Ba trip - Page 3
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L'odeur de Shanghai
Ce que j'attendais le plus, c'est de savoir ce que sentiraient mon nez et ma peau. (ce que j'attendais le plus, c'est exagéré... Mais quand même c'était très important, si.)Alors : Ça sentait la soupe quand l'avion s'est ouvert. À la douane aussi. Et aussi un peu le produit qu'ils vaporisent au pressing pour te dire que c'est un établissement sérieux.Au niveau des bagages, la soupe a laissé la place à l'antimite.Et puis plus rien. On marchait dans la rue.Ca ne sentait plus rien du tout. Juste l'air chaud et doux.Les chatouilles dans le dos parce que le vent secouait mes cheveux, l'osmose de température, comme si l'intérieur et l'extérieur avaient fusionné par porosité. Le velours d'Hanoi, en moins herbéluée.Le moment chair de poule, celui où tu te dis que c'est ça, c'est là, c'est.Celui où tu t'inquiète, si tu respirais trop fort, que tout se vaporise. Alors j'ai fermé les yeux l'espace d'un instant, et j'ai soupiré.Et rien n'avait disparu.Quasi aucune voiture, peu de piétons, si on ajoute les platanes qui bordent les allées, j'ai pensé que j'arrivais dans une ville paisible. Je croyais que c'était dû au quartier, ce calme. Mais j'ai compris le lendemain que c'était vraiment juste momentané.Je crois qu'en fait, Shanghai avait mis les gens à la porte pour mieux m'accueillir.Et ça a marché. -
Les signes que le départ c'est bientôt
Quand j'ouvre mon appli météo, c'est pas ici mais là-bas que je regarde en premier. Aujourd'hui par exemple, il ferait limite frais mais trop humide.
Cendrillon a reçu un mail de 14 pages posant toutes les questions existentielles que je me posais. Il est plutôt du genre patient il me semble, vu qu'il n'a pas encore annoncé que finalement, il serait pas là pour m'accueillir, un imprévu de dernière minute, trop bête...
Les gens me demandent tous : "c'est quand, déjà, que tu prends l'avion ?"
Je réfléchis au contenu de ma valise. Je reprends mes habitudes de liste pour ne rien oublier. Un peu trop pilote automatique quand même : après 24 heures, j'ai soudain réagi que non, pas besoin d'emporter du thé, j'en trouverais sur place.
Au téléphone, ma mère me demande l'air de rien si je pourrai lui dire que je suis bien arrivée.
Les amis de cendrillon m'expliquent que c'est trop un mec sympa, qu'il faut pas que je m'inquiète, que trouver quelqu'un de plus aimable c'est limite pas possible. Je crois qu'ils disent ça pour me rassurer mais moi, je trouve ça louche cette insistance. Je sens qu'en fait c'est un psychopathe.
Un vent d'organisationite aiguë s'est abattu sur mes clients. Tous leurs dossiers doivent soudain être réglés pour le 13.
J'ouvre mon agenda au mois d'octobre pour organiser des déj ou des apéros.
Mon passeport contient un nouveau visa.
我怕
我期待着
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Plagiens
Chaque fois le même rituel : les serviettes sont étalées soigneusement, nous deux au milieu, un enfant de chaque côté.
Côté filleul, gros bordel à base de masque, tuba, épuisette, raquettes, tongs et serviette chiffonnée.
Côté miss ado, affaires bien rassemblées, livre, magazine, téléphone portable et nécessaire à dessin.
Baignade illico parce qu'il fait trop chaud. On va jusqu'à la bouée et on revient. Puis je joue aux snorkies avec filleul. Crème indice 50 et c'est parti pour lecture ou sudoku en espionnant l'air de rien les voisins.
À ma gauche, 3 potes, la cinquantaine, comparent les mérites respectifs des divers revendeurs de bécanes de la région. Je crois que l'un d'entre eux va jusqu'à parler de carbu à paillettes ?! Mais ce n'est que le début d'une longue conversation qui va soudain déraper sur... Les camping-cars. "putain, belle bête celui-la, même si ça doit bien pomper !" "t'as vu celui de Gilbert ? Il envoie hein ?" Comment peut-on se passionner pendant plus d'une heure pour ce sujet ?
Devant, tout au bord de l'eau, des mamies sont à genoux dans le sable-gravier, elles ont l'air de chercher quelque chose. L'une d'elle a même noué une poche à son maillot de bain, elle y glisse ses trouvailles au fur et à mesure. Elles caquètent des trucs délirants sur les trésors enfouis de la plage et s'extasient du fait que "c'est affolant comme le temps passe vite quand on est en vacances, il est déjà 17 heures 10 bien tapées..."
Mes préférés restent cette famille de 6 personnes qui arrive à l'heure où la plage est déjà fort clairsemée et qui, pour une raison encore mystérieuse à ce jour, se pose en toute conscience à 30 centimètres de la serviette de miss ado et ajoute pour vraiment nous transmettre sa chaleur humaine, deux serviettes à nos pieds. À leur droite, dix mètres de plage vide... À leur gauche : On est encerclé ! Sans aucune discrétion, on s'étonne de ces gens, incapables de vivre autrement que collés aux autres, qui se ne rendent pas comptent de leur manque de politesse. On va même jusqu'à déplacer nos affaires. Aucune réaction de leur part, pas même un sourire gêné.
Un peu plus loin, des enfants ont organisé un tournoi de raquettes : deux joueurs. Deux arbitres. Les arbitres tiennent un serviette bien haut en guise de filet et le terrain est délimité par des cailloux. Ça râle et ça fait preuve de mauvaise foi comme en compétition : elle y était là, tu la comptés pas parce que c'est ton copain toute l'année et moi que l'été !
Filleul a trouvé de nouveaux amis, il pêche des crabes et des moules et plonge au milieu des rochers. Miss ado engloutit son 4ème livre en 5 jours. La déesse est absorbée par les histoires romantiques de Jane Austen fournies par sa liseuse. Je vais retourner somnoler sous ma capeline jusqu'à l'heure du goûter.
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just married
Ca a commencé il y a longtemps mais pas tant que ça, par une anodine phrase m'indiquant que si j'étais d'accord, je serais témoin de la mariée. Souffle coupé et petite voix ravie.
Ça a continué avec des conciliabules avec les deux autres demoiselles, pour organiser un enterrement de vie de jeune fille à la hauteur.
Les émotions très fortes ont commencé à la mairie.
En les regardant se dire oui, en tournant la tête vers la salle remplie de gens tous si visiblement heureux pour eux et d'être là, en laissant tourner ma tête après une seule coupe de champagne, en sentant ses bras me serrer fort quand elle m'a demandé "tu sais que je t'aime, toi ? " (j'aime les fins de soirée avec elle), en répondant "oui", en espérant qu'elle sait que ça veut dire bien plus.
Mariage religieux J-2
Je suis arrivée plus tôt, en compagnie du malouin qui me fout la trouille mais un peu moins au fil du temps comme ça on peut aider un peu dans les préparatifs. On rejoint foufou qui a aussi décidé de mettre ses muscles à contribution. Être témoin, c'est aussi du boulot finalement...Mariage religieux J-1
Apres avoir coupé du ruban et emballé de la lavande, je me suis couchée dans l'herbe un peu humide des averses quotidiennes, je regardais les sommets enneigés en face, j'écoutais papa et maman-libellule discuter avec leur fille des rubans à coudre ou non pour la voiture. Pendant ce temps, maman-berger s'affairait, veillait sur tous, souriait de me voir toujours choisir le même carré d'herbe pour m'installer.Il pleut à torrent, on raconte n'importe quoi au son de l'orage, je drawsomething, j'ai froid, on organise les discours pour le lendemain avec tous les témoins, papa-berger fait le grognon pour le principe, je tente de parler à ces gens que je ne connais pas mais que je vais côtoyer encore deux jours au moins. On rentre dormir, je mouille ma fesse droite dans la voiture inondée, on joue à zigzaguer entre les crapauds, je me brosse les dents au thé vert, je cherche la douche.
Une soirée tranquille. Demain, le grand jour.
08:30
Lever des habitants de mon chalet. Je pars me noyer sous la douche, je sais que c'est le seul moment de solitude que j'aurai de toute la journée, je fais durer bien plus longtemps que nécessaire. M'appliquant à hydrater chaque centimètre carré de peau. Par contre, je renonce dès le début à faire quelque chose de mes cheveux, ils auront l'air pas coiffés, tant pis.10:00
Je rejoins les chargées de décoration florale, j'ai nommé la maman et les tantes de la mariée. Moyenne d'âge : 70 ans. Taux d'entêtement en présence : bien supérieur au mien.Mon travail va consister à faire 30 aller-retour avec des vases dans les mains et surtout, surtout, à rester dans le timing. Pour ce faire, je dois donc convaincre l'air de rien, approuver mais orienter les idées, canaliser l'énergie collective et ronger mon frein lors du "Ah merci monsieur. Vraiment il faut toujours un homme, les femmes, y a des choses qu'elles sauront jamais faire."
13:30
J'ai eu les mains qui tremblaient au moment de commencer la coiffure puis j'ai failli aveugler la mariée en la maquillant. La demoiselle d'honneur dans toute sa splendeur.Enfin, elle a été prête, manquait plus qu'à l'emmener jusqu'au futur-déjà-mari.
Il m'a fallu reprendre une grande respiration quand le marié s'est retourné, luminescent de bonheur anticipé et de beaugossitude. Idem quand ils se sont aperçus. Le coeur tout serré alors que ça fait que 5 minutes que c'est commencé... (Je sentais bien depuis quelques jours de toute façon que j'allais pas pouvoir accuser le PMS de mon émotivité extrême.)
Et puis ce fut notre tour de me préparer. Bébé luciole m'a aidée à enlever ma culotte et à en mettre une assortie à ma robe, miss curly finissait sa manucure de la mort et maman luciole mettait une touche finale à sa coiffure.
16:00
L'église, le moment où les vannes ont lâché. Assise toute gênée à côté de maman et papa-berger, j'ai commencé par papillonner des paupières pour chasser les larmes qui menaçaient, puis discrètement essuyé du bout de l'index les gouttes qui refusaient de refluer vraiment, enfin, laissé s'écouler sur mes joues les semaines de stress, de joie, de peines et de magma émotionnel qui venaient de s'écouler.Maman-berger m'a serrée dans ses bras, curly est apparue telle une fée pour faire de même, j'ai timidement embrassé les deux témoins du berger.
Voilà.
Ou presque.17:30
Soleil radieux mais ciel un peu menaçant, en route pour le pré vert qui accueille le vin d'honneur. J'ai remis mon attelle et enlevé ma veste, bu un peu de champagne, rassemblé les ouailles pour les photos, dit coucou à tous ceux qui venaient d'arriver, souri très grand sur la photo. Et puis j'ai fait une micro sieste forcée sous mon chapeau, dans l'herbe, face au lac et à la montagne.19:00
En route pour le dîner sous la pluie et les arc-en-ciel, juste quelques "oh que c'est beau là-bas.." et c'est tout. Moment de grâce et de communion silencieuse dans la voiture avec le malouin qui ne m'oblige jamais à parler. Merci à lui.Pendant que chacun cherche sa table, on finit de rédiger le morceau de discours qu'on a décidé de faire lire aux mariés tout en plaisantant avec les autres qui se moquent légèrement de ce petit coup de désorganisation de dernière minute.
Pendant que les premiers plats arrivent, je termine la rédaction de mon propre discours. Je me retrouve avec un gage de mot à caser. J'ai mal au ventre et les mains qui tremblent alors qu'on a refusé de miser sur l'émotion... la zénitude est dans la place.
Mon discours est passé, je peux aller mettre le souk aux autres tables. De toute façon, à la table des mariés j'aurais pas osé, trop visible...
Les mariés ont ouvert le bal en catimini. Comme par hasard...
Je sais pas quelle heure
La mariée avait trop chaud, j'ai mis mes mains sous sa robe et enfilé son jupon sur ma robe bustier, j'ai l'air d'une folle probablement. Tant pis. Je danse de toute façon comme une cinglée désarticulée et j'ai des pinces à linge dans les cheveux. Lâchons-prise deux heures.J'ai même pas mal à la cheville, mystère.
Du coup j'accepte une invitation à danser le rock. Et j'en perds mon bustier.Petit à petit, les gens s'éclipsent. Il ne reste que les très motivés et les très partis. Même no one is innocent et eminem ne suffisent plus.
5:00
Les mariés s'en vont, on rassemble les affaires et on appelle le gardien qui doit fermer la salle. Je suis sobre et épuisée, pas ou plus tellement en phase avec ceux qui sont encore là. Je m'inquiète de ces déglingos qui marchent voire rampent sur la route et traversent n'importe comment. Certains vont se baigner au lever du jour, d'autres refont le monde.Je n'ai aucune patience et suis désagréable avec tout le monde. Cette journée finit très bien.
6:00
J'écoute les respirations de mes voisins de chambre et aussi le bruit du jour qui est réveillé. J'ai trop chaud mais je ne peux pas me mettre torse nu. Je voudrais m'épuiser les yeux mais je ne peux allumer la lumière.
Immobile, je ne dors pas.Demain, il y a le retour de noces, la ballade sous la pluie diluvienne, la recherche d'une pharmacie de garde inutile, la sieste-lecture et les 21 boules de glace mais pour l'instant mon esprit est vide.
Demain arrive dans moins de 5 heures. Je serai probablement insupportable et je râlerai dix fois plus que d'habitude mais c'est pas grave, personne ne remarquera. On sera tous encore gavés du bonheur de cette journée.
Rideau.
Merci les mariés, merci la famille, merci ceux qui m'ont subie pendant trois jours, merci tous les autres invités.
Je ne sais pas très bien vous raconter sans partir dans tous les sens, j'en suis désolée, le fait juste d'écrire ces mots me serre d'ailleurs la gorge et me fait couler les larmes sur les joues (bon là, c'est le PMS aussi un peu, j'avoue...) mais j'avais envie de laisser une trace, mes mots sur ce moment.Merci les mariés. Pour les émotions puissance vingt mille et le partage de vos vies et l'impression rémanente que je suis aimée et fais partie de votre tout si harmonieux.