Jack vit seul dans sa cabane au Canada depuis un moment déjà, comme en exil, en exil des autres et en exil de lui-même aussi quelque part. Il a été pilote un jour et puis photographe un peu... Par hasard semble t-il croire. Aujourd'hui il est en suspens.
Tristan, lui, ce sont les autres qui aimeraient être en exil de lui. Il est instable et touche à tout et se retrouve une fois de plus à l'hôpital psychiatrique après une bagarre alcoolisée. Jack va l'y chercher mais Tristan ne tient pas longtemps enfermé dans la cabane au Canada.
Alors Jack et Tristan se persuadent que la solution est ailleurs, ils prennent la route et croisent Nuna. Elle aussi est un peu bizarre : elle accepte de partir vers l'inconnu avec deux clients d'un bar d'où elle vient de démissionner...
Et moi aussi, je me suis embarquée sur la route vers le Sud. On s'est arrêté dans le Maine d'abord. On a exploré les choses qui font du bien, les amitiés qui vous portent, les souvenirs qui font grandir, ceux qui aspirent vers le passé, ceux qui mettent des larmes aux yeux, ceux dont on ne sait pas si on a envie de se souvenir justement. On a bien rigolé parfois et on a vécu des émotions profondes aussi.
Ce livre, il m'a parlé de moi. De toutes ces questions que je ne savais pas que je me posais il y a un peu plus d'un an, quand j'étais encore avec lui mais plus tout à fait vraiment. Quand je restais ces longues soirées silencieuse, déjà en exil de nous. Tous ces détails dont je n'avais absolument pas conscience sur le moment mais qui auraient dû hurler si fort pourtant. Tous ces détails que j'ai mémorisés si fort, comme si j'avais eu la prescience qu'ils étaient les derniers...
Ce livre, il m'a bouleversée très profondément, parce que le choix des mots, la musique de la langue est si belle. Parce que le choix de la narration, le parti pris de ne pas abuser des rebondissements improbables est si fort. Parce que ça avance mais ça traîne aussi comme un chemin qu'on doit se frayer au coeur de l'inconnu. Parce que Jack surtout.
Et puis il y a le dernier paragraphe. Je l'ai pris en plein ventre. Ce paragraphe, c'était le pourquoi de ce que je suis aujourd'hui, je crois. Ces mots, je les partagerais bien avec vous, pour en discuter, mais je vous priverais peut-être de ce qu'ils m'ont fait à moi : je suis restée plusieurs minutes, les yeux dans le vague et la chair de poule sur les bras, à ne rien faire d'autre que me demander si je devais attendre ou si je pouvais le recommencer tout de suite.
Je vais attendre un peu, je crois.