Je suis une personne particulièrement empathique. Je veux dire, je pense être largement au-dessus de la moyenne en matière d'empathie.
Pour schématiser à l'extrême, je suis heureuse quand les autres sont heureux et triste de voir les autres tristes.
Mais c'est moins simple que ça n'en a l'air : je vais également me sentir concernée quand le collègue d'un ami m'explique qu'il a un ongle incarné, quand le marchand de poisson s'angoisse du bac que son fils ne bosse pas assez, quand une copine m'annonce que sa voisine va avoir un bébé, quand j'apprends que Paris Hilton a retrouvé ses culottes…
Alors vous imaginez dans quel état je suis quand il s'agit de quelqu'un pour qui j'ai de l'affection (même un début de…) ?
Le paradoxe de cet état de fait, c'est que je suis obligée de cultiver un détachement extrême, au moins en apparence.
Pour me protéger moi, d'abord. Absorber toutes les émotions des autres est nerveusement épuisant. Même les bonnes. Je ressors parfois lessivée de conversations ou même de minutes silencieuses.
Pour protéger les autres, ensuite. L'envahissement est vite arrivé quand on réfléchit au fait que le corollaire de l'empathie, c'est l'envie spontanée de partager tout ça. J'ai peur de déborder si je ne me contrôle pas.
Au final, les gens pensent parfois de moi que je suis tout à fait indifférente alors que c'est juste la distance de sécurité !
Depuis de nombreuses semaines, j'ai les larmes aux yeux mais je ne sais pas le lui dire parce que je ne sais pas si c'est bien ma place de lui dire mon affection, à ma douce de l'ouest.
Actuellement, je suis dans un état de stress et d'inquiétude pas possible. Je sens bien, jour après jour, que ça ne va pas mieux et qu'elle s'affaiblit. Et je me sens impuissante, je ne suis pas là.
Ca doit faire un mois environ, j'ai des papillons dans le ventre parce qu'elle est amoureuse et que ça fait briller ses yeux.
Le mois dernier, sa voix était si chargée de bonheur quand il m'a dit qu'il avait réussi que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en l'écoutant. Le sourire est resté longtemps après avoir raccroché.
J'ai passé une journée entière dans l'euphorie quand elle m'a dit que bébé était en route.