Chercher le courage dans les nœuds qui habitent mon ventre depuis tant de temps déjà que je ne peux plus dater le moment où tout a commencé. Je respire vingt fois calmement et ça ne marche pas, je suis toujours au même endroit, comme une gourde apeurée. Et les mêmes coups de fil sont à passer et les mêmes courriers à envoyer. Je perds mon temps et mon énergie à lutter contre moi, contre mes souhaits et mes instincts.
Je fais des cauchemars, je ne sais pas toujours de quoi ils parlent mais je sens que mes rêves sont tristes, durs, lourds. Quand je me réveille, je suis souvent déboussolée, avec la sensation diffuse d'une tristesse ou d'une angoisse qui m'étreint pendant les premiers instants de ma journée. Je m'inquiète de perdre à terme mon point fort absolu : le sommeil.
Il y a quelques jours, une des personnes que je suis a twitté "C'est bizarre cet état où tout va bien mais où tu ne vas pas." C'est un peu ça... Tout va bien : j'ai un boulot génial, des collègues fantastiques, des perspectives de carrière réjouissantes et aussi des amis extraordinaires de bonté et de beauté, une famille de coeur drolissime et attentionnée, une famille de sang quasi-rêvée tant elle est aimante et puis je peux m'offrir des vacances topesques, baver sur une paire de chaussures dispendieuse. Franchement, je pense qu'il y a très très peu de gens qui peuvent se targuer d'une vie aussi jolie.
Pour autant, je ne parviens pas à trouver ma place à moi, mon chemin, mon souhait. Il y a trop de réconciliations ou de séparations à mettre en marche, tant de choses à poser, de renoncements à accepter.
J'en veux par exemple à mon chef de m'avoir déçue et humiliée à ce point, j'en veux à cet homme que je croyais mon ami de m'avoir déçue et humiliée à ce point. Je suis surtout très en colère contre moi et cette habitude de placer tous mes espoirs dans chaque humain que j'aime parce que quand ça rate, j'ai tellement mal que je passe des semaines à me flageller.
Alors au lieu de tout régler, je me retrouve dans des histoires rocambolesques avec des mecs dont je ne veux pas vraiment, je m'imagine des aventures délirantes avec des mecs qui ne veulent pas vraiment de moi, je fonctionne à la date limite pour absolument tout, je me décourage de situations qui me paraissent trop grandes, je me roule en boule dans mon lit en attendant que tout se règle par magie : je fais ma crise d'ado.
Oh, je vais réussir à avancer, je le sais, ce sont des événements importants mais pas mortels, c'est juste qu'il me faut ré-apprivoiser le fait que c'est aussi ça, être adulte, gérer les choses laides et pas intéressantes, ne plus toujours avoir de seconde chance quand on rate. Il faut que je fasse le deuil de la vie que je m'étais imaginée petite et que je découvre toutes les possibilités cachées de celle que j'ai réellement. Sous peu, je me connais, j'aurai réglé 2 ou 3 gros problèmes pendants et je vais retrouver mon optimisme et ma croyance déraisonnable en un monde lumineux et heureux.
C'est trop compliqué de grandir. Parce que non, évidemment, je ne suis toujours pas grande... je tente... mais non.