Ca semble incompréhensible mais j'ai toujours adoré cet endroit. Lors de ma première visite à Paris (j'étais déjà plutôt très vieille...) j'avais inscrit la visite de ce lieu parmi les 5 choses que je voulais voir. Et j'ai tout de suite été charmée par ce long couloir dallé, bordé d'arbres et de très grands immeubles, surveillé par cette arche toute simple.
Puis je suis venir vivre à Paris et j'ai nourri une affection particulière pour ce parvis. Parce que c'est vide. Il y a de la place. Le regard porte loin. Même pendant les 2 ans où j'y ai travaillé, j'ai aimé sortir du métro tous les matins pour émerger dans ce grand ensemble sans unité architecturale.
Alors bien sûr, c'est bétonné, c'est tout neuf. Mais qu'importe. Si on se pose un peu, on peut certes entendre la rumeur des voitures qui passent sous le parvis mais on perçoit aussi le vent souffler fort (oui, il y a toujours du vent sur ce grand couloir de dalles) entre les immeubles. Et même, il y a le bruit des branches secouées par le souffle de ce vent persistant et puis la rumeur des oiseaux qui pépient parce que -comme toujours- la nature reprend ses droits quelle que soit la vanité des projets de l'Homme. Il y a les 1001 surprises (oui, bon, j'exagère peut-être un peu) qu'on découvre derrière les immeubles : ici un jardin, ici une église, ici une oeuvre de Calder, ici une fontaine... Il y a aussi Les jours où l'hiver vous mord les joues mais où le soleil cristallise l'air, on voit alors jusqu'à l'Arc de Triomphe nimbé dans une lumière hivernale et floue (non, je n'écouterai pas les vilains qui me rappelleront que c'est la pollution qui floute...) et tout au fond, on peut même distinguer la Concorde. Et c'est rare, à Paris, les endroits où le regard n'est pas arrêté par des immeubles.
Pour moi, Paris, c'est étouffant. C'est enfermant. Même quand il fait beau, il y a peu de rues ou de places qui soient entièrement ensoleillées parce que les immeubles sont trop hauts pour laisser passer les rayons de soleil. Le charme de cette ville, c'est son âge. Mais justement, son grand âge fait que les rues sont souvent étroites et sombres. Alors quand j'ai besoin d'espace, je vais dans les endroits tout neufs. Comme à la Défense ou encore mieux : en haut de l'Institut du Monde Arabe où je m'abîme dans la contemplation de la Seine, des passants, des monuments qu'on voit au loin... Je suis capable d'y passer des minutes entières à ne rien faire d'autre...