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Ba bosse - Page 2

  • Qui ?

     
    Depuis quelques temps déjà je suis très perturbée par le tournant que prend ma vie. Ce n'est pas en soi un tournant désagréable puisque je peux affirmer qu'elle est très remplie et que la plupart du temps, je suis ravie de mes njournées, de mes semaines.
     
    Je n'étais pas bien sûre que ce ne soit pas une impression liée à l'hiver et à la tentation de faire l'escargot sous la couette mais depuis hier, je sais que c'est autre chose de plus profond. Hier midi, j'ai déjeuné avec mes anciens collègues. Ceux de ma première vie professionnelle. J'ai discuté avec eux, raconté mon quotidien, mes espoirs pour la suite à moyen terme mais aussi mes certitudes pour mon avenir à court terme... et j'ai mesuré la différence opérée en moi en un an.
     
    Durant cette année écoulée, j'ai eu l'occasion de défendre mes positions seule. Ca veut dire que contrairement à avant, j'ai eu la possibilité de réfléchir de façon autonomoe à ce qui motivait mes décisions pro sur certains dossiers, y compris quand ils étaient stratégiques. Jusque-là, ma responsable avait une très nette tendace à l'infantilisation : je t'explique que tu es encore très jeune et que nombre des problématiques rencontrées sont trop grandes pour toi, je te file soi-disant de la liberté mais dès que ça devient un poste un peu visible, je reprends le dossier, pour pas que tu paniques.
     
    Avant même la fin de ma première année de poste, mon nouveau chef a été voir la DRH pour demander pour moi à la fois une augmentation et un changement de classification. Moins de 10 mois après mon arrivée, elle avait aussi décidé que cette année, elle miserait sur moi comme candidate aux évolutions y compris hiérarchiques. Et elle a convaincu le directeur qu'il devrait faire de même.
    Avant, j'avais demandé à encadrer des stagiaires ou des CDD. On m'avait répondu non. Pas assez compétente, pas assez ancienne, pas assez dans le modèle local. J'avais mis 6 ans à obtenir mon premier changement de classification. La seule vraie avancée que j'avais obtenue, elle m'avait coûté 20 heures par semaine et des entretiens en larmes pendant que boss jubilait.
     
    Aujourd'hui, je suis investie dans mon boulot. Je l'ai toujours été, c'est dans mon caractère, mais là je le fais en plus avec plaisir. Il faut dire que c'est facile quand tout concours à donner envie. Les sujets sont motivants et les nouveautés quotidiennes.
    Je suis ouvertement reconnue par mes pairs aussi, ça c'est tout à fait nouveau. Et puis mes interlocuteurs et ma hiérarchie sont respectueux et insufflent de l'ambition quand je cale un peu. Si je ne merde pas, mon avenir professionnel est plutôt sympa pour les deux ou trois années à venir.
     
    Voila, je viens en ces temps un peu moroses économiquement et socialement vous distribuer mes paillettes roses de bonheur professionnel. Je suis une jeune femme ambitieuse à la carrière professionnelle en pleine évolution. C'est assez indécent, je le reconnais. Et c'est un peu bizarre puisque j'ai commencé par vous dire que je suis perturbée.
    Alors quoi ? Quel est le problème ?
     
    Le problème c'est que jusqu'à très récemment, j'aurais employé plein de qualificatifs me concernant mais certainement pas ambitieuse. L'ambition c'est pas moi.
    Moi, je veux continuer à faire mon métier que j'adore et je ne demande jamais d'augmentation tant que je ne m'ennuie pas. Parce que faire un chouette métier, c'est une rémunération en soi.
    Je fais des petits pas prudents et j'apprivoise le fait que je ne ressemble pas du tout à mes pairs en tentant de me convaincre que ça ne me rend pas incompétente pour autant.
    C'est ça, la vie professionnelle de baci.
     
    Non, C'ETAIT.
    Aujourd'hui, je fais des projets PROFESSIONNELS, bordel.
     
    Du coup je n'arrive pas du tout à me sentir à l'aise dans cette vie qui est devenue la mienne. C'est perturbant à un point qui semblera probablement ridicule mais ça me mine vraiment. Je suis devenue une autre ? Alors que je m'étais à peine habituée à moi ? Putain mais on ne peut donc compter sur personne pour se rassurer sur la pérennité des choses ? Pas même soi-même ?...  
     
     

  • Montre-moi ton CV


    J'ai envoyé pas mal de candidatures tout au long de ma vie professionnelle. Et chaque fois, la question que je me posais était la même : "il attend quoi comme info, le recruteur ? " Alors j'envoyais le ventre un peu serré de trouille, avec toutes les sueurs froides engendrées par le choix fait parmi les multiples talents qui sont les miens...

    Au bout de quelques années de boulot, j'ai atteint enfin la place non, LA place : je suis celle qui sélectionne parmi les CV qui lui sont adressés celui qui correspond le mieux à ses attentes.

    En fait, parfois, de choix il n'y a point. Je finis par prendre non pas le cv que j'aime le mieux mais celui qui me désespère le moins.
    Parce que si je veux être honnête, je me rends compte souvent que le candidat que je souhaite n'existe pas. Et que le vivier de postulant ne s'en approche même pas...

    Point un : tu ne mets pas de photo si elle te dessert. Les poses façon profil Facebook de callgirl, ça ne fonctionne pas très bien. Les photos de vacances recadrées sous paint qui laissent apparaître le bras de ton pote sur ton épaule, c'est pas possible non plus.

    Point deux : inutile de vendre une qualité que tu n'as pas et dont le poste ne parle même pas. Parmi les perles j'ai eu droit à " anglais : notions mais perfectible rapidement" pour un poste où je n'avais même pas besoin qu'il parle anglais.

    Point trois : soit tu te fais relire, soit tu apprends où se trouve le correcteur d'orthographe sous word. J'ai pu voir passer des gens pas capables d'écrire correctement le nom de la boîte qui les employait (en CDD chez carrefour marquette) voire écrire leur prénom différemment sur le cv et la lettre de motivation.

    Point quatre : quand on met l'accent sur la maîtrise nécessaire de certains outils informatiques, ça fait plus crédible si tu sais le nom des programmes cités. Non, à "world" et "dreamweather" oui à un CV sous pdf pour pas que je remarque que tes alignements de paragraphes sont dus à la touche espace utilisée 34 fois de suite...

    Point cinq enfin, pense à bloquer ton profil Facebook pour tes non-amis. Une personne qui souhaite "travailler sur les problématiques internet que crée la société du troisième millénaire" doit savoir a priori que Google n'est pas toujours l'ami des postulants...

     

    Je viens de commencer à faire passer des entretiens. Je vous raconte la suite bientôt !

  • Pauses-cafés

     

    Au boulot, on a de vraies salles de pause. Des endroits sympa et décorés où on trouve frigo, évier et machines à café.
    Il ne manque que la touche "soupe à la tomate" qui plaît tant à certain(e)s mais que moi je n'utilise jamais donc je m'en fiche.

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    Et quand on a de chouettes salles de pause, ben au lieu de boire un thé trop infusé derrière son écran, on fait de vraies coupures avec les collègues qu'on aime bien. Moi, je fournis le chocolat. Ce jour-là, il vient de chez Nestlé et les carrés ont une forme un peu particulière, censée s'adapter à l'anaotmie de la buche. S'ensuit un énorme débat entre filles (nous étions 4) sur le sens d'introduction idéal du carré, l'intérêt de laisser fondre ou de croquer... BREF.
    On finit par éclater de rire sur une phrase un peu plus à double sens que les autres et je lève la tête : mon directeur est pile derrière, il vient d'ouvrir la porte et a un air hilare sur le visage.

    On ne se défile pas, ce qui est dit est dit et on finit notre pause en toute tranquillité. Et on retourne bosser quand même, faut pas déconner.

    Il me faut moins de 5 minutes pour achever de creuser ma tombe de la honte : débat d'idée avec cobue, je ne suis pas d'accord, elle se moque gentiment et me voila qui m'exclame : "espèce de petite P..." Je retourne la tête, je ne sais par quel miracle j'ai compris que quelqu'un nous observait. Evidemment, y a mon directeur qui m'observe et me lance :

    "espèce de petite P... quoi ?
    - Euh... ben c'est-à-dire que...
    - Vous savez sans doute que le harcèlement ne suppose plus désormais un lien hiérarchique et que les insultes entre collègues pourraient être considérées comme telles ?
    - En fait, j'allais lui dire "espèce de petite pourrie!" Mais comme il n'y a aucun témoin, elle va avoir du mal à faire acter qu'il y a eu harcèlement, non ?
    - Ecoutez, sait-on jamais, je vais aller rédiger une petite main courante au cas où..."


    Ah ah. Ah ah ah.

     

  • Nouveau job

    J'ai mon plateau à la main, je regarde à droite et à gauche, j'avance très lentement au milieu de la cantine, à la recherche de mes collègues de déj. En fait, j'ai peur de ne pas savoir les repérer assez vite au milieu de cette foule dont je ne reconnais quasi aucun visage. C'est mon premier jour de travail.

     

    Cette décision de changer de boulot après 10 ans passés dans la même entreprise, je l'ai prise en conscience, j'en rêvais depuis un moment déjà. Alors c'est armée d'un enthousiasme sans faille que j'ai sauté le pas. La première matinée s'est déroulée sans souci. Découverte du bureau, de l'ordinateur, du téléphone. Bonjour à toute l'équipe lors du café que l'on prend tous ensemble.

     

    C'est après que ça s'est corsé.

     

    Sans prétention, je maîtrisais très bien mon précédent poste. Je connaissais au moins de nom tous les interlocuteurs utiles de près ou de loin. Sans être la plus compétente, je traitais certains sujets depuis si longtemps que je pouvais m'appuyer sur des automatismes ou des grosses ficelles pour donner le change en réunion avant d'aller faire des recherches complémentaires.

     

    Mais là. C'est comme si j'entrais en 6ème. RIEN n'est pareil : les gens, les sujets, les missions, les lieux, les instructions administratives...

     

    Les gens qui me sourient et me disent bonjour en me croisant. Je ne les reconnais pas toujours, ils ne me sont parfois même pas vaguement familiers. Je lutte contre la crise de parano : est-ce que je l'ai déjà croisé ? Est-ce quelqu'un d'important ? Suis-je censée le reconnaître ? Je me contente de répondre par un sourire/bonjour. Et puis ensuite, en catimini, je demande à une de mes collègues "le type avec le costume bleu et la barbe, il est dans quelle équipe ? "

    Quand les gens me hèlent dans les couloirs pour me soumettre un dossier, comme je ne sais pas à qui je parle, je dis toujours "écoute, je préfère ne pas oublier alors si tu veux bien, envoie-moi un mail comme ça tu peux lister tous les points que tu veux que je vérifie..."

     

    En réunion, je fais comme à la fac : je note absolument tout. Le moindre mot, la moindre expression. J'en viens à regretter profondément de n'avoir jamais pris de cours de sténo pour être plus efficace. La plupart des abréviations me sont inconnues, alors mine de rien, je fais répéter ou alors je demande la traduction l'air de pas y toucher "APN" ça veut dire la même chose pour toi que pour l'équipe marketing ? Du coup, il me traduit un peu halluciné "euh... je sais pas pour eux mais pour moi c'est appareil photo numérique..."

     

    Chaque réponse qui m’est demandée nécessite des vérifications, des hésitations et de la trouille surtout. La trouille c’est le sentiment qui m’envahit le plus souvent, parfois à la limite de la crise de panique quand je m’aperçois qu’après 3 semaines, j’ai déjà du retard sur 1/3 de mes dossiers.

    Et puis surtout quand il faut que je présente un sujet dont j’ignorais tout il y a 2 semaines devant 90 personnes qui se déplaceront de toute la France pour venir écouter mon exposé… C’était la semaine dernière. Et j’en ai fait presque des insomnies.

    Bon au final c'est passé, comme le reste. Et le week-end est arrivé.

    Et je suis fatiguée comme je l'ai rarement été. Je me mets la pression et j'aimerais bien que ça se calme un tout petit peu !