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  • Webaci 2.0

    Dans l'ensemble, même si ma mission c'est de le cacher autant que possible, je suis timide. Et paradoxalement, l'écran qui s'interpose entre moi et les membres des réseaux sociaux ne lève pas vraiment cette caractéristique. Même si je blogue depuis 6 ans, twitte, facebooke et fais du bookcrossing de manière active deouis un long moment déjà.

    Ca donne une baci qui lit avec intérêt et attention sa timeline twitter se déchaîner, faire des blagues ou s'émouvoir... mais qui n'ose pas répondre, de peur de détonner dans la conversation. J'ai attendu près d'un an avant d'échanger avec les autres sur le forum du bookcrossing que j'allais lire consciencieusement tous les jours et j'attends des jours avant de cliquer sur "follow" sur twitter... Alors que certaines fois, je vois bien que l'ambiance n'est pas à la discussion philosophique. Mais j'ai peur...

    Ca donne une baci qui attend des semaines avant de demander à des gens qu'elle connaît pourtant plutôt bien, s'ils veulent bien l'ajouter comme amie sur Facebook. Parce que je m'inquiète de déranger des gens qui n'ont pas forcément envie alors qu'il leur suffit de refuser ma demande pour ne pas être ennuyé s'ils le choisissent...

    Par exemple, je suis associée d'une société web 2.0. J'ai un associé qui fourmille de 1000 idées à la minute, me fait rencontrer ses clients et avec qui j'ai des échanges absolument géniaux. Pourtant il me faut souvent un peu de temps avant de me lancer et lui proposer une idée de changement dans la société.

    Je suis responsable de Voldemag, un webzine collectif, avec tout ce que ça suppose de relations avec des inconnus, de gestion humaine et d'encadrement -même s'il est informel- des activités de Voldemag.

    Ca donne une baci qui répond "bien cordialement" aux attachés de presse web qui ont commencé leur courriel par "kikooo" ou qui choisit avec attention ses mots quand elle répond aux questions posées par des lecteurs qui veulent proposer un texte. Une baci qui a mal au ventre pendant presque 1 heure avant l'heure d'un rendez-vous avec des blogueurs ou des twitteurs et répond d'une petite voix "Voldemag" quand on lui demande : "et toi ton blog, c'est quoi ?"...

     

    Mais c'est tellement de bonheur aussi, la vie web 2.0

     

    Alors tant pis si j'ai des palpitations quand j'appuie sur "envoyer" mes mails demandant "j'aime bien ton billet, tu acceptes de le faire publier sur Voldemag ?" ça en vaut tellement la peine...

    Alors pour rien au monde je ne renoncerais à ces 2 projets merveilleux. J'adore être associée dans un monde que je connais peu et profiter des envies de mon associé autant que je le fais profiter des miennes.  Je suis plus que ravie d'être la boss de Voldem' parce que je surkiffe le fourmillement d'idées des conférences de rédac ou les délires complets quand on trouve un nouveau projet à investir.

    Ces deux projets même n'existent dans ma vie que parce que j'ai osé après moult hésitations, aller rencontrer les gens d'internet. Internet a emmené dans ma vie certains de mes amis les plus précieux, parce que j'ai osé interagir avec eux ici ou là, parce que j’ai fini par me dire que je devais faire le pas de leur parler dans la vie réelle.

     

    Internet m'a offert mes coloc, une libellule, mon associé, une presque épouse, ma kanoup, une fée, mon bol à oreille dans mon refuge breton, une madame lutin... et tant d'autres choses, tant d'autres gens...

     

  • Réservé

    Faut toujours être hyper attentif aux panneaux quand on voyage.

     

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  • Mille-feuilles

     

     

    Elle est fatiguée. Non lasse plutôt. Quand elle ouvre la porte de son studio, il ne reste plus du jour qu'une lumière rasante un peu dorée. C'est la fin de la journée mais grâce à sa double exposition, son grand studio reste encore plutôt lumineux.

    Claquant la porte du pied, elle fait tomber d'un même mouvement d'épaule son sac à main et son manteau, qui vont rester en tas près de la porte jusqu'à demain matin qu'elle parte bosser. Pas envie. Et mal aux pieds aussi, tiens. Elle s'en rend compte alors qu'elle se lave les mains pour enlever ses lentilles. Et elle sort de la salle de bain mi-chaussée mi-pied nu, un escarpin à la main, avec cette démarche claudiquante typique de celles qui ne portent plus qu'un seul de leurs talons.

    Soupir. Elle est pieds nus.

    La bouilloire fait son oeuvre mais elle ne l'entend pas. Elle se débarrasse de son pantalon et ouvre son chemisier. Chacun de ses gestes est lent et précautionneux, elle ne peut utiliser qu'une seule main, elle n'a désormais plus de poche où ranger son ipod, elle le tient à la main. Elle ne pouvait pas éteindre la musique, pas couper le moment.

    Il fait chaud et elle n'a pas à craindre les regards indiscrets : dans cette mégalopole grimpante, à partir de 18 heures, elle n'a plus pour vis-à-vis que des bureaux vides. Alors elle finit son effeuillage ou presque. Il ne lui reste plus que son lourd bracelet un peu trop grand et une culotte bleue marine très sage.

    En attendant que le thé infuse, elle se met à danser, très très lentement. Le regard fixé vers le dernier reflet du soleil sur le balcon d'en face, elle se sert du bord de l'évier comme d'une barre et joue les ballerines. Emportée par son élan, elle enchaîne les arabesques, laisse ses bras onduler autour d'elle. Elle se sent gracieuse et en accord avec les vibrations qui entrent par ses oreilles.

    Soudain fredonne, murmure plutôt. Elle  ferme les yeux, penche la tête en arrière, se cambre et frissonne de la caresse furtive des cheveux sur le creux de son dos. La chanson se termine. Elle éteint la musique. Elle est là, devant son thé fumant, sur la pointe des pieds, comme finissant une pirouette. Elle attend que le silence prenne la place et entend un éclat de rire.

    Elle sursaute. Elle ne l'avait pas vu. Pourtant il était là avant elle. Entièrement dans le brouillad sensoriel qu'elle avait créé en rentrant. Myope, sourde et rêveuse, rien ne pouvait crever sa bulle. Elle  en a la chair de poule.

     

    Avec un profond soupir, elle prend une grande gorgée de thé. Il est très amer et tout juste tiède. Il a beaucoup trop infusé.

     

  • orgasme concerto-fyfien


    Comme souvent, on m'a proposé un concert et je ne connaissais pas du tout le nom de l'artiste. Mais l'enthousiasme délirant de ma copine était si communicatif que j'ai dit banco ! (En réalité, je le connaissais déjà un peu, sans vraiment le savoir, sans m'en apercevoir. 2 ou 3 chansons glissées dans mon ipod par ma pourvoyeuse de musique.)

    On allait voir Fyfe Dangerfield. Pour vous le décrire en gros Fyfe, c'est surtout des cheveux. Et du talent un peu, additionné de ce qu'il faut pour me saisir par les tripes.

    C'est drôle, hein comme certains vous embarquent et d'autres non. Je ne connaissais pas la première partie non plus, je me suis bien ennuyée. Et puis arrive Fyfe Dangerfield sur scène, lui et une violoniste et une altiste. Pour la première fois depuis longtemps en concert, j'ai ressenti physiquement son entrée en scène ; la chanson m'a attrapée au niveau du diaphragme, j'ai peut-être même retenu ma respiration il me semble.

    A la fin de la première chanson, j'avais la gorge un peu sèche d'être restée bouche bée, un peu foudroyée par la force de l'émotion envoyée. J'avais des frissons légers, comme une chair de poule sur tout le corps, y compris au bout de mes orteils. Un vrai ravissement quasi une hébétude. Je me suis retournée vers ma copine et je lui ai juste dit : "Wow..."

     

    fyfe.png

     

    Et ça a continué, toujours plein d'émotion, pas seulement triste ou poignante même si j'ai été au bord des larmes plusieurs fois, émue de ces histoires qu'il me chantait. Oui, à moi et personne d'autre. D'ailleurs, pour bien m'assurer que nous étions seuls lui et moi, je fermais souvent les yeux, pour mieux m'extraire des autres, m'approprier le moment.

    De toute façon, Fyfe Dangerfield remplit tellement l'espace que nul n'est besoin de le voir. J'ai passé le dernier tiers du concert derrière une fille installée pile dans ma ligne de mire, je n'ai quasi plus vu l'artiste et pourtant, je ne suis pas sortie une seule seconde de l'instant. C'était physique, émotionnellement physique.

    Un vrai génie de l'instant : la guitare se désaccorde ? Qu'à cela ne tienne, il refait au piano l'arrangement imaginé au départ. La chanson est énergique ? Il improvise un gros morceau de folie cacophonique qui semble tout simplement harmonique. L'émotion n'a pas besoin de musique ? Ok, il finit a capella, dans un murmure et pourtant, c'est aussi mélodique que s'il avait eu un orchestre derrière.

    Et quand il chante seul, sans musique, ça coule comme s'il savait faire prendre forme physique au moment : il rentre par les pores, par l'air inspiré, par le soupir que je réprime. Il s'épanouit dans mon estomac, comme quand je reprends mon souffle après l'extase.
    Je ne vais pas tout vous dire finalement, je vais juste vous laisser pour aller fermer les yeux et me remplir des souvenirs graciles que j'ai réussi à conserver, touches impressionnistes que je n'ose gâcher en réécoutant sa musique.