Partie un peu la tête dans les nuages, sans trop savoir ce que serait demain, je n'avais pris qu'un petit sac de voyage. Une semaine de fringues, 2 ou 3 livres, quelques affaires de toilette.
Evidemment, très vite, j'ai su que ça ne suffirait pas. De toute façon, aussi inconscient soit-on les premiers jours, on se doute bien au fond que ça ne pourra pas être juste une fuite. Il allait falloir retourner à la maison, chez moi. Même si la simple idée de retourner là-bas me donnait mal au ventre.
Cet endroit qui avait été mon refuge, mon cocon pendant des années était désormais source d'angoisses horribles. Il allait falloir réenvisager les lieux. Voire cesser de les envisager.
Au bout d'une semaine, il me manquait plein de choses, laissées dans la précipitation. J'y suis donc retournée pour prendre des affaires. Je me croyais à l'abri puisque c'était pendant qu'il bossait. Mais il m'a rejointe. Sensation étrange que celle de faire ses valises sous le regard de celui qu'on quitte. C'était comme si je le quittais pour la 2ème fois. Je suis repartie, une partie de mes affaires sous le bras, vers mon cocon du moment. Avec au fond de ma conscience, quelque part, cette évidence qui ne voulait pas complètement me laisser en paix : chez moi serait désormais ailleurs.
Aussitôt pensé, aussitôt fait : l'étape suivante a été l'envoi du préavis pour laisser définitivement l'appartement. Avant le déménagement toutefois, je suis retournée y dormir. Seule. Je retournais dans un appart' rempli de nous mais vide de lui. Pour 5 jours. Ce soir-là, je suis partie du boulot aussi tard que cela m'a été possible. J'ai retardé le moment d'affronter ce que j'avais presque fui quelques semaines plus tôt. La soirée était bien commencée quand j'ai fait le code en bas de l'immeuble. J'avais le coeur gros, au sens littéral de l'expression, cette impression qu'il était trop grand pour ma poitrine. Je soupirai fort pour évacuer la vague de tristesse qui menaçait de m'engloutir. J'avais mal aux joues à trop vouloir empêcher le chagrin de mettre en eaux mes yeux puis mes joues.
La dernière escale a été celle de revenir le jour de l'état des lieux. Dire au revoir pour toujours à chez "nous". Vide et résonnant comme au jour de notre installation officielle ensemble.
On était là tous les 2, gauches et tristes. Comme 2 inconnus qui ne savent pas comment gérer la présence de l'autre. On a donné nos clefs au proprio, on est descendu sur le trottoir. On s'est fait la bise. On est parti chacun vers nos vies dont on ne se disait plus rien. Vers mon "chez moi" que je n'arrivais pas encore à investir.
Heureusement pour moi, je n'étais pas seule. Malheureusement pour moi, j'étais avec celle qui était avec nous pour emménager : comme un grand cercle qui se ferme, certes... mais aussi comme un retour au point de départ.
Et ce grand trou dans l'estomac dont je ne savais plus si c'était la peur, la joie, l'excitation, la peine.
Commentaires
I know... Ca fait du bien de le voir raconté... Tous ces moments où on s'est sentie si perdue dans ce lieu qui était notre chez soi quelques temps avant... Mais c'était pour le meilleur Ba! Bises
C'est très dur aussi d'être celui qui part. Contente que tu le dises.
J'ai été celle qui partait et je n'avais pas de chez-moi si loin de la France. Au retour à Paris j'ai retrouvé un chez-nous tout vide et j'ai du y rester. Bouhhhh ! C'était au temps des hommes préhistoriques mais les mêmes sentiments nous animaient...Et j'ai toujours la larme à l'oeil malgré tout (Ba tu connais la suite ;o)).Ton récit me touche beaucoup.
Comme je lis ton blogue à l'envers, je pense que ta nouvelle disposition est conséquente de ce billet. Parfois on pense être en amour, mais ça nous tire tellement d'énergie qu,on en sort vide, épuisé.
non, moukmouk, ce billet-ci fit partie d'une série plus longue (et pas terminée) qui parle d'évènements assez vieux.
dans l'absolu oui, cette séparation a une incidence sur mon état de "découragement" actuel mais non, ce n'est pas assez frais pour que ça explique tout
:)