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Ba bosse - Page 3

  • 1er jour

    La veille au soir, je rentrais de 3 jours à Londres avec mes soeurs.
    3 jours avec des rires mais pas uniquement, des ballades, de la discussion, une ou deux râleries et des frissons du plaisir de pouvoir partager des moments forts.

    Pourtant, la nostalgie de ce moment n'a pas réussi à me faire oublier le stress. Déjà je l'avais ressenti un peu fugacement durant le week-end. Mais là, après avoir tergiversé presque une heure sur ma tenue du lendemain, après avoir vidé, nettoyé puis rempli mon sac à main comme s'il était neuf, comme un cartable le jour de la rentrée, je me suis retrouvée désoeuvrée et fort incapable de semer le stress.

    J'ai reçu des sms plein de rassurage, j'ai regardé l'épisode d'Hello Kitty quand elle aide le boulanger. Puis j'ai fermé les yeux et dormi sous 15 kilos de couettes et plaids. Ce poids me rassurait un peu je crois.

     

    Le jour J j'ai enfilé ma jolie robe bleue que j'aime et mes bottes noires qui vont très bien avec. Je me suis maquillée avec soin et pas juste avec un kohl que j'estompe à l'arrache sur la paupière.

    Coloquette a fait LE truc le plus délire qui soit : elle m'a préparé du thé et l'a versé dans un verre pour qu'il ne soit pas bouillant et que je puisse le boire avant de partir. Elle a veillé aussi à ce que je mange des mini-madeleines pour le petit-déj. Et elle m'a préparé un goûter.

    C'est pas la classe ?

    J'ai mis mon manteau, pris mon sac et suis partie. Je suis descendue fièrement dans le métro : pasla peine de faire la queue en ce 1er mars, j'avais acheté mon ticket la veille ! Je suis ressortie et revenue à la maison : j'avais oublié badge et pass navigo.

    Après ce faux départ, j'ai pris le métro et pas réussi à m'asseoir de tout le trajet. Alors j'ai écouté de la musique. Je suis arrivée à 9h26.

    Pour accéder à mon bureau, je dois passer par la salle de pause située juste derrière la porte d'accès à l'étage. C'est plein de gens et ya forcément des que je connais déjà. Je lance un bonjour poli et souriant mais pas trop fort quand même et je file jusqu'à ma place.

    J'allume mon ordinateur, me disant que ça va être une journée tranquille.

    10 minutes plus tard, mes collègues m'embarquent pour la pause café du matin. On papote aimablement. Je suis alpaguée par un de mes interlocuteurs et ne cesserai plus de travailler jusqu'à l'heure du déj.

    Mes collègues gentilles m'embarquent pour le déj, on part pour un grand truc à 8. On papote un moment, je hurle de rire aux anecdotes que raconte un des déglingués de la tablée.

    Réunion d'urgence et impromptue sur sujet que je ne connais pas du tout. Montée de panique, sourire-armure, go.

    Point avec chef nouvelle. Je râle sur le ton de la blague sur le fait que j'espérais un premier jour tranquillou... Elle sourit. Je comprends que ça n'arrivera pas tout de suite, le repos. Le poste est resté vacant trop longtemps, ils m'attendaient.

     

    Je sors du boulot, rentre chez moi en musique. J'ai désormais le temps d'écouter un album entier pendant le trajet. Et de lire une cinquantaine de pages aussi.

    Sur le balcon, il y a du champagne tenu au frais par le vent glacial de retour depuis quelques jours. Alors que j'attends le retour de coloquette pour déguster la première coupe, j'observe une bague de fiançailles et on m'annonce que je vais être témoin. Aussitôt ma gorge se serre et mes yeux sont lacrimalement fragilisés. Je précise immédiatement que c'est pas obligé, hein, je comprendrais que ce soit pas moi... (bref, j'y reviendrai probably)

    On trinque, je bois, trop. Je fais donc une tisane pour me réhydrater. Je me couche, tard.

    C'est la fin de mon 1er jour de travail nouveau.

     

    Le lendemain, c'est un peu brouillardeux, je n'ai pas assez dormi et je commence mon 2ème jour de ma nouvelle vie professionnelle.

     

  • Emploi du temps

    Semaine type depuis... depuis... au moins !

     

     

    Réfléchir (et oublier dans la foulée) au contenu du mail que j'aimerais envoyer concernant Voldemag
    Aller acheter de l'adoucissant parce qu'il y en a plus depuis 3 semaines
    Répondre au vingtième coup de fil "urgent" de la journée, temporiser comme pour les 19 précédents
    Dîner avec papa qui est là pour la soirée, m'a prévenue à 17h
    Passer faire des bisous à mon filleul, discuter avec sa grande soeur un peu à l'ouest en ce moment
    Tenter de passer plus de 45 secondes avec Chérie, encore plus en speed que moi, me dire que je suis une inutile tout juste bonne à lui offrir un peu de pâte à pizza.
    Lever la tête au boulot et voir qu'il est déjà 17h, que j'ai pas encore fait une micro pause, même pas de check de mails perso
    Passer un énième entretien en vue d'une hypothétique embauche
    Réfléchir au meilleur moyen de respecter les règles de la mission BC de la semaine
    Me souvenir que j'avais lancé une idée de dîner avec une copine de fac, qui attend toujours dans ma boîte facebook je crois vu que j'ai eu la mauvaise idée de lancer FB et non un mail.
    Vider le linge sale de son sac
    Lire un essai sur la laïcité
    Me rendre compte que ça fait mille ans que j'ai pas vu Mme Lutin, oublier dans la seconde de l'appeler pour s'organiser une rencontre
    Réfléchir à commencer une liste des trucs à faire.
    Trébucher sur le sac laissé en plein milieu de la chambre parce que de toute façon je repars bientôt en vadrouille
    Remplir 4 lignes du tableau récapitulatif des trucs à faire, en supprimer que 2
    Appeler pour la 23ème fois le standard occupé des comptables pour prendre un rendez-vous
    Regarder la neige qui tombe
    Se raconter des bouts de notre vie entre coloc
    Commencer une réponse à l'un des innombrables mails en attente dans gmail 
    Me dire que mon filleul cuisinier doit m'avoir oublié depuis le temps que j'ai pas donné signe de vie, la honte
    Penser au meilleur moyen de rationnaliser la semaine
    Faire des sudokus
    Me demander comment expliquer au mieux la construction des phrases avec les modal verbs
    Aller au concert 
    Apéroter quand c'est physiquement tenable, remplacer par un ciné ou quoi que ce soit d'autre sinon comment je croise les libellulz ?
    Oublier d'appeler mes copines alors que je leur parle souvent dans ma tête
    Avancer dans How I met your mother et m'apercevoir qu'il me manque plein d'épisodes
     

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    Tout le long de ces activités, stresser comme une malade, vivre la peur au ventre, au sens littéral, parce que le processus d'embauche est hyper engagé et que ça ne se concrétise pas définitivement même si plein d'étapes sont réalisées peu à peu.

     

     

    Paradoxe ultime, quasi toutes ces activités sont là par choix et rien d'autre.
    Mais cette course éperdue me mange quand même petit à petit. 

     

     
  • macho man

     

    Les jambes bien écartées, le torse bien enfoncé contre le dossier du fauteuil, le regard un peu dans le vague, en train de jouer avec son stylo. Il est peu intéressé par ce qu'il se passe autour de lui. Peut-être un regain de motivation s'empare de lui quand le boss prend la parole.

    A côté de lui, le même. Sauf que lui, il ne joue pas avec son stylo, pour passer le temps il me mate les seins. Parfois pour montrer qu'il est là, il lâche des stat d'un air important de celui qui a les clefs du dossier.

    En face, le même encore, qui joue avec son blackberry pour faire le mec important alors que j'ai vu par dessus son épaule qu'il joue aux cartes.

    Et puis deux autres mecs un peu gris souris qui ont peu de présence et se contentent de subir la réunion. Tous ont entre 45 et 60 ans.

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    Je suis la seule femme de l'assistance et j'ai 30 ans. Mais je suis là pour traiter d'une partie du dossier que personne d'autre ne maîtrise.

     

    Ca parle de vente sur internet, de sites un peu "olé olé" (je vous jure travailler avec des quinqua ça fait réviser les expressions de grand-mère...) sur lesquels on hésite à investir. Et soudain, ça s'égaye. Ca se lance dans des blagues semi-grivoises en me lançant des regards en coin. Je suis impassible.

     

    Alors on va crescendo, on m'observe ouvertement devant cette avalanche de délicatesse. Mais je ne rougis même pas. Et puis je ne sais par quel truchement, on en arrive aux sex toys et là, on ne fait plus semblant, l'émulation de groupe sûrement, tout le monde est hilare pendant que je ne bats plus même des cils.

     

    Alors, avec un sourire tranquille je lâche : " si vous voulez, la prochaine fois je porte un ou 2 des miens, je vous fais une démo comme ça votre curiosité sera rassasiée ? Bon, en attendant, on reprend l'ordre du jour ? "

     

     

    Eh bien croyez-le ou non, depuis, on est super potes. Plus jamais de dérapages sexistes.

     

    Par contre, j'ai pas encore trouvé de solution pour gérer le matage permanent de mes seins. C'est quoi le truc ? C'est génétique ?



  • Je suis ennui

    C'est pour moi la pire des choses qui soit. Il n'y a rien que je craigne plus que l'ennui.
    Non que je ne sache pas m'occuper.. plutôt que l'ennui ait une vraie tendance à me désorganiser, me démotiver, m'éloigner du monde.

    Depuis un bon mois maintenant, je m'ennuie. Je n'ai pas une tonne de boulot et en plus, les choses que j'ai à faire ne sont pas des plus fascinantes.

    Je ne voudrais pas avoir l'air d'une capricieuse, je ne demande pas un boulot passionnant à chaque instant. En vieillissant, on apprend qu'une bonne partie de nos tâches sera rébarbatives, que certains sujets inintéressants devront pourtant être traités. Mais ça me va, très bien. Je suis curieuse de nature, je m'intéresse à plein de choses, il m'est facile d'être contente des 30% de missions géniales qui me sont confiées.

     

    Mais là. Rien.

    Un mail par ci par là, une réunion de fin de projet. Rien à faire de sympa.
    Je passe donc mes journées à rien.

    Et comme la démotivation est totale, je ne parviens même pas à trouver l'envie de mettre à jour mes CV ni de les envoyer sur les réseaux sociaux qui vont bien.


    Je tourne en rond.

    Je me sens comme lobotomisée, la bave coulant au coin de mes lèvres, attendant que l'infirmière vienne me porter mes cachets ou mon goûter.

    Du coup pour mettre de la couleur dans ma vie professionelle, je raconte n'importe quoi à mes collègues à la cantoche. Des gens qui sont censés me croire sérieuse et compétente, des stagiaires qui viennent d'arriver... et à qui je dis des trucs du genre " mais enfin on est au 21ème siècle, vous n'allez pas me dire que vous ne couchez jamais le premier soir ? " ou encore " Vous pensez que la boss est encore vierge ? vu son air acariâtre, moi je dirais oui... "

    Faut vraiment que j'arrête les conneries.