Bienvenue dans la famille Strobbe. La famille Strobbe vit dans un vague village de la campagne flamande. Et voici Gunther, il a 13 ans, est élevé par son père. Mais pas que. A la maison il y a une femme, la grand-mère, 4 hommes (les 4 frères dont Marcel, père de Gunther) et un adolescent, donc, Gunther. Gunther ne voit jamais sa mère, son père comme ses oncles sont alcooliques et donnent une image pour le moins dégradée de la femme. Lorsque le film commence, Gunther est adulte, il tente de gagner sa vie en étant écrivain. Pour mieux le comprendre, il nous embarque dans son passé, l'année où il a dû grandir.
Tout au long du film, en filigrane, la question se pose de savoir s'il vaut mieux rester avec ceux qu'on aime et qui nous aiment, quand bien même ils nous empêcheraient d'aller de l'avant ou si la solution est de partir. Choix d'autant plus cruel qu'il repose sur les épaules de ce garçon. On sent immédiatement que personne n'a assez de recul pour même se demander si l'environnement convient à Gunther. Mais je comprenais très bien qu'il ne souhaite pas partir malgré cette "merditude" ambiante. L'affection tangible, les fous rires partagés en famille, les anecdotes nombreuses contribuaient à me faire comprendre que Gunther puisse avoir envie de rester là.
J'ai vu le film en flamand et ne connais pas du tout cette langue. Je maîtrise un peu d'anglais et d'allemand, assez pour que certains mots me paraissent familier mais insuffisant pour que la langue ne m'agresse pas. Et en fait, c'est parfait, parce que ça rajoute à l'ambiance de violence familiale avec laquelle Gunther doit faire, jour après jour. Parce que Gunther vit au rythme des bagarres dans les bars, aide son père à boire le verre du matin qui fera cesser ses tremblements d'alcoolique et gère seul l'école.
L'image est souvent saccadée, les dialogues violents, on passe du présent au passé sans transition. Et puis le point de vue est celui d'un adolescent, avec tout ce que ça peut ajouter de chaos à la vision du monde. A certains moments, je me sentais nauséeuse, comme saoule, au sens propre. Et franchement, le film m'a pesé physiquement sur l'estomac. J'étais comme oppressée par l'histoire de Gunther.
Impossible de dire que j'ai aimé ce film. En même temps, il ne m'a pas non plus laissée indifférente. J'ai été très émue à certains moments en voyant le père et le fils se parler ou en ressentant la déception de Gunther. Et puis le film est plein de phrases choc, de réflexions sur la meilleure façon de grandir, de scènes d'anthologie. Plusieurs fois, j'ai été secouée/choquée par ce que je voyais. Mais au final, même s'il y a de très bonnes choses, je n'ai pas pu me défaire de l'impression que le titre (véritable éclair de génie) collait juste trop bien à la vie de Gunther. Comme une fatalité. Pourtant je ne crois pas que le message voulu par le réalisateur était mauvais, il y a pour moi de très jolis moments, des sourires attendris voire du rire mais le film m'a laissé une drôle d'impression. Impossible de choisir entre le bien et le mauvais.