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Blog me tender - Page 15

  • just married

     

    Ca a commencé il y a longtemps mais pas tant que ça, par une anodine phrase m'indiquant que si j'étais d'accord, je serais témoin de la mariée. Souffle coupé et petite voix ravie.

    Ça a continué avec des conciliabules avec les deux autres demoiselles, pour organiser un enterrement de vie de jeune fille à la hauteur.

    Les émotions très fortes ont commencé à la mairie. 

    En les regardant se dire oui, en tournant la tête vers la salle remplie de gens tous si visiblement heureux pour eux et d'être là, en laissant tourner ma tête après une seule coupe de champagne, en sentant ses bras me serrer fort quand elle m'a demandé "tu sais que je t'aime, toi ? " (j'aime les fins de soirée avec elle), en répondant "oui", en espérant qu'elle sait que ça veut dire bien plus. 

    Mariage religieux J-2
    Je suis arrivée plus tôt,  en compagnie du malouin qui me fout la trouille mais un peu moins au fil du temps comme ça on peut aider un peu dans les préparatifs. On rejoint foufou qui a aussi décidé de mettre ses muscles à contribution. Être témoin, c'est aussi du boulot finalement...

    Mariage religieux J-1 
    Apres avoir coupé du ruban et emballé de la lavande, je me suis couchée dans l'herbe un peu humide des averses quotidiennes, je regardais les sommets enneigés en face, j'écoutais papa et maman-libellule discuter avec leur fille des rubans à coudre ou non pour la voiture. Pendant ce temps, maman-berger s'affairait, veillait sur tous, souriait de me voir toujours choisir le même carré d'herbe pour m'installer. 

    Il pleut à torrent, on raconte n'importe quoi au son de l'orage, je drawsomething, j'ai froid, on organise les discours pour le lendemain avec tous les témoins, papa-berger fait le grognon pour le principe, je tente de parler à ces gens que je ne connais pas mais que je vais côtoyer encore deux jours au moins. On rentre dormir, je mouille ma fesse droite dans la voiture inondée, on joue à zigzaguer entre les crapauds, je me brosse les dents au thé vert, je cherche la douche. 

    Une soirée tranquille. Demain, le grand jour.

    08:30
    Lever des habitants de mon chalet. Je pars me noyer sous la douche, je sais que c'est le seul moment de solitude que j'aurai de toute la journée, je fais durer bien plus longtemps que nécessaire. M'appliquant à hydrater chaque centimètre carré de peau. Par contre, je renonce dès le début à faire quelque chose de mes cheveux, ils auront l'air pas coiffés, tant pis.

    10:00
    Je rejoins les chargées de décoration florale, j'ai nommé la maman et les tantes de la mariée. Moyenne d'âge : 70 ans. Taux d'entêtement en présence : bien supérieur au mien. 

    Mon travail va consister à faire 30 aller-retour avec des vases dans les mains et surtout, surtout, à rester dans le timing. Pour ce faire, je dois donc convaincre l'air de rien, approuver mais orienter les idées, canaliser l'énergie collective et ronger mon frein lors du "Ah merci monsieur. Vraiment il faut toujours un homme, les femmes, y a des choses qu'elles sauront jamais faire."

    13:30
    J'ai eu les mains qui tremblaient au moment de commencer la coiffure puis j'ai failli aveugler la mariée en la maquillant. La demoiselle d'honneur dans toute sa splendeur. 

    Enfin, elle a été prête, manquait plus qu'à l'emmener jusqu'au futur-déjà-mari.

    Il m'a fallu reprendre une grande respiration quand le marié s'est retourné, luminescent de bonheur anticipé et de beaugossitude. Idem quand ils se sont aperçus. Le coeur tout serré alors que ça fait que 5 minutes que c'est commencé... (Je sentais bien depuis quelques jours de toute façon que j'allais pas pouvoir accuser le PMS de mon émotivité extrême.) 

    Et puis ce fut notre tour de me préparer. Bébé luciole m'a aidée à enlever ma culotte et à en mettre une assortie à ma robe, miss curly finissait sa manucure de la mort et maman luciole mettait une touche finale à sa coiffure.

    16:00
    L'église, le moment où les vannes ont lâché. Assise toute gênée à côté de maman et papa-berger, j'ai commencé par papillonner des paupières pour chasser les larmes qui menaçaient, puis discrètement essuyé du bout de l'index les gouttes qui refusaient de refluer vraiment, enfin, laissé s'écouler sur mes joues les semaines de stress, de joie, de peines et de magma émotionnel qui venaient de s'écouler. 

    Maman-berger m'a serrée dans ses bras, curly est apparue telle une fée pour faire de même, j'ai timidement embrassé les deux témoins du berger. 

    Voilà.
    Ou presque.

    17:30
    Soleil radieux mais ciel un peu menaçant, en route pour le pré vert qui accueille  le vin d'honneur. J'ai remis mon attelle et enlevé ma veste, bu un peu de champagne, rassemblé les ouailles pour les photos, dit coucou à tous ceux qui venaient d'arriver, souri très grand sur la photo. Et puis j'ai fait une micro sieste forcée sous mon chapeau,  dans l'herbe, face au lac et à la montagne.

    19:00
    En route pour le dîner sous la pluie et les arc-en-ciel, juste quelques "oh que c'est beau là-bas.." et c'est tout.  Moment de grâce et de communion silencieuse dans la voiture avec le malouin qui ne m'oblige jamais à parler. Merci à lui. 

    Pendant que chacun cherche sa table, on finit de rédiger le morceau de discours qu'on a décidé de faire lire aux mariés tout en plaisantant avec les autres qui se moquent légèrement de ce petit coup de désorganisation de dernière minute. 

    Pendant que les premiers plats arrivent, je termine la rédaction de mon propre discours. Je me retrouve avec un gage de mot à caser. J'ai mal au ventre et les mains qui tremblent alors qu'on a refusé de miser sur l'émotion... la zénitude est dans la place.

    Mon discours est passé, je peux aller mettre le souk aux autres tables. De toute façon, à la table des mariés j'aurais pas osé, trop visible...

    Les mariés ont ouvert le bal en catimini. Comme par hasard...

    Je sais pas quelle heure
    La mariée avait trop chaud, j'ai mis mes mains sous sa robe et enfilé son jupon sur ma robe bustier, j'ai l'air d'une folle probablement. Tant pis. Je danse de toute façon comme une cinglée désarticulée et j'ai des pinces à linge dans les cheveux. Lâchons-prise deux heures.

    J'ai même pas mal à la cheville, mystère. 
    Du coup j'accepte une invitation à danser le rock. Et j'en perds mon bustier.

    Petit à petit, les gens s'éclipsent. Il ne reste que les très motivés et les très partis. Même no one is innocent et eminem ne suffisent plus.

    5:00
    Les mariés s'en vont, on rassemble les affaires et on appelle le gardien qui doit fermer la salle. Je suis sobre et épuisée, pas ou plus tellement en phase avec ceux qui sont encore là. Je m'inquiète de ces déglingos qui marchent voire rampent sur la route et traversent n'importe comment. Certains vont se baigner au lever du jour, d'autres refont le monde.

    Je n'ai aucune patience et suis désagréable avec tout le monde. Cette journée finit très bien.

    6:00
    J'écoute les respirations de mes voisins de chambre et aussi le bruit du jour qui est réveillé. J'ai trop chaud mais je ne peux pas me mettre torse nu. Je voudrais m'épuiser les yeux mais je ne peux allumer la lumière.
    Immobile, je ne dors pas.

    Demain, il y a le retour de noces, la ballade sous la pluie diluvienne, la recherche d'une pharmacie de garde inutile, la sieste-lecture et les 21 boules de glace mais pour l'instant mon esprit est vide.

    Demain arrive dans moins de 5 heures. Je serai probablement insupportable et je râlerai dix fois plus que d'habitude mais c'est pas grave, personne ne remarquera. On sera tous encore gavés du bonheur de cette journée.

    Rideau.

    Merci les mariés, merci la famille, merci ceux qui m'ont subie pendant trois jours,  merci tous les autres invités. 
    Je ne sais pas très bien vous raconter sans partir dans tous les sens, j'en suis désolée, le fait juste d'écrire ces mots me serre d'ailleurs la gorge et me fait couler les larmes sur les joues (bon là, c'est le PMS aussi un peu, j'avoue...) mais j'avais envie de laisser une trace, mes mots sur ce moment.

    Merci les mariés. Pour les émotions puissance vingt mille et le partage de vos vies et l'impression rémanente que je suis aimée et fais partie de votre tout si harmonieux.

     

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  • almost happy

     

     

    Le gros ventre abritant le futur fils de catwoman et Lucky Luke.

    Je suis là, dans mon élément, mon autre chez moi. Et elle est là avec moi. J'aime regarder et écouter ses réactions devant ces lieux que j'ai vus dix fois, vingt peut-être. Le chapeau melon, ses sourires, la ballade pas raisonnable mais on s'en fiche, le fish'n chips... Les trois jours avec elle que j'attendais depuis 15 mois. Le week-end que tu mets parfois sur pause pour mieux le savourer.

    Un concours de like entre les photo de la jolie mini-bean et celles de mes lunettes.

    Dormir chez elle pour économiser ma cheville. Me pelotonner sur le côté en sachant que je vais fatalement l'empêcher de dormir, un désagrément que sa profonde générosité a volontairement ignoré. Tout comme elle a ignoré les deux heures d'embouteillages sur le périph pour venir me chercher.

    La longue conversation téléphonique salvatrice. Celle où je suis autorisée à râler sans chercher de solution.

    Ce pays finalement pas très beau, pas au premier regard en tout cas. Mais rempli de ces moments parfaits, ceux dont on ignore même comment ils se produisent. Les chutes fermées, le vieux continent, la sieste dans l'herbe, le match de hockey, le thé montagne bleue qu'on a emporté et qu'on boit en pensant à Henri et à ses amis, lors de sa soirée d'anniversaire, les expatriés connus ou non qui partagent leur Canada.

    Un instant volé aux futurs mariés, enlacés, silencieux, rayonnants de la beauté qu'ils me distribuent sans compter.

    La journée la plus douce du printemps. Celle où on se perd dans les sous-terrains puis dans ses pensées, sur la haute chaise à remplir les dernières cartes postales et lire GQ en grignotant mon muffin, la musique mise plus fort l'air de rien quand je me mets à onduler des épaules, le silence profond de ceux qui ne s'obligent pas à meubler les instants... l'au revoir maladroit de deux timides qui espèrent s'être dit combien c'était chouette, cette découverte de l'autre.

    Le vert tendre des feuilles nouvelles. Le rose fuchsia de ma nouvelle culotte. Le bleu délirant des cocktails de la distillerie.

     

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  • Tindersticks au Trianon

      

    Pas un bonsoir pas un sourire pas un signe.

    La musique commence immédiatement, alors que je ne me suis même pas préparée, que je ne suis pas tout à fait certaine d'avoir déjà entendu une seule chanson des Tindersticks. En route. Pas de préparation. Tu suis ou tu restes là et tu t'occupes en attendant que ça passe.
     
    Etant donné l'étonnement que ce début de concert hyper abrupt a créé chez moi, j'ai pas hésité, j'ai ouvert la portière et me suis embarquée avec eux. Au pire, me suis-je dit, je pourrais toujours somnoler à l'arrière ou m'échapper lors de la pause pipi.
     
    En réalité, je ne suis pas descendue, je suis restée dans la voiture, j'ai voyagé avec Tindersticks jusqu'au bout. On venait de finir le repas du dimanche dans le Maine, on partait vers le Sud, il faisait chaud, comme une fin de journée d'été, on partait à l'aventure le long d'une route qui semblait infinie. J'ai pensé aux photo douces et nostalgiques de Nicolas Brunet sur la route 66 et à celle-ci en particulier. Le voyage paraissait plein de promesses.
     
    Au détour d'une chanson, j'ai fermé les yeux, j'ai écouté la voix profonde du pianiste me raconter l'histoire d'un couple, j'ai laissé couler la musique qui faisait couler sous mes paupières les paysages qui défilent derrière la vitre, je crois qu'on était en Louisiane. Je me sentais seule dans la salle de concert. Comme si c'était juste pour moi que ces notes et ces mots étaient joués.
     
    Chaque fois qu'une chanson finissait, des applaudissements nourris mais jamais d'hystérie. Je crois que tout le public était à l'unisson. Enthousiasme profond mais serein.
     
    Chaque morceau me faisait vivre des sensations différentes, le voyage avançait peu à peu. De ce fait,  quand j'y repense, j'ai le souvenir d'un moment cinématographique et pas seulement musical. Pas l'addition de moments mais un ensemble homogène. Au point que malgré les applaudissements, j'ai l'impression qu'il n'y a eu qu'un seul morceau.
    Je sais qu'à un moment, on s'est arrêté dans un joli motel au bord de la route, il me semble qu'on a aussi pique-niqué sous les arbres pas loin d'un lac, on a fait une pause pour boire un ice cream soda sur main street dans une toute petite ville endormie.
     
    L'autre passagère et moi, on se regardait souvent en souriant pendant que le pied ou la tête marquait le rythme. Je ne sais pas si on ressentait la même chose, mais on était heureuses de les écouter. Et puis on a fini par arriver. Mais ce n'était pas triste parce que c'était écrit : on faisait un morceau de route ensemble puis on se retrouverait, si on le souhaitait, en écoutant l'album.
     
    Et ça marche, chaque fois que j'entends Tindersticks, je m'en vais.
     
     
     

     

     

  • Dilution

     

    Dos vouté qui s'éloigne discrètement sous l'oeil indifférent des passants guettant le feu orange puis rouge. Volutes de soleil couchant dans la poussière de l'air ambiant enfermé. Pressentiment de l'orage salé.

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    Gris fondu au loin, formes indistinctes de pins et de marins. Vent serein qui secoue les voisins. Musique choisie avec soin dans la salle de bain. Shampoing puis crème de soin sur joues mouillées. Sensation salée.

     

    Désespoir que laissent entrevoir les soupirs dont le noir n'est plus le seul tiroir. Miroir qui ne croise plus le regard trouillard des matins de semi-cafard. Grand écart, essai de sourire dans le reflet. Abandon salé.

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