Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

BOUM !

"Dis t'as entendu qu'il y avait eu un attentat à Toulouse ?"

C'est avec cette bonne blague sympatoche faite à Paris que j'ai appris, le 21 septembre vers 11h30, qu'il y avait eu une énorme explosion à Toulouse. Du genre à être entendue du centre ville jusqu'à Muret... Du genre qui a lieu 10 jours après le 11 septembre 2001...

Je me souviens de l'air limite hilare du collègue qui a eu la gentillesse de m'annoncer avec délicatesse que la ville que j'avais quittée moins d'un an auparavant, hébergeant 90% des gens que j'aimais, était en proie à des attentats... Moi, je ne me souviens pas bien de ce que fut ma réaction mais elle a dû être assez visible parce que mon chef, alors à mes côtés, a illico évacué l'importun et tenté de rationaliser...

1er appel, mon chéri de l'époque, pour savoir s'il avait des info. Puis ma famille : pas de réseau, ni fixe ni portable. Alors on se tourne vers internet qui ne dit pas encore grand chose... Et on se retrouve dans un état proche de l'hystérie, à ne rien savoir, à suivre ses collègues qui partent déjeuner.

Paradoxalement, c'est le brouillard qui recouvre cette journée. Je ne sais pas très bien quand ni comment j'ai appris ce qu'il se passait. Ni non plus à quel moment j'ai parlé à ma famille. Je sais juste que je n'ai compris le stress qui avait été le mien que le lendemain quand j'ai eu des nouvelles de ma cousine. J'avais eu tout le monde au téléphone, ma famille, ma belle-famille, mes amis, pas ma cousine.

En raccrochant, j'ai ressenti physiquement mes muscles se relâcher. Je ne crois même pas que j'avais ressenti un centième de la tension qui
m'habitait depuis le moment doù on m'avait raconté cette bonne blague... Alors la sentir quitter mes muscles m'a fait l'effet d'une faiblesse soudaine. J'ai respiré à fond et je suis repartie faire cuire mes pâtes.

Voila, c'était fini. Je pouvais respirer à nouveau normalement.

Fini ou presque.
Je dis presque parce que même si on ne nous montre pas toutes les semaines les ruines du Ground Zero toulousain, les gens ont vécu longtemps longtemps dans des maisons sans fenêtres ou dans l'attente de travaux. Et j'ai l'impression que les gens n'en ont aucune idée.

Commentaires

  • c'est vrai que si le choc a été réel, on est rarement au fait de ce qui se passe par la suite...

  • Je me souviens de mon frère, routier, passé sur l'autoroute quelques heures avant, encore tout blanc en évoquant ce qui aurait pu lui arriver.
    Mais je n'ai réalisé que début 2002 en passant à côté du site. J'en ai vraiment eu la chair de poule. retrospectivement, on en a beaucoup parlé, mais pas à la mesure de ce qu'on du vivre les habitants.

  • oui je crois que c'est ça : le voir pour le croire.
    sincèrement, aux alentours, on a longtemps eu une vision de lieu bombardé. c'était assez déstabilisant pour moi.

  • J'étais à Nîmes depuis la veille, et j'ai appris la chose quand mon père, après avoir vainement tenté de me joindre à Toulouse, a appelé à Nîmes...
    Puis j'ai passé l'hiver avec des cartons et du plastique en guise de porte-fenêtre... Pas grand chose en fait, car moi j'habitais aux Arènes, à plus de 2 km de l'explosion...
    C'est vrai qu'on ne peut se rendre compte de ce qui s'est passé ici que si on a parcouru la route d'Espagne dans les mois qui ont suivi...

  • Et dans le genre humour grave, j'ai reçu (bizarrement mais heureusement des mois après) un mail de mon beauf' envoyé ce jour-là: "Ca boum ??"

  • Nous avons effectivement vécu tout ça de loin, sans trop ce soucier de ce que vivaient au quotidien les gens sur place (ni toi à distance, ce qui devait être bien pire...)...

    N'étant pratiquement jamais sur le 20h, ni le nez dans les journaux, je ne sais pas trop comment a été traité l'événement, mais d'après ce que tu dis, c'est un peu comme d'habitude...

    ... et je suis sans voix !

  • non mais je rêve ? "ça boum" ???? sincèrement c'est limite !...

    oui, on traitait ça un peu plus côté enquête, dans les medias. Mais le quotidien des gens a été affecté super longtemps.

    en fait c'est normal qu'on n'ait pas pensé à moi après, je n'y étais pas. Mais se faire annoncer ça façon "ahahah la blague, on sait pas où ni quand mais tout a sauté à tlse..."

  • C'était le jour de ma soutenance de thèse. J'étais en train de préparer les toasts, toute fébrile, quand j'ai appris ça. On ne m'a pas parlé d'attentats, mais c'est à ça que j'ai pensé... et je me suis demandé si on n'était pas en train d'assister, tout doucement, à la fin du monde, et par conséquent, si tout cela avait un sens : ma thèse, mon pot de thèse, mon premier boulot une semaine après...
    Sinon, effectivement, je suis passée à Toulouse 6 mois plus tard pour le travail, et je n'ai rien vu, mais les gens m'ont dit que beaucoup de Toulousains avaient passé l'hiver sans fenêtres.

  • Baci merci.... moi j'ai tenu qq jours à écouter la DOULEUR des gens qui avaient leur appartement ravagé.
    On dit que le français est râleur mais ces jours là, étrangement, je n'ai jamais entendu qq un râler au téléphone quand je leur disais de prendre contact avec tel artisan pour le remplacement de leur vitres, de leur portes....On ne râle pas quand on a (a eu) peur, on vide son trop plein sur celui qui nous écoute. Et à ce moment là c'était moi, d'autres qui écoutions les dégâts matériels des toulousains, et on n'étaient pas formés pour cela, je n'ai pas "tenu" très longtemps, enceinte de qq semaines, mon médecin m'a arrêté pour surmenage. Et à Toulouse, les toulousains ont-ils été "arrêtés" pour surmenage ?

  • C'était pas tres malin de te l'annoncer comme ca. A ta place, j'aurais pas hésité. La semaine d'apres, j'aurais chopé le collegue

    "dis donc, ya Bourg en Bresse qui a explosé"
    "Arrete, tu déconnes?"
    "Ouais, c'est une blague..."

  • J'avais en charge la gestion des dossiers des sinistrés, enfin une partie parce que le plus gros était géré sur l'entité de Toulouse, mais je crois que j'ai bouclé le dernier dossier il y a 3 ans .
    A Toulouse ils en avaient 6000, mois j'en ai eu juste 700, multiplié par le nombre d'assureurs...
    Cela dit la tempête de 99 nous a fait gérer 66000 dossiers soit 2 ans de sinistres toutes catégories confondues et celle là j'étais dedans quand ça s'est passé.
    M'enfin c'est dans des cas comme ça qu'on se sent utile.

  • je suis juste sous le choc... Ta collègue est une c....e...

  • mon souhait, par cette note, c'était juste vous montrer mon 21 septembre.
    si loin mais si concernée par les évènements en cours

    merci de vos commentaires
    :)

  • très con le collègue !
    ça a du être monstrueux pour toi. Imaginer le pire...
    AZF a longtemps fait parler de lui suite à l'explosion, mais l'histoire n'est pas pour autant terminée ! Le site a laissé derrière lui des sols pollués...

  • oh là là, me dis pas que c'était moi ton collègue???

  • mon dieu mais non mon régissou !!!!

Les commentaires sont fermés.