Au départ, Camille ne me plaît pas. Elle me met mal à l'aise. Sa chanson "Ta douleur" passe en boucle à la radio, à la télé. Le clip est tout simplement pas regardable à mon sens. Je la zappe. Tout le temps.
 Et puis je la vois chanter en vrai "Au Port" à Taratata et puis j'entends tous les matins sans savoir qui c'est mais en aimant "Gospel with No Lord" et puis je la vois faire 2 chansons au Grand Journal. Désormais, elle m'intrigue plus qu'elle ne me met mal à l'aise.
 Des amis vont à son concert et adorent. Ils en parlent des étoiles dans les yeux, mettent d'autorité tous les albums de Camille dans mon ipod et me disent qu'ils retournent la voir au Zénith et qu'en prime d'eux y aura une cop que j'aime trop.
 Où des bonnes et des mauvaises raisons me font acheter un billet de concert.
 Elle entre sur scène, seule. Bizarre bizarre dans ses gesticulations. Je suis un peu inquiète, j'avoue. Elle se redresse et enchaîne illico, toujours seule sur cette grande scène et a capela. Le public se met à applaudir fort puis fait mine de taper dans les mains en rythme.
 En fait non, un silence de cathédrale tombe : ce petit bout de femme nous a pris en otage avec juste sa voix et les percussions sur son torse.
 Le reste de la troupe arrive, elle mène tout le monde à la baguette. D'un geste de la main elle "envoie" les sons à reproduire, fait signe d'enchaîner ou d'arrêter. Un ballet de gestes.
 Où un lutin chef d'orchestre a pris le pouvoir.
 Je ne pense qu'une seule seconde de ce concert n'ait pas été répétée 12 fois et pourtant, il reste de la place pour le pétage de plomb et l'imprévu "collez mon micro, s'il vous plaît... avec du gaffer" chante t-elle soudain. Ca ajoute de l'insolite sans casser la construction.
 Puisque tout est pensé, chaque détail semble fascinant. Chaque bruit, chaque son est distinct et mêlé aux autres. J'ai cherché un moment les percussions avant de m'apercevoir que c'était un human beat box et les pieds des messieurs choristes qui en faisaient office.
 Et puis y a pas de raison qu'on fasse rien ! Si c'est ça on va servir de bruiteur à coups de miaou miaou, de percussionnistes des pieds en sautillant en rythme, de choeur en attrapant au vol les sons qu'elle nous envoie.
 Où tout est potentiellement un instrument de musique.
 C'est beau, drôle, envoûtant, émouvant. Ca tient presque du génie : elle est fraîche, capricieuse et survoltée, elle nous transmet tout ça sans façon, avec un naturel et une spontanéité désarmants.
 Elle tente maladroitement de faire de la pub pour son concert téléchargeable gratuitement sur son site, gère à merveille les temps morts et les loupés, dirige tout le spectacle sans l'alourdir de sa main de despote.
 Après le rappel d'usage, elle revient faire un peu le cirque. C'est fini, on l'a bien compris mais on persiste et elle continue : les derniers rappels seront un juke box. Le public choisit les chansons qu'il veut !
 Où le concert qui n'en finit pas d'offrir des surprises.
 C'était sublime, je ne regrette vraiment pas, j'ai adoré. Le temps de vous raconter tout ça, j'ai déjà téléchargé 3 des 5 blocs du concert. Hâte de revoir...