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  • Vilaine (petite-) fille

    Ma grand-mère a 90 ans, c'est et a toujours été mon seul grand-parent.

    Et pourtant pas de chance, je n'ai aucun souvenir heureux en sa compagnie, aucune nostalgie de moments d'apprentissage ou de partage, pas d'envie spéciale de lui dire quoi que ce soit quand je la vois, non plus.

    Ma grand-mère ne va pas bien. Elle a donc 90 ans et n'est pas super en forme depuis quelques années déjà. Logique qu'un jour on m'annonce cette nouvelle, je vous l'accorde.

    Seulement vu mon peu d'attachement, j'ai du mal à être inquiète pour sa santé.
    Et je vais pas pouvoir expliquer ça autour de moi : comment on raconte ? "Voila ma grand-mère est à l'hôpital..." Aussitôt les gens se sentent concernés sauf que moi...

    Alors je me traîne un vieux sentiment de culpabilité...

    Non, parce que tout ce que j'arrive à me dire c'est des trucs du genre "putain c'est pas le moment, je peux pas prendre de jours, et ma soeur a un important exam dans quelques jours, et la famille déménage et..."

    Bref, ma seule boule au ventre vient surtout de ce que j'imagine que papa est, lui, très très affecté. Qu'il doit être tiraillé entre ses obligations ici et sa non-envie d'aller là-bas parce que ça signifierait probablement la fin.

    Et ça, ça me mine beaucoup. Et je suis toute chafouine pas contente. Et je vais pas pouvoir expliquer ça autour de moi : comment on raconte ? "Voila, ma grand-mère est à l'hôpital..." Aussitôt les gens se sentent concernés...

    Sauf que toi... toi, t'es pas triste pour la raison qu'ils imaginent...

     

  • alors regarde

     

    J'ai mal au ventre chaque fois que je vois passer le sujet ou qu'il est abordé.

    Tout à l'heure, j'ai regardé 2min30 de video et je me suis mise à pleurer.

     

    Ca me fait trop mal, pour une raison très proche et en même temps très éloignée.

    J'ai peur tout le temps qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Malgré les news qu'elle m'a données samedi, je pense sans cesse à mon amie qui vit là-bas, à Tokyo. Où est-elle aujourd'hui, 4 jours plus tard ?

    Et j'ai peur également de ce signe monstrueux de la faiblesse de mon espèce. On dit souvent "il faut sauver la planète" mais elle va survivre, elle, je n'ai pas d'inquiétude. Mais l'homme, il va faire comment face à la violence des cataclismes qui s'enchaînent ?

     

    Alors, depuis quelques jours, j'ai une attitude parfaitement adulte face à l'information qui me dérange : je fais comme si elle n'existait pas. Je ne regarde pas les info, ne lis pas les journaux, n'écoute pas la radio. J'ai peur alors je me cache, espérant puérilement qu'au moment où je rouvrirai les yeux, le monde sera (re)devenu joli et facile.

    Je bois des mojito, je cherche de nouvelles ballerines et je découvre de belles musiques.
    Je m'éloigne.
    Je m'extrais.

     

    Je ne suis pas (plus ? ) capable de conceptualiser toutes ces images. Pas en mesure de les faire entrer dans mon monde pourtant si pragmatique et détaché.

     

  • allez calme-toi on rigole...

    Ca va pas m'amuser en fait.

     

    Du tout.

     

     

     

    Ca a commencé il y a quelques jours déjà comme tous les ans et aujourd'hui ça va monter crescendo petit à petit : des blagues des plus miteuses sur la "journée de la femme" . C'est trop trop drôle, jugez-en vous-même : "c'est bon j'ai pris de l'avance, j'ai fait la vaisselle ce soir" ou "ah c'est une espèce protégé, la femme, c'est pour ça qu'on lui accorde une journée ? "



    C'est un peu la faute des médias faut dire, à trop vouloir faire de raccourcis, ils écornent le nom de l'événement et en dénaturent en grande partie le contenu. En fait, au départ, le 8 mars ne s'appelait pas du tout journée de la femme mais journée internationale DES DROITS des femmes.



     

    Et ça change tout.

     

     

     

    Alors oui, je suis très agacée qu'il existe une journée de la femme, c'est moche, ça fait journée de défense des lépreux ou de protection du panda. Cette journée est symbolisée dans mon entreprise par une distribution de fleur à la cantoche et d'un livre (de cuisine parfois, oui, j'avoue) c'est dire le niveau de prise de conscience de l'évènement... Ca me hérisse d'autant plus du coup...

     

    Et quelque part, je suis encore plus en colère qu'il y ait une journée des droits des femmes comme ceux des enfants ou des immigrants. Ca me rappelle d'autant plus fort qu'il y en a besoin. Que la femme est encore considérée souvent comme une minorité dont les droits doivent être protégés et rappelés. Ironie des mots : il s'agit d'une minorité représentant la moitié de la population, ça me laisse un peu rêveuse.

     

     

    Mais ce qui me donne littéralement envie de foutre ma main dans la gueule aux gens, ce sont ces phrases miteuses et encore plus réductrices puisqu'elles sont prononcées par des gens éduqués et vivant dans un pays plutôt développé. Les références au ménage, au congé maternité, à la fille faible... c'est pfff...



     

     

     



  • 1er jour

    La veille au soir, je rentrais de 3 jours à Londres avec mes soeurs.
    3 jours avec des rires mais pas uniquement, des ballades, de la discussion, une ou deux râleries et des frissons du plaisir de pouvoir partager des moments forts.

    Pourtant, la nostalgie de ce moment n'a pas réussi à me faire oublier le stress. Déjà je l'avais ressenti un peu fugacement durant le week-end. Mais là, après avoir tergiversé presque une heure sur ma tenue du lendemain, après avoir vidé, nettoyé puis rempli mon sac à main comme s'il était neuf, comme un cartable le jour de la rentrée, je me suis retrouvée désoeuvrée et fort incapable de semer le stress.

    J'ai reçu des sms plein de rassurage, j'ai regardé l'épisode d'Hello Kitty quand elle aide le boulanger. Puis j'ai fermé les yeux et dormi sous 15 kilos de couettes et plaids. Ce poids me rassurait un peu je crois.

     

    Le jour J j'ai enfilé ma jolie robe bleue que j'aime et mes bottes noires qui vont très bien avec. Je me suis maquillée avec soin et pas juste avec un kohl que j'estompe à l'arrache sur la paupière.

    Coloquette a fait LE truc le plus délire qui soit : elle m'a préparé du thé et l'a versé dans un verre pour qu'il ne soit pas bouillant et que je puisse le boire avant de partir. Elle a veillé aussi à ce que je mange des mini-madeleines pour le petit-déj. Et elle m'a préparé un goûter.

    C'est pas la classe ?

    J'ai mis mon manteau, pris mon sac et suis partie. Je suis descendue fièrement dans le métro : pasla peine de faire la queue en ce 1er mars, j'avais acheté mon ticket la veille ! Je suis ressortie et revenue à la maison : j'avais oublié badge et pass navigo.

    Après ce faux départ, j'ai pris le métro et pas réussi à m'asseoir de tout le trajet. Alors j'ai écouté de la musique. Je suis arrivée à 9h26.

    Pour accéder à mon bureau, je dois passer par la salle de pause située juste derrière la porte d'accès à l'étage. C'est plein de gens et ya forcément des que je connais déjà. Je lance un bonjour poli et souriant mais pas trop fort quand même et je file jusqu'à ma place.

    J'allume mon ordinateur, me disant que ça va être une journée tranquille.

    10 minutes plus tard, mes collègues m'embarquent pour la pause café du matin. On papote aimablement. Je suis alpaguée par un de mes interlocuteurs et ne cesserai plus de travailler jusqu'à l'heure du déj.

    Mes collègues gentilles m'embarquent pour le déj, on part pour un grand truc à 8. On papote un moment, je hurle de rire aux anecdotes que raconte un des déglingués de la tablée.

    Réunion d'urgence et impromptue sur sujet que je ne connais pas du tout. Montée de panique, sourire-armure, go.

    Point avec chef nouvelle. Je râle sur le ton de la blague sur le fait que j'espérais un premier jour tranquillou... Elle sourit. Je comprends que ça n'arrivera pas tout de suite, le repos. Le poste est resté vacant trop longtemps, ils m'attendaient.

     

    Je sors du boulot, rentre chez moi en musique. J'ai désormais le temps d'écouter un album entier pendant le trajet. Et de lire une cinquantaine de pages aussi.

    Sur le balcon, il y a du champagne tenu au frais par le vent glacial de retour depuis quelques jours. Alors que j'attends le retour de coloquette pour déguster la première coupe, j'observe une bague de fiançailles et on m'annonce que je vais être témoin. Aussitôt ma gorge se serre et mes yeux sont lacrimalement fragilisés. Je précise immédiatement que c'est pas obligé, hein, je comprendrais que ce soit pas moi... (bref, j'y reviendrai probably)

    On trinque, je bois, trop. Je fais donc une tisane pour me réhydrater. Je me couche, tard.

    C'est la fin de mon 1er jour de travail nouveau.

     

    Le lendemain, c'est un peu brouillardeux, je n'ai pas assez dormi et je commence mon 2ème jour de ma nouvelle vie professionnelle.