pas. De toute façon, aussi inconscient soit-on les premiers jours, on se doute bien au fond que ça ne pourra pas être juste une fuite. Il allait falloir retourner à la maison, chez moi. Même si la simple idée de retourner là-bas me donnait mal au ventre.

    Cet endroit qui avait été mon refuge, mon cocon pendant des années était désormais source d'angoisses horribles. Il allait falloir réenvisager les lieux. Voire cesser de les envisager.

    Au bout d'une semaine, il me manquait plein de choses, laissées dans la précipitation. J'y suis donc retournée pour prendre des affaires. Je me croyais à l'abri puisque c'était pendant qu'il bossait. Mais il m'a rejointe. Sensation étrange que celle de faire ses valises sous le regard de celui qu'on quitte. C'était comme si je le quittais pour la 2ème fois. Je suis repartie, une partie de mes affaires sous le bras, vers mon cocon du moment. Avec au fond de ma conscience, quelque part, cette évidence qui ne voulait pas complètement me laisser en paix : chez moi serait désormais ailleurs.

    Aussitôt pensé, aussitôt fait : l'étape suivante a été l'envoi du préavis pour laisser définitivement l'appartement. Avant le déménagement toutefois, je suis retournée y dormir. Seule. Je retournais dans un appart' rempli de nous mais vide de lui. Pour 5 jours. Ce soir-là, je suis partie du boulot aussi tard que cela m'a été possible. J'ai retardé le moment d'affronter ce que j'avais presque fui quelques semaines plus tôt. La soirée était bien commencée quand j'ai fait le code en bas de l'immeuble. J'avais le coeur gros, au sens littéral de l'expression, cette impression qu'il était trop grand pour ma poitrine. Je soupirai fort pour évacuer la vague de tristesse qui menaçait de m'engloutir. J'avais mal aux joues à trop vouloir empêcher le chagrin de mettre en eaux mes yeux puis mes joues.

    La dernière escale a été celle de revenir le jour de l'état des lieux. Dire au revoir pour toujours à chez "nous". Vide et résonnant comme au jour de notre installation officielle ensemble.
    On était là tous les 2, gauches et tristes. Comme 2 inconnus qui ne savent pas comment gérer la présence de l'autre. On a donné nos clefs au proprio, on est descendu sur le trottoir. On s'est fait la bise. On est parti chacun vers nos vies dont on ne se disait plus rien. Vers mon "chez moi" que je n'arrivais pas encore à investir.

    Heureusement pour moi, je n'étais pas seule. Malheureusement pour moi, j'étais avec celle qui était avec nous pour emménager : comme un grand cercle qui se ferme, certes... mais aussi comme un retour au point de départ.

    Et ce grand trou dans l'estomac dont je ne savais plus si c'était la peur, la joie, l'excitation, la peine.

     

  • Nous venons de commencer la descente, merci de rattacher votre ceinture

     

    OK.
    Je suis partie et ensuite ?
    Ensuite, je suis incapable de retourner d'où je suis partie.
    Je dois continuer ma nouvelle route. Aller de l'avant.
    J'assume.

    A mort.

    En fait non bien sûr. Et gérer le regard des autres est au-dessus de mes forces. Prise entre deux feux, incapable de plus faire aucun projet, je me demandais quoi faire après... où aller ensuite... Je ne me sentais pas la force de revoir mon ancienne vie, il me fallait de la nouveauté. Pas seulement pour me prouver que j'étais partie pour quelque chose mais aussi et surtout parce que je n'osais pas affronter tout ce à quoi je venais de renoncer. Pas la force de me retourner ni envie de me poser les questions qui vont immanquablement m'assaillir si je regarde en arrière et encore moins de laisser la place à quelque doute que ce soit.

    J'évitais soigneusement de rentrer chez moi ou de me mettre dans quelque situation qui puisse me rappeler l'avant. Puisque j'ai la trouille, je vais aller découvrir des lieux inconnus. Nouveaux. Ne représentant pas de souvenir commun. Qui n'appartiendront qu'à moi.

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    Je commence par la Bretagne. Sur un coup de tête, j'accepte une invitation d'une inconnue à aller profiter du festival étonnants voyageurs à Saint-Malo. Cette invitation a le double avantage de me permettre de me commencer à me réapproprier le bookcrossing et de me plonger dans un univers inconnu. La Bretagne pour moi, c'était la douce de l'Ouest, les fées, les côtés découpées, les embruns, les vacances dont je rêvais quand j'étais petite et que j'étais forcée d'aller voir ma grand-mère en Italie.

    J'ai passé un moment inoubliable. Aussitôt arrivée j'ai plongé mes pieds dans l'eau. Profitant de la tranquillité de l'instant, j'ai arpenté les allées du festival dans le papotis naturel dont nous sommes capables, cette quasi-inconnue et moi. Elle m'a offert un mini-guide que je garde précieusement. comme un symbôle. J'ai aussi vu les fossettes de mon amie. Et surtout, j'ai rencontré 2 merveilleuses personnes. Que j'ai aimées instantanément. Avec qui je me sens libre de me taire, de dormir dans la voiture, de me marrer de leurs blagues, de me servir du thé dans leurs placards. Des gens précieux qui m'ont accueillie par tous les temps depuis et qui m'ont fait aimer la Bretagne comme une sorte de maison secondaire, de famille-amie.

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    La Bretagne désormais, c'est tout ce que c'était avant bien sûr. Mais c'est aussi les moules de Cancale, les routes de campagne à l'arrière de la voiture, le soleil couchant sur les marais salants, les fleurs sur la table de nuit, le caramel au beurre salé, la tenue bretonne des parisiens, les mystères des siècles passés racontés avec passion, les calembours, l'odeur de la mer, les pieds dans l'eau en février...

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    La Bretagne est un peu comme ma nouvelle vie au fond. Quand on regarde par la fenêtre et qu'on voit les nuages qui menacent, on a l'impression que ça va être une journée toute bien pourrie et foutue. Mais en fait, elle réserve de nombreuses surprises. Le soleil peut apparaître à tout moment. C'est changeant, chaotique mais délicieusement surprenant. Fait d'émotions fortes, de claques et puis aussi de douceur, de moments doudous et de rêveries induites par les mystères du passé enfoui ressurgissant à tout moment au coin d'une promenade. C'est la campagne de mon enfance et la mer que j'aime profondément. C'est vous deux que j'aime si fort même si je ne le dis jamais. C'est toi aussi même si on te retrouvera dans un autre billet.