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Ba lit - Page 8

  • Les cafards

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    L'inspecteur Harry Hole travaille pour la police suédoise. Sauf que bon il est un peu rebelle et irrespectueux des régles alors il est comme qui dirait au placard. Ce qui l'arrange bien vu qu'il est très légèrement en train de faire une rechute dans l'alcoolisme. Et voila qu'un jour, on a besoin de quelqu'un pour élucider le meurtre de l'ambassadeur de Suède en Thaïlande. Et hop, contre toute attente, on choisit Harry. Alors zou... en route pour Bangkok !

    Harry Hole, tout de suite, il m'a fait penser à un autre héros de polar que j'aime beaucoup : Harry Bosch. Comme lui, il est un peu hanté par des démons contre lesquels il ne parvient pas toujours à lutter et qui lui donnent autant d'atouts que de handicaps pour résoudre les affaires qui lui sont confiées. Sauf que Hole, il est censé avoir 30 ans et que je n'arrive pas à m'y faire tant il semble avoir à gérer un passé lourd et complexe. Je me le représente souvent sous les traits du cinquantenaire Harry Bosch du coup... 

    Tout ça pour dire que Les Cafards, c'est non seulement un excellent polar avec une enquête minutieuse, des rebondissements, des gentils un peu méchants et des méchants pas si pourris que ça ; mais c'est surtout un livre avec des petites choses autour de l'enquête, un polar comme je les aime où, sous des couverts d'intrigue policière, l'auteur a le talent de nous entraîner dans la moiteur, la perversion et la beauté de Bangkok comme si on y était (dans le tome 1 on était en Australie et c'était déjà génial de réalisme) et où on se glisse dans l'âme de personnages, auréolés d'ambiguïté et de complexité.

     

    PS : Moi je n°2 est sorti depuis un mois déjà. C'est toujours aussi sympa et bien trouvé, peut-être un peu plus mélancolique mais très bien. Pour la librairie, il faut demander "Moi je, et caetera"

  • Biographie de la faim

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    Ce livre m'a un peu réconciliée avec Amélie Nothomb que je trouve tellement imbuvable et déjantée dans ses interview que j'avais du mal à m'intéresser à ses oeuvres. Là, on m'avait donné le livre et la couverture me plaisait. En plus, il était court. Donc je l'ai ouvert puis lu. Dévoré même, si je puis dire.
     
    L'auteur y décrit son enfance à la lumière de ce qu'elle considère comme le moteur de La sa vie : La Faim. Sa faim de nourriture oui, mais aussi du reste. Le besoin qu'elle a sans cesse de l'autre, de connaître, de savoir...
     
    Elle explique comment cette faim l'a toujours guidée. C'est décrit sans complaisance, abruptement (comme souvent avec cet auteur je trouve) avec aussi la loufoquerie et l'humour qu'on attend d'Amélie Nothomb et avec... surprise pour moi, de la tendresse et de la simplicité. J'ai beaucoup aimé.
     
    Et un extrait dont la lecture m'a scotchée au canapé.
     
    "La faim, c'est vouloir. C'est un désir plus large que le désir. Ce n'est pas la volonté, qui est force. Ce n'est pas non plus une faiblesse, car la faim ne connaît pas la passivité. L'affamé est quelqu'un qui cherche.
    Si Catulle s'enjoint à la résignation, c'est précisément parce qu'il n'est pas résigné. Il y a dans la faim une dynamique qui interdit d'accepter son état. C'est un vouloir qui est intolérable.
    On me dira que le vouloir de Catulle, qui est le manque amoureux, l'obsession due à l'absence de la bien-aimée, n'a rien à voir. Mon langage y devine pourtant un registre identique. La faim, la vraie, qui n'est pas caprice de fringale, la faim qui dépoitraille et vide l'âme de sa substance, est l'échelle qui conduit à l'amour. Les grands amoureux furent éduqués à l'école de la faim.
    Les êtres nés rassasiés - il y en a beaucoup - ne connaîtront jamais cette angoisse permanente, cette fébrilité, cette misère qui éveille jour et nuit."

  • Réalité

    Reality is that which, when you stop believing in it, doesn't go away.
    Philip K. Dick,
    "How to Build a Universe That Doesn't Fall Apart Two Days Later"

  • Aurélien

    Ce livre est juste extraordinaire. Cette histoire de non-coup de foudre est tout simplement sublime.


    Je l'ai découverte quand j'étais en 4ème je crois. Lu d'une traite. Alors que, comme toujours, je n'avais aucune idée ni du contenu ni de l'auteur. J'avais choisi ce livre à la bilbi juste parce que je trouvais jolie la sonorité du titre : « Aurélien d'Aragon »


    J'en garde un souvenir si fort que je n'ose pas le relire alors que cette idée me trotte dans la tête depuis de nombreuses années. Peur d'être déçue. De ne pas être émue. Je me demande si je serais aussi disponible pour cette oeuvre aujourd'hui que je le fus à l'époque. Et puis je suppose aussi que ma « naïveté » d'adolescente sur les relations amoureuses a dû sublimer en partie la magie de la construction de l'amour entre Aurélien et Bérénice. Axe Mon « cynisme » aujourd'hui laisserait-il le charme agir ?


     

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    Ca fait si longtemps que je l'ai lu que je ne peux en faire une critique construite. Mais je voudrais vous faire partager deux extraits, dont le premier paragraphe (quand on commence par des lignes pareilles, on veut forcément savoir ce qu'il adviendra ensuite…) qui fut un choc.


     


    « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'Orient sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se demanda même pourquoi. C'était disproportionné. Plutôt petite, pâle, je crois... Qu'elle se fut appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repensé, après coup. Mais Bérénice. Drôle de superstition. Voilà bien ce qui l'irritait. »


     


    « La seule chose qu'il aima d'elle tout de suite, ce fut la voix. Une voix de contralto chaude, profonde, nocturne. Aussi mystérieuse que les yeux de biche sous cette chevelure d'institutrice. Bérénice parlait avec une certaine lenteur. Avec de brusques emballements, vite réprimés qu'accompagnaient des lueurs dans les yeux comme des feux d'onyx. Puis soudain, il semblait, très vite, que la jeune femme eût le sentiment de s'être trahie, les coins de sa bouche s'abaissaient, les lèvres devenaient tremblantes, enfin tout cela s'achevait par un sourire, et la phrase commencée s'interrompait, laissant à un geste gauche de la main le soin de terminer une pensée audacieuse, dont tout dans ce maintien s'excusait maintenant. »