Certains proches qui me liraient pourraient penser que je vais ici parler de moi. Que nenni sacrebleu, je vais vous faire une petite note de lecture !
Alors il se trouve que je découvre Schopenhauer (enfin je découvre... je connaissais de nom because que j'ai subi des cours de philo en terminale) grâce à ce tout petit livre. Il y explique, en 38 stratagèmes, comment faire en sorte de toujours sortir vainqueur d'une conversation, d'un échange d'idées. Soyons honnête, la différence entre certains stratagèmes ne saute pas aux yeux, j'ai parfois eu l'impression qu'il s'agissait de la même méthode exprimée différemment. Mais c'est quand même fort instructif.
On m'avait prévenue « tu vas voir, on utilise tous certains de ces trucs et astuces » et c'est très vrai figurez-vous. Prouvons–le en illustrant notre propos : Pendant toute la durée de cette lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à une personne qui m'est très chère et qui semble limite être l'auteur de ce livre. Une personne qui a l'air de toujours vouloir tourner les discussions à son avantage. Pas forcément par mauvaise foi (quoique…) mais juste par principe, pour le plaisir d'avoir raison, de gagner.
J'ai par exemple subi à de nombreuses reprises le Stratagème 31 consistant à « avec une subtile ironie, se déclarer incompétent ». Il m'a fallu du temps mais j'ai fini par mettre au jour cette ficelle « attends ba, je dois être stupide, je n'ai pas suivi ce que tu viens de dire… » et à y couper court systématiquement. Fierté immense devant son air ébahi la première fois que je l'ai fait !
Idem pour la diversion préconisée en n°29 : c'est simple, j'ai régulièrement eu droit à un changement pur et simple de sujet de conversation voire à un départ physique de la pièce quand ça ne prend le tour attendu… Façon "j'ai laissé un truc sur le feu, j'y vais là..." J'ai donc rétorqué" un jour par un "tu le sais, n'est-ce pas, que ça m'énerve quand tu décides d'un commun accord avec toi-même que la conversation est finie ?"
Sans parler des stratagèmes 8, 27 et 38 qui concernent tous trois le fait de mettre l'adversaire en colère ou mal à l'aise, d'une manière ou d'une autre. Stratégies absolument idéales à mettre en œuvre quand l'adversaire, c'est moi. Je suis tout sauf patiente et si on sait appuyer où il faut (et en l'occurrence, j'ai l'impression que c'est le cas…) je pars au millième de tour. Eh bien ceux-là, je les ai pris de plein fouet plus d'une fois ! [Thanks God les fois où c'est allé vraiment trop loin, j'ai généralement eu droit à des sortes d'excuses…]
Et moi alors ? Le stratagème que j'utilise le plus ? Le n°36 « Déconcerter, stupéfier l'adversaire par un flot insensé de paroles. » Y a aussi la mauvaise foi mais elle n'est pas citée en tant que telle dans le livre…
Celui que je voudrais mettre en pratique ? Le 34, qui consiste à s'apercevoir que l'adversaire se dérobe, ce qui permet de déduire qu'on a touché un point faible de l'argumentation et de l'exploiter ensuite.
En conclusion, je suis ravie d'avoir lu ce livre : parce qu'il est très intéressant d'abord mais aussi parce que j'ai pris plaisir à m'ouvrir l'esprit. Il va de soi que les termes et le registre de langage utilisés étaient très différents de ceux que je rencontre le plus souvent et ça fait du bien aux neurones de se faire les dents sur des concepts et des tournures inhabituels.