Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blog me tender - Page 39

  • Chère Gwen

    Chère Gwen,

    Je te remercie pour ta lettre. Elle m'a touchée probablement plus que je ne saurais l'exprimer mais je vais quand même essayer de te le dire parce que c'est un peu ce qu'est notre histoire pour moi : tenter de se dire, même quand ce n'est pas clair, même quand ce n'est pas beau.

    Si j'y réfléchis, tu es la première personne dont l'amour inconditionnel m'ait fait penser que je ne le méritais pas. Je te regardais, je t'écoutais et je me demandais si tu ne voyais pas bien plus que ce que j'étais réellement. Un peu comme si tu avais décidé de cristalliser sur moi ton souhait de la personne que tu attendais. Pendant que moi, avec mes peurs et mes lâchetés, mon insouciance de façade, je me disais que j'étais bien laide. Ce syndrôme de l'imposteur contre lequel je tente encore souvent de lutter aujourd'hui...

    A cette époque, j'avais une foultitude de copines avec qui passer les récrés, faire la foire en classe, parler des heures au téléphone, partir quelques jours en vacances...
    Paradoxalement, ce fut une période très compliquée pour moi. Je me sentais investie de l'amour et des attentes de trop de monde. Tant de monde que finalement, en dehors de l'école, j'étais la plupart du temps seule. Avec en filigrane l'horrible et terriblement prétentieuse sensation de représenter un trophée pour tous. Un peu comme si les gens ne m'avaient pas aimée pour moi mais pour ce que je représentais aux yeux des autres.
    Au milieu de tout ça, il y avait nous deux. Binôme, couple, duo, association... impossible de nous qualifier je crois.

    Mon rôle n'a jamais vraiment été de gérer la révolution, je pouvais être directive ou un peu chef de meute mais si on regarde mes actes, j'étais surtout celle qui réconciliait les gens, qui écoutait le vilain petit canard de la classe, qui créait de la cohésion. Paradoxe, je n'étais pas une petite souris qui agit en sous-main et observe mais plutôt ce que les gens qualifient de "forte personnalité". Enfin si, j'étais une petite souris puisque peu remarquaient ou savaient toutes les micro actions que je menais pour maintenir l'équilibre du groupe. Ce que les gens voyaient, c'était la fille explosive, bavarde et enthousiaste. Sauf que je ne savais pas gérer cette forte individualité en imposant mes choix au risque de voir le groupe éclater. Je créais du compromis.

    Dans cette lettre, tu parles d'un évènement très important pour nous 2. Si je me souviens très bien de sa substance, je n'avais en revanche pas la moindre idée de la discussion en elle-même. Je veux dire, matériellement, j'aurais été incapable de te décrire où, quand et en quels termes nous avions parlé de moins nous voir, ou différemment en tout cas.
    Oui, avec le recul, peut-être qu'inconsciemment nous avons vécu une rupture, ce jour-là. Une rupture molle et pleine de compromis comme je sais si bien en mettre en place. La dilution entraînant théoriquement l'oubli.

    C'était finalement bien plus simple de ne rien faire que de me battre contre la société. De toute façon, confusément, je sentais bien que j'allais couper les liens à courte échéance, ou plutôt que j'allais les laisser se dissoudre dans la distance qui s'installerait forcément quelques mois plus tard. Impossible de me souvenir combien de temps a pris la mise en place d'un nouvel équilibre. Je sais en revanche que le besoin viscéral de te voir n'a -lui- pas disparu. Mais je crois que j'étais trop perdue et trop lâche pour revenir vers toi.

    Même après qu'on se fut éloignées l'une de l'autre, j'ai continué longtemps à t'écrire, alors que j'avais comme perdu ton adresse. Au début, je le faisais sur le papier de notre cahier et puis ensuite, dans ma tête. Combien de lettres ai-je commencées sans les finir ? Je t'ai raconté tant de choses toutes ces années que je suis parfois étonnée de devoir te (re)dire certains épisodes de ma vie. Parce que même si tu n'étais pas là, tu y étais au fond.

    Désormais, tu es là. Pas tous les jours, épisodiquement mais là quand même. Pour l'instant, je me demande si nous devons rattrapper le temps ou si se contenter de la magie du naturel de nos retrouvailles permettra de construire cette nouvelle partie d'histoire. En attendant d'avoir le temps d'y penser sereinement, je profite de ce que nous avons. Et c'est bien.



    A très vite,

    Gwen

    PS : Mais quand même, pour toujours, certains moments, choses, musiques, lieux me feront toujours penser à toi.




    Madonna - Dear Jessie
    envoyé par foxysoul. - Regardez d'autres vidéos de musique.


  • Mes lieux de bloguerie

    Alors donc à la demande de plume vive, en photo et en mots, que je vous dise les endroits que je choisis pour bloguer.

    Au tout départ, pas photographiable, il y a ma tête. Les idées de note, parfois même des paragraphes entiers, sont d'abord écrits dans mon cerveau survolté. Je marche beaucoup et une partie de mes pensées dans ces moments-là devient des notes de blog.

     

    Physiquement, il y a mon bureau déjà. Mon bureau de travail. Je fais des pauses blognotes voire je finis un peu plus tard pour taper une idée que je ne veux pas laisser passer. Parce que je suis sans conteste dans de meilleures conditions que chez moi. Rien d'autre à faire, pas de télé en fond sonore, pas de contingence ménagère parasite non plus.

    bureau.jpg

    Parfois, aussi, par petits bouts ou dans leur intégralité, je note des notes dans un de mes carnets. C'est le côté nomade de ma bloguerie. Au café quand j'arrive avant mon rdv, dans la salle d'attente, dans les transports en commun. Dans le train ou l'avion, surtout. J'aime bien écrire immergée dans la musique de mon ipod, appuyée à la tablette, en regardant du coin de l'oeil le voisin tenter de déchiffrer mes abréviations et mes gribouillis.

     

    Et puis chez moi. Le plus souvent sur mon canapé ou dans mon lit, mon portable bien calé sur mes genoux en tailleur. 15 fenêtres ouvertes en même temps, choisissant l'illustration en même temps que refaisant 20 fois le même paragraphe. Bizarrement, j'ai remarqué que j'écris moins fluidement quand je suis chez moi et que j'ai du temps. Moins efficace et beaucoup plus critique.

    LIT.jpg
  • Days

    Day One

    Aspirateur et serpillière.

    Crumble poire chocolat, tisane et thé de Noël.

    Courbatures pour la quasi intégralité de mes muscles.

    Tricot devant la télé.

    Des paillettes de fous rires encore là et un peu de nostalgie inquiète à l'idée de 2010, due à la fatigue sûrement.

     

    Mais je suis heureuse.

     

    Day One O One

    Aspirateur et serpillère.

    Tartines beurre salé et thé à la fleur d'oranger, chocolat noir très noir.

    Légère migraine et giboulées.

    Ordinateur devant la télé.

    Des paillettes de bonheur rémanente et un peu de nostalgie en pensant à la veille, si peuplée comparé à ce jour si vide, due à la fatigue sûrement.

     

    Mais je suis heureuse.

    4474145077_2256dd4afe.jpg
  • Nous venons d'atterrir à Lille

    Lille est le plus joli cadeau qu'il m'ait fait. Dit comme ça, ça peut paraître un peu bizarre mais je crois que c'est celui qui m'a le plus touchée. Ce fut également le dernier même si à ce moment-là nous n'en savions rien.

     

    2941936781_a5918f2c0d.jpg


    Niveau cadeaux, il n'était pas toujours inspiré. Du coup, d'habitude, je passais les semaines qui précédaient les anniversaires ou Noël à lui souffler des idées de cadeau. Je ne faisais pas toujours dans la mesure, je faisais parfois directement une liste façon lettre au Père Noël. Parce que sinon, il tombait souvent à côté. Mais là, j'étais juste soufflée d'émotion : une journée à Lille, ville que je ne connaissais pas du tout. Ce n'est pas tant le fait que j'adore visiter des endroits nouveaux mais surtout le fait que pour une fois, il m'avait fait une surprise.


    Il avait mis de lui dans ce cadeau, il avait tenu sa langue alors que garder les secrets ne lui était pas facile. On est parti par une jolie journée ensoleillée de fin d'hiver. Un froid un peu doux pour une journée balade la main dans la main. Tout était très bien organisé, jusqu'au déjeuner du midi et à la pause goûter, il avait potassé le sujet. J'ai aimé Lille instantanément. J'en garde des souvenirs très doux, complices. Une vraie journée parenthèse lors de laquelle on a ri, fait des plans sur la comète, marché des heures dans les rues, qui s'est finie par un thé en terrasse, enveloppée d'un plaid, à la lumière d'une bougie.


    Quelques temps après ma séparation, mon amie s'y est installée. Evidemment, cette ville allait donc faire partie de ma nouvelle vie aussi. Mais y retourner m'angoissait un peu. C'était un des derniers moments de grâce de notre couple, alors me confronter à ces souvenirs était très stressant.
    La première fois, ça ne s'est pas super bien passé. Des chouettes moments entre amis bien sûr, mais aussi plein de petits coups au coeur chaque fois que je passais par un lieu que je reconnaissais. J'avais l'impression de tomber dans un concentré de nostalgie et j'en ai été déstabilisée sur le moment, comme une sorte de retour en arrière en même temps qu'une mise en abîme me serinant ce que ma vie aurait pu être si j'étais restée en couple. J'ai été malade tout le week-end. Alors que je commençais à être bien en accord avec ma décision, à ne plus être prise de doutes sur la cohérence de cette séparation avec mon souhait de vie, je me retrouvai soudainement un an en arrière, au moment où mes certitudes jouaient aux montagnes russes.


    J'y suis retournée plusieurs fois, j'ai créé des souvenirs juste à moi. Je vais y voir mon amie, on y a pris des habitudes, j'ai investi de nouveaux quartiers en plus de ceux de ma journée de découverte. Et voila que j'ai désormais réussi à lier cette ville à mon présent et mon avenir plutôt qu'à mon passé. Je continue à chérir ce dernier joli cadeau qu'il m'ait fait, parce que c'était le dernier et parce que c'était un vrai présent pensé pour moi, juste pour moi. Mais je peux le faire sereinement parce que le cadeau est désormais déconnecté du lieu lui-même.