Mais comme il m'était difficile de revoir ma famille ou même de les appeler. Il m'avait été impossible de les prévenir de mon intention puisque je n'avais pas du tout réussi à le faire avec le 1er intéressé. Du coup, pour tout le monde où presque, il a s'agit d'une sorte de coup de tonnerre en plein milieu d'un moment de calme. J'avais l'impression que personne ne comprendrait ma décision.
Et dans les faits, ce fut un peu vrai. Je ne savais pas comment leur parler ni quoi leur raconter. Comment explique t-on à ses parents que notre vie jusque-là si rangée va désormais ressembler au chaos pour aucune autre raison que le souhait d'avoir envie de se sentir aimée et vivante ?
Je me sentais si capricieuse. Annoncer que l'on met fin à une si longue histoire sans événement déclencheur fort est très compliqué. Non, je ne pars pas pour un autre. Non, je ne l'ai pas trouvé dans les bras d'une autre. Non, ce n'est pas un horrible monstre. Juste, c'est fini. Inconsciemment, j'avais l'impression qu'une rupture qui ne soit pas motivée par un grand problème insoluble et violent n'était rien d'autre qu'un caprice de petite fille gâtée.
Du coup, je n'osais pas affronter ma famille. Alors que je ne crois pas qu'ils étaient déçus ni en colère. Plutôt inquiets peut-être.
En temps normal, j'allais les voir assez souvent. Là, j'ai repoussé pendant des mois le moment de retourner chez eux. Jusqu'à avoir une vraie obligation de le faire. Et ce fut plus facile que je l'avais craint.
Quand je suis arrivée, je n'ai pas été assaillie aussitôt du vide la présence de l'autre : Les derniers temps, j'étais revenue plusieurs fois seule, recréant certaines habitudes solitaires, celles d'avant mon départ pour la vie à deux loin d'eux. En fait, je suis instantanément redevenue étudiante : la fille insouciante et sans grand projet qui se contente de regarder la vie couler en ne prévoyant rien d'autre que d'additionner des jours. Un peu plus a cran que d'habitude, rien de plus.
Alors que pas du tout. Au fond, j'étais très différente, j'avais très envie de dire ce qui me gênait dans notre mode de vie, de tout envoyer valser y compris dans ce morceau de vie là. Et j'ai eu du mal à me contenir vraiment. J'ai la sensation d'avoir été vraiment dans la révolution permanente les premiers temps. Chaque détail qui ne me convenait pas parfaitement devait être remis en question.
A quoi je sais que mes parents se faisaient du souci ? Je n'avais à garer aucun reproche sur mon comportement, je ne recevais pas de message subliminal de ma mère sur mon avenir, je pouvais râler tout mon saoul sans que l'on ne m'envoie bouler dans un coin. Un peu comme un malade dont on craint la rechute et qu'on traite avec des égards inhabituels. Mais ça s'est tassé petit à petit, et j'ai pu recommencer à considérer cet endroit comme un lieu où j'étais chez moi et où je pouvais juste être ce que je souhaitais. Et puis je suis redevenue un élément de la famille avec lequel on ne prend plus de pincettes. Je profite à nouveau des délicieux "De toute façon, j'ai bien compris que je ne serai jamais grand-mère" de ma chère maman... *soupir mais sourire*
Vers le début du voyage :
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