Ce qui est mon cas donc je devrais en théorie m'abstenir. Mais bon vu que c'est moi qui écris...
L'émétophobie c'est quoi ? En très gros, c'est la peur de vomir. Oui, étymologiquement c'est précisément ça emein-phobos / vomir-peur.
C'est la peur atroce de vomir qui fait que quand ton amoureux a une gastro, tu t'enfermes dans ta chambre pour ne rien entendre. Celle qui te donne des sueurs froides à la simple idée de voyager avec un passager malade en voiture.
Etre émétophobe, c'est avoir vomi au collège la dernière fois que c'est arrivé.
C'est passer 3 jours nauséeuse en cas de gastro mais rien de plus.
C'est passer 3 jours nauséeuse en cas de gastro mais rien de plus.
C'est ignorer le concept même de crise de foie.
(C'est être un peu nauséeuse à la fin de cette note... en vrai)
C'est souffrir atrocement la fois où j'ai eu une intoxication alimentaire et que mon cerveau a refusé à mon corps la libération d'expulser l'aliment qui m'empoisonnait.
Parce qu'elle est là, la clef à mon sens : le cerveau parvient -quelle que que soit la raison, ce n'est pas mon propos ici- à prendre le pas sur un des instincts primaires de notre corps. Ca m'a fascinée longtemps, je dois le dire. Et bien arrangée puisque la seule idée de vomir me fait transpirer dans le dos...
Paradoxalement, je n'ai pour autant jamais eu de problèmes à m'occuper d'enfants malades, je ne sais pas pourquoi, ce n'est pas pareil. J'ai toujours réussi à gérer. Mais pas les adultes.
Ma hantise pendant longtemps a été d'être une femme enceinte sujette aux nausées matinales. Là, ça me hante plus tellement vu l'âge qui avance...
De même non, je n'ai jamais été saoule au point de vomir, impossible même à conceptualiser, no way.
L'émétophobie est ma dernière vraie phobie. (Celle des piqures ayant vraiment beaucoup diminué, je ne la qualifie plus comme telle.)
Pour autant, j'ai remarqué que depuis un an ou deux, elle récédait un peu : je pouvais en parler ouvertement, j'étais désormais capable d'aider un ami en difficulté, les conversations sur le sujet ne me mettaient plus si mal à l'aise. Bon, je n'étais pas pour autant tout à fait emballée à l'idée d'être malade moi-même. Je tenais bon mon "vomit free since 1988"
Et puis il y a eu mon malaise dans le train de dimanche... Des nausées très très violentes, pas de vomissement oh làlà non, mais vraiment des nausées comme j'en avais pas connu depuis très longtemps. Et la peur, la panique presque, d'être malade là, pour la première fois en 20 ans. Cette pensée fugitive qui peut paraître ridicule mais à laquelle j'ai vraiment accordé un instant : comment on vomit ? comment on fait, je veux dire ? Je ne m'en souviens plus !...
Je suis tombée dans les pommes. Tombée de toute ma hauteur. Je me suis fait bien mal et suis restée assez choquée quelques minutes. Un médecin était là, il m'a fait boire un grand verre d'eau sucrée.
Et petit à petit j'allais mieux.
J'ai pas eu de nausée mais j'ai su qu'il fallait que je me dirige vers les toilettes et que je prie pour que le dieu des émétophobes les ait laissées libres.
Et mon record de 1988 ne tient plus, je vais devoir recommencer le décompte à 2010...
Ca peut paraître bizarre, d'en faire une note, de raconter ça ici... mais avec 2 jours de recul, je me dis presque que ma dernière phobie a cédé en partie. Je me dis que c'était un événement positif. Comme un signe que je vais mieux, que je suis plus en paix avec moi.
Commentaires
félicitations ! (sincèrement)
merci
:-)
je sais que tu es sincère !
Et benh... Je me reconnais tellement dans ton récit! Je suis moi Meme émetophobe depuis une bonne vingtaine d'années (j'en ai 30) et j'avais comme toi un "record" datant de 1989...
Le fait de ne pas avoir vomi depuis si longtemps avait accentué ma phobie, je m'en étais fais tout un truc, ça me rendait malade crise s'angoisse etc... Bref, en février 2010, suite a un abus de fromage Mont Dore (pendant lequel je me suis dis "faut que je m'arrete je vais vomir!") j'ai fais une "crise de foie" (la 1ère de ma vie) et j'ai vomi 2 fois, attention c'était loin d'être agréable et j'ai pleuré comme une folle avant, pendant et Apres... Mais finalement je crois que ça m'a "guérit" en quelque sorte... Cette phobie me pourrit moins la vie, j'en suis TRES soulagée!
Par contre je suis inquiète car j'ai une cousine de 18 ans qui a développé une emetophobie et elle a l'air d'être beaucoup plus forte que la mienne, cela la handicape vraiment, elle oblige sa mère a dormir avec elle, certains jour elle ne peut pas se lever pour aller en cours tant l'angoisse la tenaille... Je ne sais pas comment l'aider, a par lui dire que pour moi ça va mieux mais elle a beaucoup de mal a en parler...
Elise
oui je suppose que partager son expérience est une bonne idée, mais je pense qu'en matière de phobie, à part un déclic personnel ou l'aide d'un professionnel, il n'y a pas grand chose à faire !