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Blog me tender - Page 20

  • L'odeur d'Hanoi 


    Finalement, cette moiteur tant redoutée n'est pas tout de suite perceptible. Hanoi m'accueille avec un grand ciel bleu. Qui semble pourtant assez gris ou bas, comme une lumière de soleil levant. En revanche, l'air est chaud uniformément : je respire de l'air quasi à la même température que moi, je perçois sur ma peau tout juste le souffle du vent puisqu'il n'apporte aucune fraicheur.

    Quand j'inspire à fond, encore un peu vacillante des 20 heures de voyage depuis que j'ai fermé ma porte à Paris, je sens des odeurs nouvelles, j'ai la sensation d'être enveloppée. Je vais ensuite connaitre l'âpreté des mélanges d'épices et de mijotages au contenu indéfinissable mais là, l'odeur est douce, un peu plate et légèrement minérale. Pas d'herbe ni de sucre, peut-être l'odeur du soleil ?

    Il y a tant de trafic et de gens que j'imagine sans mal qu'une bonne partie de l'air que j'utilise est chargé de particules polluantes, je ne les sens pas. Aucune gêne quand je respire, pas d'envie particulière de me purifier ensuite. Je me remplis les narines. J'ai même dormi fenêtre ouverte, baignée de cet air nouveau.

    Au départ je pensais que c'était l'euphorie de la découverte : premier contact avec l'Asie, premières vacances depuis longtemps, besoin un peu urgent de repos et d'émerveillement.
    Mais non.

    On est parti 3 jours dans la montagne et au retour, dès l'arrivée dans les faubourgs de Hanoi j'ai accueilli d'un sourire plein cette odeur qui n'en est pas une.
    Comme des retrouvailles. 

    La douceur et le charme de l'odeur de Hanoi. L'odeur composite de ce lieu auquel je n'appartiens pas mais qui a quand même pris soin de moi.

  • Préparation

     

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  • Brève histoire des morts

    brève.jpgOu comment détruire un roman entier de plaisir de lecture en 2 chapitres.
     
    Oui, j'annonce la couleur dès la première ligne parce que je suis tellement en colère contre l'auteur que je ne peux pas la contenir trop longtemps.
     
    Mini résumé de la situation : l'auteur a l'idée géniale de nous décrire deux mondes coexistant de façon parallèle. Dans le premiers, il y aurait nous, qui vivons nos petites vies quotidiennes. Dans le second, il y aurait les gens morts, qui resteraient dans un monde entre deux eaux tant que quelqu'un chez les vivants se souviendrait d'eux. En gros, si je meurs, je vais dans l'entre deux eaux et j'y reste jusqu'au dernier souffle de toutes les personnes qui me connaissent. Rien que l'idée me plaît d'entrée de jeu. Sur terre, bien entendu, personne n'en a aucune idée et vit son quotidien sans penser à
     
    Il y a plusieurs personnages à suivre, deux histoires menées en parallèle. Je suis happée, c'en est fait de moi, il faut que je sache ce qu'il va se passer.
     
    Je ne sais pas quoi vous dire de plus de peur de vous gâcher l'histoire... L'auteur a l'idée de génie d'alterner un chapitre sur terre, un chapitre dans l'entre deux eaux. Je m'attache donc aux personnages d'ici et de là-bas. Il y a parfois de la discussion pseudo-philosophique sur des sujets tels que "protégeons la planète" ou encore "est-ce que coca-cola c'est le mal ? " mais franchement ça n'a pas nui à ma joie de lire. La langue est classique, sans aspérité particulière
    Ca faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti physiquement l'envie de savoir ce que le héros allait subir, poussé des soupirs de soulagement quand la route est dégagée, souri quand elle voulu sauter des pages pour savoir parce que c'est pas possible là quand même non il va pas lui faire subir ça...
     
    Et puis on arrive aux deux derniers chapitres. Et un grand ahurissement s'empare de moi : mais c'est quoi cette fin ? Quel est l'intérêt ? Je vois bien le lien avec le reste dans la tête de l'auteur, je comprends bien comment il nous emmène jusque-là mais c'est tellement à côté de la plaque ! J'ai lutté pour terminer ces deux chapitres nuls. Je vous conseillerais bien de vous arrêter 2 chapitres avant la fin mais ce serait de toute façon frustrant je pense.
    Et me voila donc, à ne pas savoir si je dois vous conseiller ou non ce livre...

  • Jacques

    Il gratte, ce col de veste collé à sa nuque. Et puis ses petits cheveux sont tout collés de transpiration. Bientôt, ça va dégouliner sur sa chemise, c'est sûr. Les enterrements en pleine canicule, c'est toujours pire encore : on est triste, on est fatigué et on a très chaud donc on est encore plus hébété par l'évènement.

    Ce matin, en pleurant, il a supplié sa mère de lui donner l'autorisation de rester à la maison. Il ne se sentait pas la force d'assister à ces obsèques. La messe, les pleurs, la chaleur, les embrassades, les airs faussement désolés... Evidemment, maman a dit non. Catégorique. Sans appel. Injuste.

    Alors il est là, debout en plein soleil, assistant au remplissage lent et inexorable de la fosse où repose désormais le cercueil de Jacques. Jacques qu'il ne verra plus jamais puisque Jacques est mort mardi dernier.

    Jacques est arrivé dans sa vie il y a quatre ans déjà. Un samedi soir, maman, très stressée, a préparé un repas de fête. Il y avait même du gâteau au chocolat pour le dessert. Et pendant tout ce temps, elle a parlé, beaucoup beaucoup beaucoup. Elle a sursauté et rougi très fort quand la sonnette a retenti. Derrière la porte, il y avait Jacques et des fleurs et une grosse boîte de playmobils pirates. Lui, il préférait les lego. Mais bon c'est quand même bien les cadeaux et puis il est rigolo, Jacques.

    Un jour, on a emménagé chez Jacques. Et un autre jour, maman s'est mariée avec lui. Tout le monde trouvait que c'était bien pour elle, après tout ça faisait deux ans. Et pour lui aussi, ce serait bien, ce serait comme un nouveau papa après la disparition du sien. On allait pouvoir jouer au ballon, faire du bricolage. Chouette.

    Tous les étés, Jacques les a emmenés dans sa grande maison à la montagne. Rencontrer les marmottes, barboter dans le lac, ramasser des champignons, fabriquer des cabanes... Un mois et demi avec vue sur les hauts sommets enneigés toute l'année. Il aurait bien aimé aller aussi un peu à la mer. Ça lui avait manqué. Alors au retour des vacances, il a demandé à maman et Jacques : « Est-ce que la prochaine fois on pourra aller à la mer ? » C'est que Jacques il n'aime pas trop la mer, il fait trop chaud, c'est bondé de monde. La montagne c'est bien mieux. Peut-être qu'on pourrait faire les deux alors ? A-t-il insisté, supplié presque. Sans succès.

    Cette année comme chaque année, après les vacances de février, il a demandé si l'été prochain, on pourrait aller à la mer. Et comme chaque année on a refusé. Au début il a vraiment été en colère, avec Jacques c'était toujours pareil, on ne pouvait jamais faire ce qu'on voulait, il avait toujours des idées ennuyeuses. Jacques a haussé le ton et maman était d'accord. Vexé, il ne leur a plus parlé pendant des jours. C'est l'entrée au collège, la 6ème ça perturbe toujours les enfants, personne ne s'est ému.

    Et puis il s'est rendu compte que ça ne mènerait nulle part. Il a présenté ses excuses, décidé de faire des efforts pour rendre l'ambiance plus sereine. Il a même proposé à maman de porter lui-même le café de Jacques au lit tous les matins. Tout le monde a été rassuré devant ce retour de bonne volonté et maman lui a fait un grand sourire content. La 6ème, ça perturbe en effet les enfants.

    Et tous les matins il a porté un café à Jacques qui lui disait « bonne journée, mon bonhomme » Mais un matin, maman l'attendait en larmes devant la porte : pas de café ce matin, Jacques était mort la nuit dernière. Il s'est aussitôt enfui pour réfléchir seul à cette nouvelle.

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    crédit photo
    3oheme

    En avril dernier, le deuxième matin, il avait été étonné de voir Jacques en pleine forme dans le lit. Il a posé la tasse de café sur la table de nuit en tremblant et a couru dans le jardin. Non, il ne s'était pas trompé, la tête de mort sur la bouteille était sans ambiguïté : ces granules étaient toxiques, mortels même. Pourquoi Jacques était-il encore en vie alors ? Peut-être fallait-il juste être patient.

    Alors il l'avait été : chaque matin, il mettait un sucre et un granule d'engrais dans le café de Jacques. Il remuait lentement afin de dissoudre le tout, posait la tasse sur une jolie sous-tasse et allait dire bonjour, sourire aux lèvres, à Jacques qui lui demandait souvent de rester, de discuter un peu.

    Au bout de quelques semaines, Jacques était tombé malade, un affaiblissement que personne n'avait pu s'expliquer. Encore quelques semaines et Jacques ne quittait plus son lit, beaucoup trop affaibli. Et mardi matin, il était mort.
    Ce matin, quand il a pleuré pour ne pas aller au cimetière, maman l'a embrassé sur le front et lui a dit d'être raisonnable. Elle sait que c'est difficile mais elle a promis que dans dix jours ils partiraient en vacances, tous les deux, pour se changer les idées.

    A la mer.