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  • Ambiance trainesque

    Le bruit du monsieur qui grignotait ses graines de tournesol est devenu bien trop difficile à supporter, j'ai donc attrapé mon iPod et mis la musique un peu fort. Tant qu'à m'isoler autant le faire réellement.

    En fond sonore de ce périple en train, il va y avoir offspring, greenday, nirvana, me first and the gimme gimmes et the ramones.

    À gauche, un bébé grignote une grenade avec sa maman, à droite cendrillon a l'air paisible qu'il a souvent, en face, une dame n'arrive pas à arrêter de me fixer. On s'est souri plusieurs fois, elle a compris que je ne saurai pas lui parler alors elle se contente de me regarder. Et de se mettre à rire-sourire quand elle s'aperçoit que je me suis mise à secouer les épaules et à chantonner à voix basse mes chansons.

    Je ferme les yeux mais ne dort pas : soit je me penche à gauche et suis réveillée par le marchand ambulant dans le couloir, soit je me penche à droite et je risque de m'effondrer sur cendrillon.

    De toute façon, je n'ai pas vraiment sommeil, je suis tout excitée par ce voyage. Je me demande ce qui m'attend au bout du trajet.

    On pourrait croire que le seul chaos est dans mes oreilles mais si j'enlevais les écouteurs, j'entendrais les deux pipelettes au fond du wagon, le marchand qui crie qu'il vend des fruits, le bruit de la porte des toilettes qui claque. Il y a pas mal de gens debout ou à 3 sur des banquettes pour deux. Et puis on vient de cracher un chewing-gum à 10cm de mes pieds -il devait plus avoir de goût, la plateforme entre les wagons est devenue un fumoir, le nombre de poubelles ramassées par la personne chargée de la propreté du wagon ne cesse de croître...

    Pourtant, malgré ce bordel ambiant règne une sorte d'atmosphère de calme dans ce train. Un peu comme partout ailleurs jusqu'à présent, je retrouve cette sensation qu'au milieu des cris et de l'agitation, une espèce de fatalisme génétique leur permet d'avancer quoi qu'il arrive, à leur rythme.

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  • Jour 1 et suivants : apprendre à traverser

    J'ai peut-etre pas le permis de conduire mais la rue et ses codes je connais : le bonhomme vert ou rouge, le passage piéton, le feu clignotant ou l'absence de feu, je gère ce situations. Regard à gauche, à droite, furtif coup d'oeil à droite hop je m'élance. Je n'ai pas peur, je suis entraînée. Je marche souvent dans les rues -parfois même sans témoin ni personne- et je n'ai jamais eu à déplorer de problème particulier.

    Je sais traverser la rue.
    Je crois même pouvoir dire sans prétention que je maîtrise le niveau 2 à l'aise.

    La preuve ? J'ai eu l'occasion de pratiquer dans des pays où la conduite se faisait à gauche. Il me faut moins de 2 heures pour inverser la procédure et passer intuitivemet au droite / gauche / droite.

    Dans une telle situation, vous comprendrez sans peine que j'étais des millions de fois plus stressée à l'idée de me faire comprendre par les chinois et d'envahir l'espace de mon hôte pendant 2 semaines qu'à l'évocation anticipée de mes pérégrinations pédestres.

    Grave erreur.
    A Shanghaï, tu ne traverses pas la rue, tu sauves ta peau.

    L'ordre des regards est quelque chose comme : gauche, droite, gauche, derrière, re-droite, en face ça peut pas faire de mal, gauche. Y a personne ? Je me lance.

    Il y a une voiture ou un scooter voire même un vélo au loin, la question que je me pose n'est pas : "aura-t-il le temps de s'arrêter voire de ralentir" mais "ai-je le temps de sortir de sa trajectoire avant son arrivée ?"
    Si la réponse est non, je patiente.

    C'est pas une blague.

    Je prends pas la démarche décidée de celle qui sent que la voiture s'arrêtera. Parce que rien n'est moins sûr.

    Après 2 heures sans escorte locale et un rétroviseur qui a touché mon sac à main, j'ai compris que stop les conneries.
    48 h plus tard, je pense que je m'approche du niveau 3 du diplôme de traversée de rue.

    Quelques règles à connaître :
    - le piéton n'est ja-mais prioritaire
    - la couleur du feu n'est pas une indication suffisante pour autoriser à traverser
    - la présence ou l'absence de passage piéton n'influe en rien sur le comportement des gens sur la route
    - se faufiler sournoisement au milieu d'un groupe de locaux n'immunise pas contre la mort

    Petit exercice : je vois la chose suivante et une voiture plutôt très loin.
    A- Je traverse ?
    B- Je m'arrête ?

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    Je m'arrête.
    D'abord parce que je pense que c'est le seul stop de la ville. Qui saura reconnaître son usage ?
    Ensuite parce que le passage piéton ne mène nulle part. Vous allez droit dans un muret et une haie !

  • L'odeur de Shanghai



    Ce que j'attendais le plus, c'est de savoir ce que sentiraient mon nez et ma  peau.  (ce que j'attendais le plus, c'est exagéré... Mais quand même c'était très important, si.)

    Alors : Ça sentait la soupe quand l'avion s'est ouvert. À la douane aussi. Et aussi un peu le produit qu'ils vaporisent au pressing pour te dire que c'est un établissement sérieux. 
    Au niveau des bagages, la soupe a laissé la place à l'antimite.

    Et puis plus rien. On marchait dans la rue.
    Ca ne sentait plus rien du tout. Juste l'air chaud et doux.
    Les chatouilles dans le dos parce que le vent secouait mes cheveux, l'osmose de température, comme si l'intérieur et l'extérieur avaient fusionné par porosité. Le velours d'Hanoi, en moins herbéluée. 

    Le moment chair de poule, celui où tu te dis que c'est ça, c'est là, c'est. 
    Celui où tu t'inquiète, si tu respirais trop fort, que tout se vaporise. Alors j'ai fermé les yeux l'espace d'un instant, et j'ai soupiré. 

    Et rien n'avait disparu.

    Quasi aucune voiture, peu de piétons, si on ajoute les platanes qui bordent les allées, j'ai pensé que j'arrivais dans une ville paisible. Je croyais que c'était dû au quartier, ce calme. Mais j'ai compris le lendemain que c'était vraiment juste momentané. 

    Je crois qu'en fait, Shanghai avait mis les gens à la porte pour mieux m'accueillir. 

    Et ça a marché.


  • Les signes que le départ c'est bientôt

     

    Quand j'ouvre mon appli météo, c'est pas ici mais là-bas que je regarde en premier. Aujourd'hui par exemple, il ferait limite frais mais trop humide.

    Cendrillon a reçu un mail de 14 pages posant toutes les questions existentielles que je me posais. Il est plutôt du genre patient il me semble, vu qu'il n'a pas encore annoncé que finalement, il serait pas là pour m'accueillir, un imprévu de dernière minute, trop bête...

    Les gens me demandent tous : "c'est quand, déjà, que tu prends l'avion ?"

    Je réfléchis au contenu de ma valise. Je reprends mes habitudes de liste pour ne rien oublier. Un peu trop pilote automatique quand même : après 24 heures, j'ai soudain réagi que non, pas besoin d'emporter du thé, j'en trouverais sur place.

    Au téléphone, ma mère me demande l'air de rien si je pourrai lui dire que je suis bien arrivée.

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    merci pour la photo

    Les amis de cendrillon m'expliquent que c'est trop un mec sympa, qu'il faut pas que je m'inquiète, que trouver quelqu'un de plus aimable c'est limite pas possible. Je crois qu'ils disent ça pour me rassurer mais moi, je trouve ça louche cette insistance. Je sens qu'en fait c'est un psychopathe.

    Un vent d'organisationite aiguë s'est abattu sur mes clients. Tous leurs dossiers doivent soudain être réglés pour le 13.

    J'ouvre mon agenda au mois d'octobre pour organiser des déj ou des apéros.

    Mon passeport contient un nouveau visa.

    我怕

    我期待着

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    merci pour la photo