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  • Le fleuve M.

    Rencontre pas évidente. Physique. La violence climatique et le bruit incessant de l'accueil donne le la : le Mékong, le sud du Vietnam en général, ça se mérite. 

    Je pensais avoir eu chaud et moite jusque-là mais je me trompais. On nous explique qu'on a de la chance car il fait frais. Il doit faire 30 environ, on repassera pour la fraicheur ! Et la sensation de cet air qui colle à la peau, comme s'il était solide. non, velouté humide plutôt.

    J'apprends enfin ce que veut dire "avoir la peau qui brille" et je tente d'apprivoiser la sensation de mes fringues qui ne seront jamais plus sèches. Un nouveau Vietnam, moins évident alors que beaucoup plus touristique m'attend.

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    Même si elles sont moins meurtrières qu'en Thaïlande, les inondations sont là. Le long de la route et de la rivière, je regarde les maisons qui n'ont plus de rez-de-chaussée accessible. Pragmatiques, les enfants plongent depuis le premier étage pour aller barboter. Les adultes prennent leur mal en patience.

    Après deux nuits sur ce fleuve immense et imperturbable, je comprends mieux l'indolence voire la résignation des habitants du fleuve : il fait parfois plusieurs kilomètres de large, les ponts sont donc peu nombreux et ses crues sont telles qu'il envahit chaque année une partie des terres cultivées, en même temps il est l'outil du bain, de la lessive et du commerce. Il faut faire avec lui sinon il faut partir.

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    Toujours cette sensation de moiteur, de corps lourd et d'attente. L'air est rare et de toute façon, il est chaud. 

    Il y a beaucoup de monde, partout : des dizaines de bateaux se croisent, des ribambelles d'enfants sautent dans la cour d'école, le marché est grouillant de vendeurs d'acheteurs et de marchandises entassées. C'est suffocant. 

    Je suis napolitaine, je ne me sens pas agressée par ce "trop" climatique ou humain. Il me semble pourtant qu'il faut passer une épreuve.
    Les américains y ont échoué, vaincus par cette région aux habitants impassibles et tenaces, moi je n'ai pas envie de lutter, je resterai une amie en simple visite. Je n'ai pas besoin d'être adoptée, j'ai déjà gagné le Vietnam : j'ai l'odeur d'Hanoi.

  • Back to Life



    C'est drôle comme on s'illusionne vite. Je suis partie le stress au ventre, pas rassurée, pleine de ma vie de tous les jours. Mais assez vite, je me suis détachée.
    Même si je pensais tous les jours à ceux que j'aime, même s'ils m'ont manqué au point que je sms parfois à certains, même si le boulot a fait quelques incursions bien stressantes dans les vacances, j'étais loin. Pas seulement géographiquement j'entends.

    Et puis deux jours avant le retour, alors que je me remets peu à peu dans le bain, que je lis vraiment mes mails pour la première fois en quelques semaines, je m'aperçois de la profondeur de ma naïveté : à mon retour, rien n'aura changé autour de moi. Ces 3 semaines de parenthèse n'auront évidemment pas transformé mon quotidien... tout sera encore là, les dysfonctionnements ne se réparent pas d'eux-mêmes... 

    Je ne suis toujours pas une épouse mère de 4 enfants vivant dans un pavillon de province dont on respecterait le besoin de calme et la fatigue liée à son investissement émotionnel et physique dans la gestion de sa famille. 
    Non, je suis toujours cette trentenaire célibataire et sans enfant, au boulot prenant et entourée de plein d'amis. La fille disponible et souriante qui va trouver une solution puisque les gens autour ne le font pas.

    Comment espérais-je me leurrer à ce point ? la découverte d'autres cieux, d'autres gens ne change rien. Tout va redevenir comme avant. Non, pas redevenir, être resté.
    Après tout si je n'ai pas changé, pourquoi le reste l'aurait-il ?