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Ba lit - Page 11

  • Le Pullover rouge

    medium_pull.jpgCe document m'a beaucoup secouée. Je l'ai lu avec une boule au ventre. Tout le long. Je savais, bien sûr, que Christian Ranucci avait été décapité, je savais que ce n'était pas une fiction, je connaissais et pourtant... j'avais cet espoir fou qu'on s'apercevrait avant qu'il ne soit trop tard, de l'erreur judiciaire en cours. Mais non ! C'est bête hein ? Et bien sûr, ça n'a pas marché.

    Tout est édifiant : l'histoire d'abord, cette monstrueuse, cette abonimable histoire de petite fille enlevée à ses parents puis massacrée et abandonnée dans les bois. L'inexorable enchaînement des erreurs ensuite, qui amène un innocent vers la décapitation. Le hasard des faits divers si injuste enfin, qui mettra à la une, chaque fois au pire des moments, des  tueurs d'enfants.

    Au final, Gilles Perrault, qu'on sent hyper documenté, montre comment la Justice est bien sûr une affaire de règles à appliquer mais que c'est aussi celle du hasard du calendrier des faits divers, que c'est un peu de calcul personnel pour sa carrière (politique ou professionnelle) mais surtout c'est une histoire de précision : tout détail peut faire basculer l'histoire, toute piste doit être creusée, chaque témoin peut bouleverser les jurés. Et la peine de mort, comme un oiseau de mauvais augure, rendait (et rend encore dans certains pays) tout cet exercice si risqué !

  • Découverte

    C'est grâce à ma prof de français en 3ème que j'ai découvert Bernard Lenteric. Elle nous avait imposé la lecture des enfants de Salonique. Pour le principe, j'avais décidé que j'allais dé-tes-ter... (oui, on a les rébellions qu'on peut, à 13 ans!) Ben raté, je l'avais dévoré et à la fin, j'avais même été très déçue d'appprendre que je ne connaîtrais pas tout de suite la fin car c'était une histoire en plusieurs tomes dont il me faudrait attendre la publication. En attendant justement, j'avais emprunté à la bibli "La nuit des enfants rois". Ce livre fut (et reste encore je dirais) un vrai choc. Je l'ai depuis lu de nombreuses fois, au fur et à mesure que j'ai grandi. Et chaque lecture a été différente, j'ai pris chaque fois des choses différentes à l'histoire. C'est également grâce à Bernard Lenteric que j'ai été amoureuse d'un héros pour la première fois : c'était dans La Gagne, le sublime Ben Sarkissian. En quelques mois, j'avais lu tout ceux que j'avais pu trouver à la bibli !

    Il y a quelques temps grâce au hasard des rencontres, j'ai eu l'occasion de récupérer les trois tomes de la série des Enfants de Salonique d'un coup. Les miens, je les ai donnés au hasard de conversations sur leur auteur. J'ai mis un peu de temps avant de me décider à ouvrir le premier volet. La peur de ne pas aimer sans doute. Celle aussi de me rendre compte combien j'étais naïve et peu exigeante... Eh bien le charme a agi de nouveau. J'ai aimé de nouveau suivre les aventures de Diane et des 3 galopins de Salonique : Basile, Démosthène et Périclès. C'était bien même si je n'avais pas (comme il y a très longtemps) la surprise des rebondissements. C'est d'ailleurs une constante dans les livres de Lenteric que je relis, le fait que le suspens n'existe plus ne gâche en rien la lecture. Et me replonger dans un de ses bouquins m'a rappelé qu'il m'en reste encore un ou deux à découvrir.

  • Naufrages

    medium_akira.jpgIsaku a neuf ans, il vit au Japon, dans un petit village de pêcheurs, on ne sait ni très bien où ni très bien quand. Son père a vendu sa force de travail contre de l'argent, c'est donc à ce petit garçon, frère aîné, de prendre en charge la place de chef de famille pour aider sa mère. Le village est si pauvre que leur seul espoir pour améliorer le quotidien, c'est qu'un navire transportant des marchandises fasse naufrage. Un village où la vie est aussi cruelle que leur voeu de naufrages.
    Ce roman est d'une douceur absolue, le rythme de la vie d'Isaku est très lent puisqu'il n'a qu'une activité : la pêche sur sa petite barque. On pourrait croire que suivre les saisons et les journées de pêche de ces familles japonaises, que regarder grandir Isaku, qu'attendre le retour du père... serait ennuyeux. Mais pas du tout ! La lenteur et la répétition des saisons m'ont envoutée. J'ai lu comme hypnotisée. J'ai espéré le naufrage pour que tout le monde puisse manger à sa faim. J'ai frissonné quand Isaku devait rester sous la neige pour alimenter le feu pour fabriquer du sel. J'ai eu la gorge serrée en voyant la dureté avec laquelle la mère traitait sa famille.
    C'est à la fois une poésie sans fin, un délice d'exotisme et un bonheur visuel. Les couleurs de la montagne qui changent avec l'automne, les techniques de pêche, les poulpes qui sèchent sur des fils devant les maisons, la cérémonie pour demander un naufrage, les repas sur les nattes... Tout est si bien décrit, si bien imagé, que j'avais l'impression de l'avoir vu de mes propres yeux et pas seulement dans mon esprit. Ce roman m'a fait l'effet d'un rêve mélancolique et nostalgique.

  • La véranda aveugle

    medium_veranda.2.jpgL'histoire d'abord : Tora vit sur une petite île en Norvège. Une île sur laquelle tout le monde se connait, où les problèmes des voisins sont pris en charge par toute la maison. Tora est fille unique, elle vit avec sa mère et le compagnon de celle-ci. Elle n'a jamais connu son père et on la rencontre au moment où elle finit l'enfance. Elle entre dans l'adolescence pleine de certitudes, de crédulité aussi. Et avec une conscience aigüe de certains problèmes d'adulte alors qu'elle a une naïveté incroyable sur des sujets pourtant basiques.

    On suit lentement Tora, dans sa découverte de qui elle est et de ce que sont les relations avec les autres. On vit aussi la ritournelle d'un petit village norvégien dans la fin des années cinquante : la pêche, l'école, la recherche d'emploi, la haine de la différence, l'émancipation de la femme... C'est doux, c'est émouvant, c'est prenant à la gorge, c'est fascinant. Je ne sais pas si c'est moi ou si c'était voulu par l'auteur mais j'ai eu l'impression que même l'écriture était lente. Et cette lenteur va si bien à Tora, précautionneuse et minutieuse, qui veut tout comprendre mais n'ose rien demander, qui s'invente des histoires pour s'extraire de la réalité qu'elle ne sait pas contrôler. "La véranda aveugle" n'est pas de ces histoires qui se lisent et laissent des petits souvenirs imperceptibles, je sais que ce livre va me marquer, que de nombreux passages sont définitivement encrés dans ma mémoire et vont continuer à y faire leur oeuvre.