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Blog me tender - Page 34

  • des pas

     

    Aurélie l'auteur coquelicot, elle m'a permis de me rendre compte que je n'ai jamais partagé ce texte ici avec vous. Il parle pourtant de cette ville si ancrée à ma chair et si loin aussi de moi.

     

     

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    Il faisait toujours nuit à son arrivée. Ou au moins huit mois sur douze. Parce qu'il arrivait toujours le plus tôt possible. Pour le plaisir. Parce que la nuit, tout a l'air plus mystérieux. Il aimait avoir la sensation que les rues lui appartenaient, il jouissait du plaisir de voir les fenêtres s'allumer sur les façades, il imaginait à quoi ressemblaient les vies qui s'éveillaient lentement, il croyait pouvoir partager à distance le petit bonheur de la routine matinale ensommeillée. Il était persuadé que le jour naissant recelait des dizaines d'énigmes, de secrets et de rêves qui ne voulaient pas s'évanouir, il aimait croire que ses pas le menaient malgré lui vers les lieux des plus inextricables intrigues.

    Pourtant, il ne faisait lui-même rien de bien mystérieux à Toulouse : il était étudiant en économie. Et il n'avait même pas cours tous les jours. Mais tant pis. Ou tant mieux. Le temps libre entre ses cours, il l'occupait à déambuler, à découvrir de nouvelles ruelles, à regarder derrière les grands portails des hôtels particuliers si par hasard, une tour, vestige de la gloire capitulaire, ne trônerait pas au milieu de la cour.

    Chaque jour, il prenait le métro et descendait à une station choisie en fonction de son humeur et de l'heure à laquelle aurait lieu son premier cours. En descendant à Patte d'Oie, il pouvait se délecter de la façade de l'Eglise du Sacré Coeur, il en touchait souvent le mur de briques roses derrière lequel se cachait la cour de l'église. Il continuait ensuite jusqu'aux bains douches qui abritaient aujourd'hui un poste de police et un de ces nombreux parkings tenus par Michelange. Il se trouvait alors face à la station de métro Saint Cyprien république. Et là, chaque fois, il hésitait sur la route à suivre : allait-il tourner à gauche vers le pont des catalans ? Les anciens abattoirs désormais musée d'art moderne offraient une très belle perspective mais les allées Charles de Fitte n'étaient pas très glamour.

     

     

     

    Depuis que le pont Saint-Pierre n'était plus suspendu, longer l'hôpital de la Grave lui plaisait beaucoup moins, parce qu'il savait qu'il n'en sentirait plus vibrer le tablier. Sachant que son but était l'ancienne manufacture des tabacs, il savait bien que passer par le Pont Neuf rallongerait beaucoup sa route, cette option ne pouvait être choisie que s'il avait du temps devant lui. Ce détour, il ne le faisait jamais sans un petit pincement au cœur, celui que cause cette émotion indéfinissable, née de l'anticipation du plaisir que l'on va éprouver. Car passer par le Pont Neuf, c'était longer la Garonne par le Quai de la Daurade... Le quai de la Daurade, bordé par la Garonne et les Beaux-Arts, son trottoir parsemé de bancs et de platanes, ses façades de vieux immeubles roses étincelant au soleil levant.

    Quoi qu'il en soit, il lui fallait choisir un chemin puisque qu'il devait traverser la Garonne. Il serrait contre lui ses feuilles de cours et reprenait la marche, savourant par avance sa prochaine pause, celle qui lui permettait de s'abîmer dans la contemplation des eaux trompeuses de la Garonne. Il la regardait du haut du Pont des Catalans, admirant tour à tour le dôme de La Grave ou le flot en partance vers l'Atlantique. S'il passait par le Quai Saint Pierre, il s'arrêtait pour contempler les remous à hauteur du Bazacle, il s'amusait de voir grandir le saule planté là où le canal de Brienne se jetait dans le fleuve. Au printemps, il profitait même des premières lueurs du jour dont les rayons diffus transperçaient à peine la ramée des platanes et il bayait aux corneilles, attendant de voir trottiner les premiers enfants cartablés, en route vers l'école primaire sur la place de la Daurade. Leurs petits pas pressés étaient le signal du départ : il allait être en retard.




    Et il fallait bien entrer dans l'amphi et suivre les cours. En trois ans passés sur les bancs de la fac, il ne s'était pas fait un seul ami. Il n'était pas désagréable, il n'était pas non plus repoussant, c'est juste que parler en cours lui ferait perdre du temps. Ses heures de cours, il les passait à tracer son chemin du retour. Aller vers le centre ville, contourner par les boulevards circulaires ? Se reposer au musée des Augustins, dormir sur les bancs de Saint Sernin ? Il y avait encore tant de lieux dont il ne connaissait pas encore chaque recoin par cœur, il avait envie d'absolu. Il ne pouvait pas repartir de Toulouse en ne la connaissant pas par cœur. Alors il notait sans fin ses impressions, il comparait sa vison du Capitole de jour en Août et celle de nuit en Décembre.

     

    Heureusement pour lui, il vivait seul depuis qu'il était entré à l'Université, il n'avait de ce fait aucun horaire à respecter. Personne ne s'inquiétait de ses errances. Ses parents étaient restés à 300 kilomètres de lui, dans la maison où il avait vécu depuis sa naissance. Un endroit éloigné de tout voisinage, une maison dont les trois occupants vivaient presque en autarcie. On pourrait penser que ce passé expliquait la nature contemplative du marcheur mais ce n'est pas le cas. A l'école, cet étudiant rêveur avait toujours été très volubile, il était plus chef de file que suiveur, toujours à inventer des coups pendables, à faire tourner en bourrique les professeurs et les voisins de classe. Nul doute que ses parents seraient forts étonnés de se rendre compte que leurs pronostics s'avéraient erronés. Ils étaient en effet persuadés que « la ville » était l'endroit idéal pour que leur fils donnent libre cours à sa fantaisie, que le bruit, l'activité incessante toulousaine lui permettrait d'être enfin en phase avec son environnement. Ils ne pouvaient absolument pas s'imaginer ce que leur enfant avait trouvé au milieu du chaos. Peu importe le bruit, les gens, le temps, il marchait. Il découvrait. Il s'émerveillait. Pas d'ennui, pas de dépression, pas de mélancolie. Les gens le croisant le prenaient parfois pour un fou, ce promeneur insensible aux intempéries qui marchait la tête haute, le sourire aux lèvres. Il avait trouvé la plénitude, il savait qui il était et connaissait ses rêves.

     

    Toulouse lui avait porté la paix.

  • Tueur de flic

    140 caractères c'est trop peu pour indiquer mon opinion.
    Et 2 pages aussi, dans le fond, puisque toute opinion est tissée de mille idées sous-jacentes.

     

    Le débat de départ était : est-ce que tuer un flic et tuer un monsieur lambda c'est pareil ?
    J'ai répondu que non.
    Parce que je pense réellement que symboliquement, tuer un policer et tuer un homme ce n'est pas la même chose.

     

    Un homme c'est vous, c'est moi, c'est un flic ou un libraire, c'est l'amant de votre femme, l'adorable mamie du 5ème...

     

    Un policier ou un gendarme ce n'est pas un homme.
    Le flic représente en premier lieu l'Etat. Et plus précisément la fonction de gestion de l'ordre public dévolue à l'Etat. Alors que cette personne sera peut-être le plus aimable des parents, le défenseur de hamster le plus fervent et le propriétaire du plus beau potager de la région, quand elle porte son uniforme, elle est déshumanisée. Elle est le bras armé de Sarkozy pour certains, le garant de notre sécurité pour d'autres.

     

    Dans un cas on tue quelqu'un du fait de sa fonction et dans l'autre on tue l'individu. Chaque fois une vie disparaît mais si on exclue les cas d'accident ou de légitime défense, on ne tue pas un policier pour les mêmes raisons qu'on tue son voisin.

     

    Dans toute situation il y a la situation de départ et puis tous les éléments spécifiques de l'événement, qui vont faire que l'acte du délinquant va paraître moins ou plus grave. On appelle même ça les circonstances aggravantes.

     

    J'ai tué.
    Un être humain.
    Handicapé.
    Agé de 78 ans.

     

    J'ai tué.
    Un être humain.
    Bien portant.
    Agé de 30 ans.

     

    Eh bien c'est malheureux à dire -parce que théoriquement la vie de n° 2 n'est pas moins importante que celle de n° 1- mais je risque plus gros dans le cas 1 que 2. Parce que ce n'est symboliquement pas la même chose.

    Alors on pourra me rappeler que nous sommes tous libres et égaux en droits. Ce principe tiré de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen ne signifie pas que chaque vie ait la même valeur, il signifie qu'au regard de la loi en vigueur, chacun doive se voir appliquer les mêmes règles et de la même façon.

     


    J'ai tué.
    Un être humain.
    Bien portant.
    Agé de 30 ans.
    Qui promenait son chien dans mon quartier.

    J'ai tué.
    Un être humain.
    Bien portant.
    Agé de 30 ans.
    Qui patrouillait dans mon quartier.


    Non, les 2 histoires ne sont pas les mêmes.

    Sont-elles pour autant différentes au point que l'on doive m'expulser de mon pays, me déchoir de ma natinalité dans un cas mais pas dans l'autre ? Là n'est pas le débat.
    Elles sont à mon sens objectivement différentes. Parce que tuer un policier n'a pas la même portée symbolique que tuer un passant au hasard.


    Allez-y, vous pouvez me traiter de poujadiste ou de sale réac voire même de facho, même pas peur. Je suis capable d'étayer mon argumentation de façon calme et construite autour d'un perrier (avec de l'alcool dans le sang c'est plus compliqué j'avoue...) ou par courriel si le coeur vous en dit.


  • En compagnie

     

    Il est des mystères absolus en forme d'évidences. Des gens en l'occurrence. Des compagnons de route.

     

    Parmi les conditions sine qua non de vacances parfaites ou presque, il y a les envies communes. Les émerveillements n'ont pas à être instantanés et concomittants mais il est important que les voyageurs n'aient pas d'envies trop discordantes. J'aime par exemple profiter et m'imprégner d'un lieu avant de m'enfermer dans ses murs. Humer l'air, déambuler. Quand j'ai l'impression que la ville et moi devenons proches, alors je vais dans le détail de ses musées.

    Un autre point important du compagnon de voyage idéal est plus prosaïque mais fort important : la pause-pipi. J'ai une vessie de moineau, du coup, je m'arrête quasi chaque fois que je vois des toilettes, au cas où, par précaution. Et j'ai horreur d'avoir la sensation que je fais attendre les autres pendant que je me repoudre le nez. Idéalement donc, il faut que l'autre s'arrête aussi...

    Faire les boutiques ne doit pas paraître futile, ni une perte de temps. Passer une heure dans une librairie, préférer le détour à l'efficacité. Ne pas s'attarder pour autant sur les endroits qui ne plaisent pas, préférer passer à autre chose que s'obliger à explorer les monuments encensés dans les guides.

    Et puis aussi et presque surtout, j'aime avoir le temps de manger. Découvrir de nouveaux goûts, se nourrir. Pas seulement parce que j'ai faim mais aussi pour le plaisir sensuel d'un des seuls moments du voyage où les 5 cinq sens emmagasinent des souvenirs.

     

    On parle, pas parce qu'on est obligé mais parce qu'on a envie, que c'est le moment. A bâtons rompus ou au contraire par allusions, sans finir la phrase parce qu'on imagine que l'autre aura parfaitement compris quel était le sens de ce début de conversation. Et puis soudain on n'a plus envie, on se tait et l'autre n'en prend pas ombrage, prend tout simplement en compte ce silence et vaque à ses propres pensées. Ce n'est pas un moment vide, ni hostile, ni incompréhensible. Le silence est plein de la richesse de l'autre. On en profite.

     

    La possibilité du silence est peut-être la chose qui compte le plus pour moi. On pourrait croire -j'imagine- que je suis une pie incapable de s'arrêter mais il n'en est rien. Régulièrement, je me tais. Et j'écoute, j'observe. Ou au contraire je m'éclipse, j'entre en moi, je me recroqueville non... je m'étends et m'évapore sur des pensées qui ne sont que miennes. Et les gens qui le savent et le prennent en compte sont rarissimes. (Et je ne les en aime que plus.)

     


     

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    Je suis joie et ravissement d'avoir rencontré dernièrement une de ces parfaites personnes. De celles dont on ne se dit pas une seule fois de toutes les vacances qu'on voudrait un moment seul, à soi. Parce que pas une fois on n'a été envahi par sa présence. Le naturel et l'évidence qui ont guidé mes 10 jours en sa compagnie m'ont permis de me réconcilier un peu avec moi.

     


  • Comme des doudous

     

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    Une soirée. Non, en fait deux dans la même semaine, avec ce petit groupe de foufous que j'aime vraiment bien et qui m'attendrissent autant qu'ils me font rire.

    J'ai des nouvelles lunettes, 3 paires même. Dont une paire de solaires à ma vue et je suis bien contente.

    God bless les playlists de Chérie. Et Twitter. Et les mails. Et les sms. Et les apéros. Ils m'ont permis de me déverser quand CLC a recommencé à me faire super chier.

    On est là dans l'herbe, il fait tout doux, le soleil a cette luminosité dorée de la fin de journée et on discute de tout de rien pendant qu'une bébé à bouclettes se dandine avec son combishort elmo.

    Des DM qui font éclater de rire mais pas que, à base de harcourt du pauvre, de gentille inquiétude et de moquerie affectueuse.

    C'est pas un petit bonheur (quoique) mais une fierté. Le principe de ces listes étant de me souvenir des jolies moments ou réalisations, je la mets là quand même : j'ai mis à jour mon CV, me suis inscrite sur viadeo, ai un rendez-vous pour un poste fin août et même maintenant il y a mon CV en ligne sur monster.

    La libellule et le libellulon.

    Etre émue aux larmes de rire par une déclaration d'amour sur répondeur sur un ton un peu en colère. Chérie, moi aussi je t'aime.

    D'habitude on ne se voit pas souvent en dehors des heures de boulot, mais là, on s'est donné rendez-vous un samedi et on a papoté tout le long de l'après-midi.

     

    Et puis cette chanson aussi, aux paroles fortes dites par une voix tellement venue d'une autre époque et en même temps non. Sur une musique des plus joyeuses qui me fait le sourire automatique.