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Mes fleurs préférées sont les pivoines et les coquelicots. Il y en a plein d'autres que j'aime beaucoup mais ces deux-là sont vraiment celles qui me touchent le plus.
Le coquelicot est de ces fleurs dont j'ai l'impression qu'elles ont une génération spontanée. Elles apparaissent pour des raisons mystérieuses sur le bord de certaines routes ou au milieu de champs de blé. Petites taches de couleur, fragiles et graciles au milieu de la monotonie et de la banalité des grands champs.
Leur apparition est chaque fois un peu magique, elle tient de la joie simple d'enfance. Surtout qu'il est impossible de l'apercevoir l'hiver, quand la saison est finie, c'est fini.
J'aime aussi ce paradoxe de fleur si fragile alors que si tenace et forte. La finesse de ses pétales tout froissés qui se déchirent si on n'y prend garde, sa tige si fine et torsile (ça veut dire qui se tord facilement dans ma langue personnelle.), la brève durée de vie de cette fleur. J'ai toujours envie d'en prendre soin, d'y faire attention, de peur qu'elle ne disparaisse.
En même temps, sa tige est très coriace, pour la couper en deux avec les doigts, il faut y mettre de la force, sinon on se blesserait presque. Pareil pour ses pétales en apparence si doux et fins qui sont pourtant très résistants aux froissements et dont l'elasticité est fascinante. Il paraît que le coquelicot aurait même des vertus narcotiques...
Surtout, le coquelicot me paraît très fier, un peu là à narguer les gens qui tentent de le cueillir puisqu'aussitôt cueilli, il meurt dans la journée, démontrant qu'on n'a pu en saisir l'essence. Il décide de l'endroit où il pousse, du voisinage qu'il accepte, ce n'est pas une fleur de jardinières des terrasses, il reste libre, c'est une fleur des champs. On dit que cette fleur représente "l'ardeur fragile". C'est si bien trouvé !
Aujourd'hui, je dois me rendre à l'évidence, c'est la fin de la saison, les signes sont tous là, bientôt, je vais devoir me passer de Coquelicot. Cette seule pensée m'est vraiment douloureuse. J'ai pourtant tenté de me préparer à ce moment en voyant la fin de l'été approcher, j'ai interprêté les divers signes et bien compris que petit à petit, Coquelicot disparaissait de mon existence.
Pour gérer cet évènement, j'en ai un peu parlé autour de moi pour avoir des conseils, j'ai fait des blagues sur ses absences, j'ai tenté de couper plus tôt, puis de renouer un peu. Pas plus qu'un autre je n'aurai réussi à saisir son essence, je n'en ai pas eu le temps ni vraiment le droit, peut-être.
Peu importe, rien n'y fait. J'ai mal. Je suis triste de la disparition de cette fleur.
Je porte un collier papillons. Très joli soit dit en passant. Et je croise ma big boss.
"Bonjour, Madame Butterfly ! Ca va ? - ça va, j'espère juste que j'aurai pas une fin aussi tragique..."
Silence gêné de 10 secondes. Obligée de m'excuser de ma blague dont j'étais pourtant plutôt fière...
J'ai réussi à passer au niveau expert sudoku tellement je m'ennuie au boulot. Pourvu qu'ils me le filtrent pas !!!
Ginette a décidé de passer en mode diva mystérieuse suicidaire : elle vient aux pots de départ avec 30 minutes de retard. Fait une entrée remarquée. Reste toute seule debout juste à côté de la porte sans rien dire. Puis, toujours sans un mot et après 2 ou 3 minutes d'immobilité totale, elle repart.
Elle espère laisser dans son sillage un relent de : " Oh mon dieu, mais pourvu qu'elle ne fasse pas de bêtises. Elle a l'air si triste, la pauvre. Faut dire qu'avec tout ce qu'elle a vécu ces derniers temps..."
Alors qu'en réalité ça donne plutôt : "Ah tiens, Ginette est de nouveau dans une phase dépressive maudite. Elle fait chier, c'est pas croyable..."
Je me demande si je devrais pas rester finalement ? Elle est so top, cette boîte...
Souvent en rentrant de week-end ou de vacances, seule devant le tapis à bagages de l'aéroport ou remontant le quai vers personne, je me dis que ce doit être bon, d'être attendue. Le décalage est d'autant plus fort que je suis généralement accueillie à l'aller, sur mon lieu de villégiature, même quand je pars seule.
Et je repense toujours à ce billet, un de ceux qui m'aient le plus parlé à ce jour, où une amie indiquait qu'elle aimerait bien que quelqu'un soit là à son arrivée à la gare. Pour sentir que son absence crée une différence.
Bref moment de blues qui passe très rapidement grâce à une bousculade dans le métro, une lutte contre les escaliers avec ma valise trop lourde... la prise de plein fouet du retour à la réalité en gros.
J'y pensais un peu nostalgique et fataliste il y a quelques semaines, par une douce soirée de dimanche où mon avion avait plus d'une heure de retard et où mon appartement vide était la destination de mon voyage. Assise dans le taxi pour une fois silencieux, je regardais rêveusement la Tour Eiffel, signal du retour à la maison.
Et soudain, j'ai souri.
En fait si, je suis attendue quand je reviens. Pas sur le quai, pas dans le hall, mais on m'attend.
Paris m'accueille chaque fois. La Tour Eiffel en est généralement chargée mais parfois ce sont les lions de Denfert Rochereau ou le parvis de la Gare du Nord, le si joli pont d'Austerlitz ou encore les Buttes Chaumont bruissantes. Mais je sais que Paris souris de mon retour, Paris et moi savons que j'appartiens à cette ville et pas une autre. Paris aime que je revienne autant que je suis sereine d'avoir choisi son enceinte pour poser mes premiers pas de vie de femme.
Il y a aussi mes colocs. Je pense que mon absence ou ma présence font une différence -parfois salutaire bien sûr, vivre ensemble c'est aussi apprécier les moments séparés- et que mon retour peut être source de sourires ravis. Et puis ma voisine que j'aime, qui sera généralement bien moins réservée que moi sur la joie simple des retrouvailles, et mon filleul qui répond à mon "Vous m'avez manqué, mon poussin." par un très joli et spontané "Nous aussi..."
Selon que je pars 2 jours ou 3 semaines, je suis généralement impatiente de faire un bisou hiiiiii-sant à ma libellule, de savoir si plus si bébé a grandi et dort mieux, si le week-end angevin a rosi les joues de ma famille, si la jolie bague n'a pas perdu de son brillant, si la prom' est pratiquable pour courir malgré la chaleur.
Je n'énumèrerai pas tout le monde, on n'est pas à la remise des Oscars, ce n'est pas une liste de Prévert, de qui est là qui n'y est pas. Ce que j'ai envie de croire, c'est que finalement, qu'ils vivent à 2 pas ou 800 kilomètres, je suis attendue par tous ceux qui m'ont manqué.
Et quand c'est vous qui partez, sachez que même si je ne suis pas sur le quai, je vous attends. Parce que souvent, je me suis languis de vous.
A foggy day, in London town Had me low, had me down
Grâce à ma culture familiale, je suis très curieuse d'ailleurs. Mais lui était plus casanier. Les idées de vacances, les invitations, les week-ends, c'était plutôt moi qui en étais l'instigatrice. Il était la plupart du temps d'accord bien sûr, mais pas non plus hyper enthousiaste. Sauf pour Londres.
Depuis toujours, la culture anglo-saxonne me fascine. Avec le tunnel sous la manche, fastoche d'y aller ! Il est super partant.GO ! Pour la 1ère fois, il y a un souhait commun et on l'organise ensemble. Il est au chômage, je suis intérimaire, on s'en fout. On fait les choses en grand et tant pis. Premier voyage d'adultes. On est sur un petit nuage par anticipation et c'est bon.
Coup de foudre immédiat et réciproque et partagé pour cette ville. Du coup, très snobement, Londres va presque devenir notre résidence secondaire. Le seul endroit où je n'aurai jamais besoin de lutter ni de batailler pour aller. Parfois même ce sera lui qui lancera l'idée d'aller y passer une journée impromptue. On y a va minimum 2 fois par an. C'est notre ville.
Notre histoire est intimement liée à Londres. Au point qu'une des premières choses qu'il me jette à la figure lorsque nous nous croisons après la rupture, c'est "Moi, je suis allé à Londres le mois dernier. C'était vraiment génial, comme d'habitude." Et moi, paralysée que j'étais sur mes peurs de l'après, je me suis demandée si je serais en mesure un jour d'y retourner.
L'occasion s'est matérialisée par un vieux projet qui devait se concrétiser justement à Londres : un week-end entre soeurs. Tout était pareil mais différent : Londres, mais pas à l'hotel, chez une amie. Londres, dans un quartier que je ne connaissais pas. Londres, avec mes soeurs et pas mon compagnon. Londres, mais pas à Waterloo, à Saint Pancras. Londres, en train toute seule pendant que mes soeurs arrivaient en avion. Mais Londres de mon coeur, toujours.
Et puis il y a eu Londres chez les cousins d'une copine, avec la découverte de Londres à travers ses yeux puisqu'elle ne connaissait pas très bien. Et la session de shopping ou de musées. Mais Londres de mon coeur, toujours.
Et enfin, Londres des habituées, avec ma copine en voyage professionnel. La marche, seule dans les rues si connues en attendant son arrivée. La bière dans un pub choisi par un londonien, le Milenium Bridge encore et toujours. Mais Londres de mon coeur, toujours.
Désormais, surtout, Londres c'est l'arrivée et le départ seule à la gare de Saint Pancras. L'eurostar et le tunnel sous la manche en solo. Je n'y suis jamais seule mais j'y rejoins chaque fois quelqu'un, alors le sas du voyage se fait avec moi pour seule compagnie. Ca donne une drôle de dimension à ces voyages, comme des parenthèses hors de ma vie. Prochaine étape, l'eurostar accompagnée ?
And through foggy London town, The sun was shining everywhere