Assise par terre, au milieu des sacs remplis de magazines trop vieux, d’annuaires désormais inutiles et d’autres bricoles à recycler, je regardai le carnage qu’est devenu mon appart en cette avant-veille de déménagement.
Il y a des cartons partout, des valises pleines empilées, des plaids sortis qui serviront à emballer tout ce qui est fragile, des morceaux de mon canapé, des livres sans cartons entassés sur une étagère en attendant mieux. En fond sonore, il y a la télé sur laquelle passe une redif de Dawson.
Et je suis là, depuis au moins 20 minutes, les yeux dans le vague, à rien faire du tout à pas avancer ce que je devrais.
Je suis prise d’une horrible envie de pleurer. C’est fini là, ça y est. Terminé.
Oh, ce n’est pas comme si je n’avais pas déjà légèrement remarqué ces derniers mois que c’était la fin.
Il va de soi que je n’allais pas pouvoir passer tout le reste de ma vie cachée dans ce no man’s land d’indifférence tranquille ni pouvoir tenir éloignés trop longtemps les envies et les rêves que j’avais étouffés en partant. Ces derniers temps, la peur, le stress, la colère, la tristesse, voire même les phases d’inquiétude ont réussi à s’immiscer dans mon existence toute lisse et sans saveur. Ma vie a désormais tout sauf l’air d’un cocon et je le sais.
Le truc, c’est que par terre dans mon chez moi au milieu des choses qui ont fait mon quotidien, avec en fond sonore la série que je regardais à la toute fin de mon adolescence, le sentiment de nostalgie m’a submergée. Soudain, j’ai pris une claque. Il y avait du tonnerre lointain depuis quelques semaines mais là, l’éclair m’a foudroyée sur place.
Tous ces cartons, tous les mots échangés dernièrement avec toi, c’est la fin, la vraie, de mon passé. Il n’y aura plus jamais de retour en arrière et le dernier symbole d’avant est en train de se dissoudre. Je suis désormais au commencement d’une vie où je serai seul maître à bord.
Et oui, je le sais très bien que changer de vie est beau, exaltant de défi. Mais ça fait mal, aussi. Et je me sens toute faible là. Je ne suis pas prête à subir le report de souffrance qui m’attend depuis tout ce temps. Je veux retourner dans ma vie d’avant, celle où mes questionnements les plus complexes étaient de savoir s’il valait mieux être avec Dawson ou Pacey…