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Première surprise plutôt sympathique : il y a un menu du midi à 15 euros pour entrée/plat ou 18 euros pour entrée/plat/dessert chez une poule sur un mur.
Préparer des lasagnes pour 10 en discutant de ce syndrôme si compliqué à gérer et des amis vieux et des amis nouveaux. Aimer se dire que son sourire à l'idée d'être là est aussi sincère que le mien.
C'est pas tout ça mais il nous faudrait une maison, non ? Il était inutile de se cacher la tête dans un sac, aussi patients et généreux mes hôtes fussent-ils, il allait falloir que je me décide à chercher MON chez moi.Un endroit que j'aurais choisi, qui me donne envie de rentrer après la journée de boulot et où, potentiellement, je devais être en capable de passer des heures seule à regarder le temps qui passe sans tomber dans la dépression. Mon quotidien à l'époque était quand même très vide de la présence des autres. C'était encore une grosse phase "je suis trop une méchante je mérite d'être seule seule seule"
De toute façon, j'avais bien trop peur des questions que me poseraient les gens si je les croisais. Alors surtout, je ne prenais contact avec personne.
J'ai laissé trainer cette recherche d'appart. Téléphoné, visité des trucs absolument horribles. Rien ne me faisait envie. Et puis j'ai décidé de changer d'arrondissement : pourquoi rester là où nous avions vécu alors que Paris est immense ? Sur un coup de tête, j'ai pris le premier studio salubre et dans mon budget que j'aie trouvé. Je me suis retrouvée avec une cuisine entièrement équipée (j'ai pu garder l'électroménager) et une pièce à vivre intégralement vide.
Au départ, j'ai campé. Littéralement. Dodo sur un matelas gonflable, éclairage à la bougie pour cause d'EDF déficient, douche à l'eau froide parce que pas d'électricité égale pas d'eau chaude. La sensation de n'être que de passage allait en grandissant. Or, il fallait de toute urgence que je retrouve un quotidien qui m'appartienne. N'étant plus une adolescente, vivre entre 2 eaux ne pouvait pas être une solution même à moyen terme. Déjà, je venais de passer d'un appartement de 3 à 1 pièce, il fallait que ça reste vivable.
N'ayant qu'une seule pièce, il allait me falloir trouver un canapé-lit. Aussitôt, j'ai eu en tête la pensée du lit défait, ouvert en permanence, prenant toute la pièce. Des semaines pendant lesquelles j'irais du lit au frigo, au lit, à la télé, au lit, à la commode de fringues, au lit, à la salle de bain, au lit. Le canapé jamais refermé qui servirait de lit, canapé, table, bureau, planche à repasser... L'idée était déprimante d'avance. Alors j'ai fait la première folie de ma vie d'adulte indépendante : j'ai claqué un mois et demie de salaire dans un canapé-lit qui se referme facilement.
J'ai pris le temps de choisir mes meubles, vécu quelques mois dans les cartons. Mais au final, l'appartement me ressemblait. Des petites touches de déco ici ou là jusqu'au bordel perpétuel dans certains coins, une fois montés les 5 étages, je fermais ma porte et je me sentais vraiment dans un cocon. Sans pour autant que j'aie perdu toute envie de voir les autres. J'adorais mon quartier, cela rendait plus facile les excursions dans le monde...
Ma plus grande victoire (ou presque) ? En 2 ans, je peux compter sur les doigts de 2 mains le nombre de fois où j'ai laissé le canapé ouvert.