Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Alger sans Mozart

     
    Alger sans mozart.pngL'Algérie, ce pays que je connais si peu à part les quelques souvenirs de cours d'histoire qui me restent. C'est là pourtant que se passe Alger sans Mozart -ce n'est pas une grande surprise au vu du titre, je vous l'accorde...
     

    Louise est adolescente, elle vit en Algérie un peu avant la décolonisation. Elle est française et aime son pays de façon viscérale. Et son pays, ce n'est pas la France métropolitaie, c'est l'Algérie française. Mais l'actualité va bientôt mettre à mal son identité.

     

    Marc vit à Paris, il est réalisateur et il aime que sa vie sulfureuse fasse la une des journaux. Il est talentueux et respecté mais n'a pas l'air de respecter ni le autres ni lui-même. On comprend vite que lui aussi est marqué par l'Algérie.

    Passé et présent, ce roman dévoile à travers le témoignage de la tante et de son neveu une dissection partiale et explosive de leur histoire familiale. Chaque chapitre est un monologue écrit à la première personne par l'un d'eux. Chacun a donc une dynamique et un style très différents.

    Et après le premier chapitre, je m'inquiète de devoir faire un effort pour finir ce livre. Je ne connais rien des lieux décrits, l'écriture ne me plaît qu'à moitié, je n'arrive pas à trouver le fil qui va me tirer vers la page suivante.

    La fascination me prend donc par surprise au chapitre suivant. Marc vomit son mépris, il n'a aucune douceur. Ses mots me laissent presque un goût métallique.
    C'est lui qui m'explique ma réserve du début quand il se moque de sa tante  : Louise et son enfermement dans un français désuet et plaintif m'agacent, j'ai envie de la secouer.
    Mais Marc vaut-il mieux ?

    Après trente pages ce fut réglé : il fallait que je sache, que je comprenne les liens entre ces deux révoltés à leur manière.

    J'ai avalé l'histoire, fabriqué mon Alger, senti l'odeur du soleil sur les murs décrépis, frémi de dégoût et eu envie de la douceur de l'été sur les plages algériennes. J'ai appris beaucoup aussi sur l'Histoire et sur ces français devenus étrangers dans leur propre pays.

    C'est étonnant et en même temps c'était bon de ne pas parvenir à aimer complètement les personnages principaux. Il y a plus de véracité dans les sentiments que je ressentais en lisant.

    Quand la fin est arrivée, même si une partie m'a parue inévitable, j'ai eu envie de voir des films se passant en Algérie, pour confronter avec mes images mentales de cette histoire. Par contre, je n'avais pas envie de savoir la suite de la vie des personnages. C'était le moment de dire au revoir et c'était parfait.

    Alger sans Mozart
    Canesi & Rahmani
    Ed Naïve

  • just married

     

    Ca a commencé il y a longtemps mais pas tant que ça, par une anodine phrase m'indiquant que si j'étais d'accord, je serais témoin de la mariée. Souffle coupé et petite voix ravie.

    Ça a continué avec des conciliabules avec les deux autres demoiselles, pour organiser un enterrement de vie de jeune fille à la hauteur.

    Les émotions très fortes ont commencé à la mairie. 

    En les regardant se dire oui, en tournant la tête vers la salle remplie de gens tous si visiblement heureux pour eux et d'être là, en laissant tourner ma tête après une seule coupe de champagne, en sentant ses bras me serrer fort quand elle m'a demandé "tu sais que je t'aime, toi ? " (j'aime les fins de soirée avec elle), en répondant "oui", en espérant qu'elle sait que ça veut dire bien plus. 

    Mariage religieux J-2
    Je suis arrivée plus tôt,  en compagnie du malouin qui me fout la trouille mais un peu moins au fil du temps comme ça on peut aider un peu dans les préparatifs. On rejoint foufou qui a aussi décidé de mettre ses muscles à contribution. Être témoin, c'est aussi du boulot finalement...

    Mariage religieux J-1 
    Apres avoir coupé du ruban et emballé de la lavande, je me suis couchée dans l'herbe un peu humide des averses quotidiennes, je regardais les sommets enneigés en face, j'écoutais papa et maman-libellule discuter avec leur fille des rubans à coudre ou non pour la voiture. Pendant ce temps, maman-berger s'affairait, veillait sur tous, souriait de me voir toujours choisir le même carré d'herbe pour m'installer. 

    Il pleut à torrent, on raconte n'importe quoi au son de l'orage, je drawsomething, j'ai froid, on organise les discours pour le lendemain avec tous les témoins, papa-berger fait le grognon pour le principe, je tente de parler à ces gens que je ne connais pas mais que je vais côtoyer encore deux jours au moins. On rentre dormir, je mouille ma fesse droite dans la voiture inondée, on joue à zigzaguer entre les crapauds, je me brosse les dents au thé vert, je cherche la douche. 

    Une soirée tranquille. Demain, le grand jour.

    08:30
    Lever des habitants de mon chalet. Je pars me noyer sous la douche, je sais que c'est le seul moment de solitude que j'aurai de toute la journée, je fais durer bien plus longtemps que nécessaire. M'appliquant à hydrater chaque centimètre carré de peau. Par contre, je renonce dès le début à faire quelque chose de mes cheveux, ils auront l'air pas coiffés, tant pis.

    10:00
    Je rejoins les chargées de décoration florale, j'ai nommé la maman et les tantes de la mariée. Moyenne d'âge : 70 ans. Taux d'entêtement en présence : bien supérieur au mien. 

    Mon travail va consister à faire 30 aller-retour avec des vases dans les mains et surtout, surtout, à rester dans le timing. Pour ce faire, je dois donc convaincre l'air de rien, approuver mais orienter les idées, canaliser l'énergie collective et ronger mon frein lors du "Ah merci monsieur. Vraiment il faut toujours un homme, les femmes, y a des choses qu'elles sauront jamais faire."

    13:30
    J'ai eu les mains qui tremblaient au moment de commencer la coiffure puis j'ai failli aveugler la mariée en la maquillant. La demoiselle d'honneur dans toute sa splendeur. 

    Enfin, elle a été prête, manquait plus qu'à l'emmener jusqu'au futur-déjà-mari.

    Il m'a fallu reprendre une grande respiration quand le marié s'est retourné, luminescent de bonheur anticipé et de beaugossitude. Idem quand ils se sont aperçus. Le coeur tout serré alors que ça fait que 5 minutes que c'est commencé... (Je sentais bien depuis quelques jours de toute façon que j'allais pas pouvoir accuser le PMS de mon émotivité extrême.) 

    Et puis ce fut notre tour de me préparer. Bébé luciole m'a aidée à enlever ma culotte et à en mettre une assortie à ma robe, miss curly finissait sa manucure de la mort et maman luciole mettait une touche finale à sa coiffure.

    16:00
    L'église, le moment où les vannes ont lâché. Assise toute gênée à côté de maman et papa-berger, j'ai commencé par papillonner des paupières pour chasser les larmes qui menaçaient, puis discrètement essuyé du bout de l'index les gouttes qui refusaient de refluer vraiment, enfin, laissé s'écouler sur mes joues les semaines de stress, de joie, de peines et de magma émotionnel qui venaient de s'écouler. 

    Maman-berger m'a serrée dans ses bras, curly est apparue telle une fée pour faire de même, j'ai timidement embrassé les deux témoins du berger. 

    Voilà.
    Ou presque.

    17:30
    Soleil radieux mais ciel un peu menaçant, en route pour le pré vert qui accueille  le vin d'honneur. J'ai remis mon attelle et enlevé ma veste, bu un peu de champagne, rassemblé les ouailles pour les photos, dit coucou à tous ceux qui venaient d'arriver, souri très grand sur la photo. Et puis j'ai fait une micro sieste forcée sous mon chapeau,  dans l'herbe, face au lac et à la montagne.

    19:00
    En route pour le dîner sous la pluie et les arc-en-ciel, juste quelques "oh que c'est beau là-bas.." et c'est tout.  Moment de grâce et de communion silencieuse dans la voiture avec le malouin qui ne m'oblige jamais à parler. Merci à lui. 

    Pendant que chacun cherche sa table, on finit de rédiger le morceau de discours qu'on a décidé de faire lire aux mariés tout en plaisantant avec les autres qui se moquent légèrement de ce petit coup de désorganisation de dernière minute. 

    Pendant que les premiers plats arrivent, je termine la rédaction de mon propre discours. Je me retrouve avec un gage de mot à caser. J'ai mal au ventre et les mains qui tremblent alors qu'on a refusé de miser sur l'émotion... la zénitude est dans la place.

    Mon discours est passé, je peux aller mettre le souk aux autres tables. De toute façon, à la table des mariés j'aurais pas osé, trop visible...

    Les mariés ont ouvert le bal en catimini. Comme par hasard...

    Je sais pas quelle heure
    La mariée avait trop chaud, j'ai mis mes mains sous sa robe et enfilé son jupon sur ma robe bustier, j'ai l'air d'une folle probablement. Tant pis. Je danse de toute façon comme une cinglée désarticulée et j'ai des pinces à linge dans les cheveux. Lâchons-prise deux heures.

    J'ai même pas mal à la cheville, mystère. 
    Du coup j'accepte une invitation à danser le rock. Et j'en perds mon bustier.

    Petit à petit, les gens s'éclipsent. Il ne reste que les très motivés et les très partis. Même no one is innocent et eminem ne suffisent plus.

    5:00
    Les mariés s'en vont, on rassemble les affaires et on appelle le gardien qui doit fermer la salle. Je suis sobre et épuisée, pas ou plus tellement en phase avec ceux qui sont encore là. Je m'inquiète de ces déglingos qui marchent voire rampent sur la route et traversent n'importe comment. Certains vont se baigner au lever du jour, d'autres refont le monde.

    Je n'ai aucune patience et suis désagréable avec tout le monde. Cette journée finit très bien.

    6:00
    J'écoute les respirations de mes voisins de chambre et aussi le bruit du jour qui est réveillé. J'ai trop chaud mais je ne peux pas me mettre torse nu. Je voudrais m'épuiser les yeux mais je ne peux allumer la lumière.
    Immobile, je ne dors pas.

    Demain, il y a le retour de noces, la ballade sous la pluie diluvienne, la recherche d'une pharmacie de garde inutile, la sieste-lecture et les 21 boules de glace mais pour l'instant mon esprit est vide.

    Demain arrive dans moins de 5 heures. Je serai probablement insupportable et je râlerai dix fois plus que d'habitude mais c'est pas grave, personne ne remarquera. On sera tous encore gavés du bonheur de cette journée.

    Rideau.

    Merci les mariés, merci la famille, merci ceux qui m'ont subie pendant trois jours,  merci tous les autres invités. 
    Je ne sais pas très bien vous raconter sans partir dans tous les sens, j'en suis désolée, le fait juste d'écrire ces mots me serre d'ailleurs la gorge et me fait couler les larmes sur les joues (bon là, c'est le PMS aussi un peu, j'avoue...) mais j'avais envie de laisser une trace, mes mots sur ce moment.

    Merci les mariés. Pour les émotions puissance vingt mille et le partage de vos vies et l'impression rémanente que je suis aimée et fais partie de votre tout si harmonieux.

     

    just.jpg