Rester toute la journée sur, sous, à côté de sa planche est particulièrement épuisant. Pas tant physiquement que mentalement : choisir d'y aller ou non, mesurer la vague à venir, rester calme quand on boit la tasse, repérer où se trouvent les autres surfeurs, mobiliser ses forces, sa concentration, son équilibre pour tenir debout sur la planche ou au moins y rester sans couler... sont autant de raisons de finir la journée sur les rotules. Hébété de fatigue, proche de la sidération.
C'est là l'hébétude que l'on ressent après un effort intense de concentration. J'ai coutume de dire, après des journées de ce type, que je suis épuisée. Je l'entends au sens littéral : je me sens comme si mes ressources naturelles étaient épuisées. Dans ces moments-là, j'ai beaucoup de mal à fixer mon attention. Idéalement, je reste un moment les yeux dans le vague, à laisser mon esprit se refaire une santé en divaguant et pour remonter la vague plus vite, je m'entoure de musique planante. C'est typiquement dans ces situations que j'écoute The Doors. Je les connais si bien que je peux tout autant laisser couler les chansons sur mon cerveau surchauffé ou au contraire investir une des mélodies en la chantonnant ou en la dansant selon l'humeur.
The Doors et leur musique représentent parfaitement pour moi le moment où Bodhi et le reste de sa bande se rassemblent sur la plage -évidente manifestation de l'esprit grégaire qui les anime- pour se raconter leurs exploits. La fête battra son plein dans pas longtemps, mais en attendant, c'est l'heure de se ressourcer un peu. De regarder le feu qui prend sur la plage et ne rien faire. Même le récit des anecdotes de la session arriveront plus tard. Pour l'instant, on est habité par la fatigue et on doit l'évacuer.
Well, the clock says it's time to close now
I guess I'd better go now
I'd really like to stay here all night
The cars crawl past all stuffed with eyes
Street lights share their hollow glow
Your brain seems bruised with numb surprise