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Intibacy - Page 4

  • 2011 ce fut...

     

    Ah long
    Alpe d'huez
    Ba Be
    Banyuls
    Bintan
    Budapest
    Cai Be
    Combourg
    Hanoi
    Ho chi min ville
    Hoi han
    Hue
    Le Tremblay
    Lille
    Londres
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    Sadec
    Salerno
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    Toulouse

    Boyzone
    Fyfe Dangerfield
    Cake
    The Guillemots
    Moby
    Daniel Darc

    L'asticot de Shakespeare
    La dernière heure
    Les 39 marches
    Masques et nez

    Au bonheur des ogres. 67 ans plus tard, je découvre enfin Pennac.
    Him Her Him Again the End of Him, les livres qui te font rigoler à haute voix, c'est pas si fréquent !
    La Pierre et le sabre, oublié dans le taxi en rentrant du Vietnam, grosse frustration de ne l'avoir pas terminé... Il faudrait que je le retrouve.
     
    2011 fut celle des larmes. Parce que je n'ai pas su faire autrement quand je me suis trouvée au pied du mur monumental que représentait mon nouveau travail. La pression que je me suis mise toute seule et puis celle induite par les missions et les attentes de mes responsables et de mes collègues devait sortir. Les larmes furent cette soupape.
    Celles de mon père en sanglots au téléphone m'annonçant l'hospitalisation de sa maman.
    Des larmes de joie aussi, beaucoup. Souvent contenues mais quand même au coin des yeux.

    2011 fut aussi celle de la respiration profonde et sereine de celle qui ne renonce pas mais accepte qu'elle ne sait pas dire non, ou du moins pas toujours de façon intelligible pour ses interlocuteurs. On va continuer à me marcher dessus, je vais en réponse souvent râler mais faire. Et puis parfois, tant pis, je claquerai la porte, fort ou non, mais pour toujours. Les signaux avant-coureurs auront souvent été imperceptibles, c'est égal.
    Je vous écoute. Tous. Même à mon corps défendant parfois.
    Je veux désormais de la réciprocité. Y compris, et c'est un paradoxe que j'assume, quand je refuse de parler.

    En 2011, j'ai posé le pied en Asie pour la première fois et j'ai pris conscience de ma force parfois et de mon adaptabilité toujours.
    J'ai peur souvent mais j'essaie encore plus souvent.

    En 2011, il y eut aussi une demande de témoignage, un pied hésitant puis ravi dans les rizières, The twin, aller voir Donna chez elle, presque aux antipodes, l'approfondissement de mon histoire avec poussin,  l'évolution professionnelle fulgurante, les premières vacances idylliques avec "mon épouse" et ses enfants, la rencontre IRL avec tic & tac que j'ai aimés instantanément et qui m'emmènent toujours bien loin de moi.

    En 2011 il y a eu Evie.

    2011.jpg

     

  • (ré)formation

    Ce moment où tu expliques au chef de projet et à son chef la même chose pour la 290eme fois en 18 mois.

    Ce moment où tu te rends compte qu'en fait, ils sont presque en train de découvrir la question.

    Ce moment où tu te dis que c'est con, la pédagogie, la seule chose que tu pensais maîtriser au boulot ben en fait, non...

    Ce moment où tu te retiens tout juste de sangloter.

    Ce moment où tu te dis que c'est pas des vacances qu'il te faut, c'est démissionner.

    Ce moment où tu tentes de rationaliser, vu que tu sais que le chef a une grosse présentation l'aprem-midi, tu supposes que tu sers d'exutoire.

    Ce moment où on te reproche de prendre les choses trop à cœur et où t'oses pas répondre que c'est inversement proportionnel à son propre investissement professionnel.

    Ce moment où tu pars te réfugier dans ton bureau.

    Ce moment où tu te dis que c'est pas eux, c'est toi et juste toi.

    Ce moment où tu aimerais que les gens respectent ce que tu es au lieu d'utiliser chacune des failles qu'ils parviennent à mettre au jour malgré tes efforts constants de contrôle de soi.

    Ce moment où tu te sens désarmée et incapable de penser à un moyen de changer cette situation.


    Ce moment, c'était il y a quelques semaines.
    À l'époque, je savais très bien que le moyen de changer va m'être donné très bientôt. Je pars en formation et parmi les outils qui vont m'être donnés, il y aura ceux du discours, de la négociation et de la gestion des divers profils communicants.
    En gros, bientôt, je saurai comment -en fonction de ce que je suis- manipuler un émotif, un rationnel, un autoritaire... Par extension, je saurai aussi comment me protéger de ces gens si je parviens à les profiler.

    Paradoxe.

    Certains cherchent à montrer au monde et aux leurs qu'ils sont capables de se prendre charge, seuls. Ils sont prêts pour ça à faire des milliers de kilomètres et à changer complètement leurs perspectives de vie sociale et professionnelle. D'autres ont toujours été l'exemple donné pour montrer comment être autonome et responsable alors ils aimeraient apprendre à ne plus être dans la gestion perpétuelle, le raisonnable... lâcher prise un peu, quitte à se faire prendre en charge pour les détails les plus inutiles du quotidien.

    Alors que depuis quelques mois j'essaie de montrer ce que je suis et ce que je ressens (enfin, toutes proportions gardées) et de laisser la place aux autres, on va me donner les outils pour contrôler le tout encore mieux.

    Paradoxe.

  • Tortue

     

    J'aime ce moment où tout est parfaitement silencieux, enfin. Pas encore le son des oiseaux dans le parc, aucun cri de passant en ébriété, plus de voitures dans la rue pas même au loin. Il n'y a que le bruit de la pulpe de mes doigts et parfois le cliquetis de mes ongles sur l'ecran de ma tablette.

    Comme une tradition depuis quelques mois, je finis ma journée sur le compte-rendu croisé de ma journée et de celle de mon jumeau. Nouveauté, je disais en même temps bonjour de l'autre côté des fuseaux horaires. Magie des technologies modernes qui rendent proches ces lieux et temps impalpables. La bougie est soufflée.

    Fin de la journée. Extinction imminente de l'écran. Par la fenêtre et les volets ouverts, je regarde dans la pénombre se balancer mes t-shirts sur l'étendoir.

    On vient d'entrer dans mon moment climatique préféré : il fait frais la nuit et je ne laisse dépasser que le bout de mon nez et mes pieds, enveloppée dans ma couette comme une tortue. J'attends que le sommeil vienne.

    Je viens de dire bonne nuit à mon jumeau, qui a 6 heures de retard sur moi, j'ai vérifié au cas où que non, je ne pouvais pas retarder l'heure du réveil pour cause de réunion, j'ai renoncé à un épisode de plus de Glee, c'était déjà beaucoup d'émotions, ce numéro 13.

    Je respire l'odeur de la lessive sur l'oreiller tout propre, du savon à la rose au creux de mon coude glissé sous ma tête. Je voudrais que ce moment dure toujours. Je n'ai pas encore de stress à l'idée du boulot tout à l'heure, j'ai des sourires rémanents de ce week-end improvisé, quasi aucune question de fond pour m'hypnotiser vers le sommeil.

    Je rallume l'écran.
    Je voulais fixer ce moment.
    Cette nouvelle semaine va être chaotique, merci pourtant de commerncer par ce premier moment de grâce.

  • just married

     

    Ca a commencé il y a longtemps mais pas tant que ça, par une anodine phrase m'indiquant que si j'étais d'accord, je serais témoin de la mariée. Souffle coupé et petite voix ravie.

    Ça a continué avec des conciliabules avec les deux autres demoiselles, pour organiser un enterrement de vie de jeune fille à la hauteur.

    Les émotions très fortes ont commencé à la mairie. 

    En les regardant se dire oui, en tournant la tête vers la salle remplie de gens tous si visiblement heureux pour eux et d'être là, en laissant tourner ma tête après une seule coupe de champagne, en sentant ses bras me serrer fort quand elle m'a demandé "tu sais que je t'aime, toi ? " (j'aime les fins de soirée avec elle), en répondant "oui", en espérant qu'elle sait que ça veut dire bien plus. 

    Mariage religieux J-2
    Je suis arrivée plus tôt,  en compagnie du malouin qui me fout la trouille mais un peu moins au fil du temps comme ça on peut aider un peu dans les préparatifs. On rejoint foufou qui a aussi décidé de mettre ses muscles à contribution. Être témoin, c'est aussi du boulot finalement...

    Mariage religieux J-1 
    Apres avoir coupé du ruban et emballé de la lavande, je me suis couchée dans l'herbe un peu humide des averses quotidiennes, je regardais les sommets enneigés en face, j'écoutais papa et maman-libellule discuter avec leur fille des rubans à coudre ou non pour la voiture. Pendant ce temps, maman-berger s'affairait, veillait sur tous, souriait de me voir toujours choisir le même carré d'herbe pour m'installer. 

    Il pleut à torrent, on raconte n'importe quoi au son de l'orage, je drawsomething, j'ai froid, on organise les discours pour le lendemain avec tous les témoins, papa-berger fait le grognon pour le principe, je tente de parler à ces gens que je ne connais pas mais que je vais côtoyer encore deux jours au moins. On rentre dormir, je mouille ma fesse droite dans la voiture inondée, on joue à zigzaguer entre les crapauds, je me brosse les dents au thé vert, je cherche la douche. 

    Une soirée tranquille. Demain, le grand jour.

    08:30
    Lever des habitants de mon chalet. Je pars me noyer sous la douche, je sais que c'est le seul moment de solitude que j'aurai de toute la journée, je fais durer bien plus longtemps que nécessaire. M'appliquant à hydrater chaque centimètre carré de peau. Par contre, je renonce dès le début à faire quelque chose de mes cheveux, ils auront l'air pas coiffés, tant pis.

    10:00
    Je rejoins les chargées de décoration florale, j'ai nommé la maman et les tantes de la mariée. Moyenne d'âge : 70 ans. Taux d'entêtement en présence : bien supérieur au mien. 

    Mon travail va consister à faire 30 aller-retour avec des vases dans les mains et surtout, surtout, à rester dans le timing. Pour ce faire, je dois donc convaincre l'air de rien, approuver mais orienter les idées, canaliser l'énergie collective et ronger mon frein lors du "Ah merci monsieur. Vraiment il faut toujours un homme, les femmes, y a des choses qu'elles sauront jamais faire."

    13:30
    J'ai eu les mains qui tremblaient au moment de commencer la coiffure puis j'ai failli aveugler la mariée en la maquillant. La demoiselle d'honneur dans toute sa splendeur. 

    Enfin, elle a été prête, manquait plus qu'à l'emmener jusqu'au futur-déjà-mari.

    Il m'a fallu reprendre une grande respiration quand le marié s'est retourné, luminescent de bonheur anticipé et de beaugossitude. Idem quand ils se sont aperçus. Le coeur tout serré alors que ça fait que 5 minutes que c'est commencé... (Je sentais bien depuis quelques jours de toute façon que j'allais pas pouvoir accuser le PMS de mon émotivité extrême.) 

    Et puis ce fut notre tour de me préparer. Bébé luciole m'a aidée à enlever ma culotte et à en mettre une assortie à ma robe, miss curly finissait sa manucure de la mort et maman luciole mettait une touche finale à sa coiffure.

    16:00
    L'église, le moment où les vannes ont lâché. Assise toute gênée à côté de maman et papa-berger, j'ai commencé par papillonner des paupières pour chasser les larmes qui menaçaient, puis discrètement essuyé du bout de l'index les gouttes qui refusaient de refluer vraiment, enfin, laissé s'écouler sur mes joues les semaines de stress, de joie, de peines et de magma émotionnel qui venaient de s'écouler. 

    Maman-berger m'a serrée dans ses bras, curly est apparue telle une fée pour faire de même, j'ai timidement embrassé les deux témoins du berger. 

    Voilà.
    Ou presque.

    17:30
    Soleil radieux mais ciel un peu menaçant, en route pour le pré vert qui accueille  le vin d'honneur. J'ai remis mon attelle et enlevé ma veste, bu un peu de champagne, rassemblé les ouailles pour les photos, dit coucou à tous ceux qui venaient d'arriver, souri très grand sur la photo. Et puis j'ai fait une micro sieste forcée sous mon chapeau,  dans l'herbe, face au lac et à la montagne.

    19:00
    En route pour le dîner sous la pluie et les arc-en-ciel, juste quelques "oh que c'est beau là-bas.." et c'est tout.  Moment de grâce et de communion silencieuse dans la voiture avec le malouin qui ne m'oblige jamais à parler. Merci à lui. 

    Pendant que chacun cherche sa table, on finit de rédiger le morceau de discours qu'on a décidé de faire lire aux mariés tout en plaisantant avec les autres qui se moquent légèrement de ce petit coup de désorganisation de dernière minute. 

    Pendant que les premiers plats arrivent, je termine la rédaction de mon propre discours. Je me retrouve avec un gage de mot à caser. J'ai mal au ventre et les mains qui tremblent alors qu'on a refusé de miser sur l'émotion... la zénitude est dans la place.

    Mon discours est passé, je peux aller mettre le souk aux autres tables. De toute façon, à la table des mariés j'aurais pas osé, trop visible...

    Les mariés ont ouvert le bal en catimini. Comme par hasard...

    Je sais pas quelle heure
    La mariée avait trop chaud, j'ai mis mes mains sous sa robe et enfilé son jupon sur ma robe bustier, j'ai l'air d'une folle probablement. Tant pis. Je danse de toute façon comme une cinglée désarticulée et j'ai des pinces à linge dans les cheveux. Lâchons-prise deux heures.

    J'ai même pas mal à la cheville, mystère. 
    Du coup j'accepte une invitation à danser le rock. Et j'en perds mon bustier.

    Petit à petit, les gens s'éclipsent. Il ne reste que les très motivés et les très partis. Même no one is innocent et eminem ne suffisent plus.

    5:00
    Les mariés s'en vont, on rassemble les affaires et on appelle le gardien qui doit fermer la salle. Je suis sobre et épuisée, pas ou plus tellement en phase avec ceux qui sont encore là. Je m'inquiète de ces déglingos qui marchent voire rampent sur la route et traversent n'importe comment. Certains vont se baigner au lever du jour, d'autres refont le monde.

    Je n'ai aucune patience et suis désagréable avec tout le monde. Cette journée finit très bien.

    6:00
    J'écoute les respirations de mes voisins de chambre et aussi le bruit du jour qui est réveillé. J'ai trop chaud mais je ne peux pas me mettre torse nu. Je voudrais m'épuiser les yeux mais je ne peux allumer la lumière.
    Immobile, je ne dors pas.

    Demain, il y a le retour de noces, la ballade sous la pluie diluvienne, la recherche d'une pharmacie de garde inutile, la sieste-lecture et les 21 boules de glace mais pour l'instant mon esprit est vide.

    Demain arrive dans moins de 5 heures. Je serai probablement insupportable et je râlerai dix fois plus que d'habitude mais c'est pas grave, personne ne remarquera. On sera tous encore gavés du bonheur de cette journée.

    Rideau.

    Merci les mariés, merci la famille, merci ceux qui m'ont subie pendant trois jours,  merci tous les autres invités. 
    Je ne sais pas très bien vous raconter sans partir dans tous les sens, j'en suis désolée, le fait juste d'écrire ces mots me serre d'ailleurs la gorge et me fait couler les larmes sur les joues (bon là, c'est le PMS aussi un peu, j'avoue...) mais j'avais envie de laisser une trace, mes mots sur ce moment.

    Merci les mariés. Pour les émotions puissance vingt mille et le partage de vos vies et l'impression rémanente que je suis aimée et fais partie de votre tout si harmonieux.

     

    just.jpg