Un soir de décembre, alors que e m'apprêtais à aller acheter mon sapin de noël, j'ai reçu ZE coup de téléphone qui fait tellement plaisir que direct les joues se crispent de plaisir. C'était un moment de plaisir en vue rien que pour le bonheur de papoter un peu mais en plus, on y ajoute un passage au théâtre impromptu. Je dis évidemment banco.
Jeanne et Maxime sont mariés depuis un moment et toujours amoureux. Jeanne a toujours soupçonné Maxime d'être resté un coureur. L'heure des aveux aurait-elle sonné ?
Le théâtre pour commencer est un petit bonbon. Caché au fond d'une cour, assez petit, il me semble délicieux.
Une fois installées, pas le temps d'un soupir, ça commence déjà, on était très juste. Quelques regards complices pendant la pièce, un ou deux chuchotements discrets sur nos voisins ou la robe d'Isabelle Gélinas, pas plus. Nous regardons attentivement.
La pièce part très fort, un couple apparemment marié depuis un petit moment discute calmement de leurs aventures extra-conjugales respectives. Ou plutôt, Madame cuisine Monsieur. Elle sait qu'il a eu des maîtresses, elle veut savoir combien. Ok répond-il, mais alors je veux savoir pour toi.
Un accord semble passé. Maxime commence et annonce 12 femmes. Il insiste pour que Jeanne lui dise à son tour son tableau de chasse : un seul.
Ce n'est pas un vaudeville, il n'y a donc pas d'amant caché sous le canapé, de maîtresse enfermée dans la buanderie, de portes qui claquent, de domestiques dans la confidence. Ca ne va pas à 100 à l'heure au rythme de rebondissements rocambolesques. Mais ce n'est pas pour autant sinistre. Au contraire, j'ai trouvé la pièce plutôt drôle, les acteurs pas mal du tout. Mention spéciale à José Paul dont j'oublie toujours le nom mais qui parvient très bien à faire passer des choses, même en silence. La mise en scène mise justement beaucoup sur les comportements non verbaux des personnages, ça rajoute une dimension visuelle à cette pièce au décor assez vide finalement.
Surtout, j'ai été fascinée par le jeu auquel se livre ce couple. Parfois limite mal à l'aise, je les regardais se porter les coups, avec le sourire. Au bout d'un moment, on ne sait plus très bien qui manipule qui, qui ment, qui souffre, qui a intérêt à faire durer ce petit jeu.
Et toutes ces questions soulevées en filigrane : est-ce qu'un seul amant, c'est plus grave que 12 ? Peut-on continuer à aimer quand on ne fait que mentir ? L'amitié est-elle au-dessus de l'amour ? Vaut-il mieux savoir qui sont les amant(e)s ou rester dans le flou ?
Au Théâtre de l'œuvre à Paris jusqu'au 20 décembre.