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Depuis quelques jours (semaines ? ) je vis avec une sorte de sensation bizarre accrochée aux épaules et au cerveau. La sensation qu'un truc pas sympa me pend au nez (oui, langage de bébé de 4 ans...) mais je ne sais pas quoi. Ni dans quel compartiment de ma vie...
Pourtant, à froid, sans émotion, chirurgicalement comme je sais si bien le faire, je ne vois rien qui cloche ou soit en train de partir en vrille. J'observe mon quotidien, ma vie personnelle autant que professionnelle et je me demande quel est le détail que je ne vois pas et qui pourrait / devrait m'alerter. Et je ne vois rien rien rien. Rien.
Un ou deux projets qui tombent à l'eau, un autre qui va nécessiter beaucoup de diplomatie et de patience. Pour autant, rien de remarquable a priori.
Je crois que c'est parce que je n'attends plus rien, n'ai nulle part où aller émotionnellement. J'ai plein de projets à très court terme mais je ne me projette pas/plus dans l'avenir. Sur un des blogs que je lis, j'ai vu que se contenter d'aujourd'hui était un pas important vers la sérénité et l'accomplissement de soi. J'ai envie de le croire mais je ne sais pas si ça me correspond vraiment. Comment on se contente d'aujourd'hui sans s'étioler ?
Dans un an à compter d'aujourd'hui où et que serai-je ? Sans doute au même endroit, dans la même situation. Comme un pressentiment que ça y est, j'ai fait plein plein de route et que le gros de l'effort a été accompli, que je suis là, regardant les choses, en attendant autre chose.
En attendant justement, une vague inquiétude en même temps qu'un sentiment d'attente irraisonné rythment chacune de mes pensées.
Et j'ai très envie de faire l'escargot planqué dans sa coquille... Tentation habituelle contre laquelle je veut lutter.
Alors je prends chaque détail joli comme un peu de baume sur mon inquiétude et sourit en attendant que mon mal au ventre passe :
Les enfants qui m'entourent et me donnent spontanément leur affection : Bébé qui sourit quand je vais la chercher à la crêche. Filleul M. se jette dans mes bras en me voyant chez lui. Filleul B. qui me fait un câlin lui si avare de ses gestes tendres. 3 jours avec ma soeur à discuter pour de vrai. Pas seulement de la famille mais aussi de sa vie à Toulouse et de ses projets. La semaine à la montagne qui se transformerait en 2 semaines ensemble sans y prendre garde. Alors je le fais remarquer mine de rien et ô joie, celui dont j'avais pourtant oublié le prénom répond tranquillou qu'il voit pas le problème.
Une fois par mois ou quasi de juin à novembre : Je fais le plein de les zamoureux de la baie des anges.
Savoir que demain midi, je vais pouvoir m'imprégner de sa bienveillance, sans rien faire ou presque, juste être en sa compagnie. Et ça ira mieux, parce que c'est comme ça tout le temps.
4 jours d'affilée de libellule. Bien sûr ensuite faut se sevrer mais bon...
L'impression que nos soupes de nouilles sont quasi naturelles pour l'une et l'autre. Mes silences en sa présence sont désormais pleins de l'instant et non plus trouillardeux.
Retourner dormir chez mes premiers coloc, me contenter de les regarder vivre, reprendre le train de banlieue et en être ravie comme une cruche.
Il est des mystères absolus en forme d'évidences. Des gens en l'occurrence. Des compagnons de route.
Parmi les conditions sine qua non de vacances parfaites ou presque, il y a les envies communes. Les émerveillements n'ont pas à être instantanés et concomittants mais il est important que les voyageurs n'aient pas d'envies trop discordantes. J'aime par exemple profiter et m'imprégner d'un lieu avant de m'enfermer dans ses murs. Humer l'air, déambuler. Quand j'ai l'impression que la ville et moi devenons proches, alors je vais dans le détail de ses musées.
Un autre point important du compagnon de voyage idéal est plus prosaïque mais fort important : la pause-pipi. J'ai une vessie de moineau, du coup, je m'arrête quasi chaque fois que je vois des toilettes, au cas où, par précaution. Et j'ai horreur d'avoir la sensation que je fais attendre les autres pendant que je me repoudre le nez. Idéalement donc, il faut que l'autre s'arrête aussi...
Faire les boutiques ne doit pas paraître futile, ni une perte de temps. Passer une heure dans une librairie, préférer le détour à l'efficacité. Ne pas s'attarder pour autant sur les endroits qui ne plaisent pas, préférer passer à autre chose que s'obliger à explorer les monuments encensés dans les guides.
Et puis aussi et presque surtout, j'aime avoir le temps de manger. Découvrir de nouveaux goûts, se nourrir. Pas seulement parce que j'ai faim mais aussi pour le plaisir sensuel d'un des seuls moments du voyage où les 5 cinq sens emmagasinent des souvenirs.
On parle, pas parce qu'on est obligé mais parce qu'on a envie, que c'est le moment. A bâtons rompus ou au contraire par allusions, sans finir la phrase parce qu'on imagine que l'autre aura parfaitement compris quel était le sens de ce début de conversation. Et puis soudain on n'a plus envie, on se tait et l'autre n'en prend pas ombrage, prend tout simplement en compte ce silence et vaque à ses propres pensées. Ce n'est pas un moment vide, ni hostile, ni incompréhensible. Le silence est plein de la richesse de l'autre. On en profite.
La possibilité du silence est peut-être la chose qui compte le plus pour moi. On pourrait croire -j'imagine- que je suis une pie incapable de s'arrêter mais il n'en est rien. Régulièrement, je me tais. Et j'écoute, j'observe. Ou au contraire je m'éclipse, j'entre en moi, je me recroqueville non... je m'étends et m'évapore sur des pensées qui ne sont que miennes. Et les gens qui le savent et le prennent en compte sont rarissimes. (Et je ne les en aime que plus.)
Je suis joie et ravissement d'avoir rencontré dernièrement une de ces parfaites personnes. De celles dont on ne se dit pas une seule fois de toutes les vacances qu'on voudrait un moment seul, à soi. Parce que pas une fois on n'a été envahi par sa présence. Le naturel et l'évidence qui ont guidé mes 10 jours en sa compagnie m'ont permis de me réconcilier un peu avec moi.