Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Intibacy - Page 14

  • Quand j'étais petite

    DSCF1441.JPG


    Quand j'étais petite, je fabriquais des bateaux pirates sur la balancelle du jardin, recouverte de couvertures. J'y attachais des coffres et des valises, je rassemblais quelques livres, je prenais mon goûter et hop, j'embarquais pour des aventures magiques en compagnie de mes sœurs avec qui on passait des aprem entiers à inventer des histoires.
    Déjà, quand j'étais une petite minus, je demandais à maman d'étaler de grands draps sur la table du séjour et je vivais sous cette cabane improvisée.

    Quand j'étais petite, on me demandait sans cesse si j'avais bronzé sous une passoire et ça me faisait beaucoup de peine.

    Quand j'étais petite, je lisais tout ce qui me passait sous la main. Tout. Je lisais tout le temps, les emballages, les pub, les livres empruntés à la bibliothèque, tous les « J'aime lire » chez ma nounou, la série rouge toute belle des histoires d'Arthur et Émilie chez ma copine de CP, les topolino en Italie... Je m'en faisais offrir à Noël et pour mes anniversaires, au grand dam de ma cousine.
    Et puis, j'ai été plus si petite, et j'ai pris l'habitude de mettre mon réveil une demi-heure plus tôt pour pouvoir lire un peu avant de partir pour les cours.

    Quand j'étais petite, je rêvais de porter des tailleurs dans le boulot que je ferais et aujourd'hui, je me bats pour ne pas le faire.

    Quand j'étais petite, j'adorais l'école. Je devais être la seule enfant de France à attendre avec plaisir la rentrée des classes de septembre. Et pas seulement pour les copines. Pour apprendre aussi. J'étais première de la classe assez tranquillement, sans fanfaronnade, juste parce que c'était un plaisir d'être là.
    Paradoxalement, je me suis beaucoup ennuyée, alors je parlais en classe. Tous mes bulletins depuis le primaire portent une mention sur mon bavardage... Plus tard, je me suis mise à écrire des nouvelles ou des lettres.

    Quand j'étais petite, j'ai passé une journée à l'école en chaussons parce que j'avais pas pensé à mettre mes chaussures.

    Quand j'étais petite, j'avais une tonne d'amis. Des filles et des garçons. J'étais invitée à plein d'anniversaires, je parlais à plein de monde pendant les récrés. On faisait comme si on était Wonder Woman ou X Or et on se créait des pouvoirs magiques ou on cuisinait les marrons à l'automne ou les cerises vertes au printemps. Et on se parlait des heures au téléphone.
    Et puis le week-end ou les vacances, je passais des journées entières toute seule dans ma chambre, à écouter des cassettes de Wham ! ou à lire des énormes romans. Ou plantée devant la télé à regarder croque vacances ou des VHS de dessins animés comme la Princesse Millenium.

    Quand j'étais petite, j'ai tué ma tortue parce que je l'avais posée sur la radiateur pour pas qu'elle ait froid pendant mes vacances.

    Quand j'étais petite, je posais ma tête sur le torse de mon père quand les soirées des grands duraient trop longtemps et j'écoutais le soin de sa voix qui résonnait à l'intérieur. Je me souviens avec précision de nombreux détails de mon enfance mais d'aucune de ces conversations. Je perçois juste la sensation un peu magique de mon monde d'enfant rêveuse qui vivait de façon autonome au milieu de leur monde d'adulte...

  • Pas à paix

     

     

    Any time tomorrow I will lie and say I'm fine
    I'll say yes when I mean no

     

    Hier soir je suis rentrée à pied.
    Un peu plus tôt dans la journée, j'avais également marché de Montparnasse à Opéra.

    Pas d'exploit, non. Juste la première fois depuis un moment que je n'étais pas rentrée à pieds. Ca faisait des semaines que je n'en avais pas eu la force l'envie.

    J'allais descendre dans le métro et puis j'ai allumé mon ipod, remonté les escaliers et suis partie à pied. La musique était au niveau sonore suffisant pour me couper des autres, les rumeurs des voitures tout juste audibles, mais pas pour couvrir le bruit de mes pas.

    Il était tard, je n'avais pas encore mangé alors j'ai grignoté des frites sur le chemin. Puis me suis mise à fredonner à voix basse, juste assez fort pour entendre ma propre rumeur dans l'oreille. J'ai marché comme si j'étais seule dans le bleu pas encore nuit du soir. Repris des chemins pas empruntés depuis longtemps.

    En tout depuis lundi, j'ai marché 3 fois et demi l'album de K's choice. Et quelque part au milieu, j'ai recommencé à regarder au lieu de voir. Ressorti mon appareil photo pour instantanéiser Paris. Le plaisir de passer devant l'Hotel de Ville, la beauté de la pyramide sur le ciel laiteux, le Génie apparaissant au milieu des feuilles neuves des platanes, la fontaine du Palais Royal.

    J'ai marché en dansant parfois. Oublieuse surtout de tout ce qui n'était pas moi. Et quelque part au milieu, j'ai écrit des milliers de plans sur la comète dans ma tête. Les mots pour les décrire coulaient tout seuls puis disparaissaient quand je reprenais conscience des lieux qui m'entouraient.

    J'avançais et je repensais à cette année nouvelle dont je n'ai pas vu les premiers mois. Ces semaines pendant lesquelles je me suis oubliée. Et quelque part au milieu, à un moment mais je ne sais pas lequel, au milieu de tout ce fouillis organisé méthodiquement par mes soins, j'avais commencé à ranger. Et quelque part au milieu, j'avais commencé à faire la paix.

  • Montée

    Il est temps, je me mets en route. Assise dans le métro, j'envoie un sms ou 2, comme ça, pour rien. Je ne peux pas lire de toute façon, pas envie, signe clair qu'un truc cloche.

    Arrivée à ma station, j'ai le souffle court. La faute à la brique invisible qui est venue subrepticement se poser sur mes poumons qui ne peuvent plus désormais prendre que de courtes inspirations.

    Il me reste 10 minutes de marche, je n'ai rien bu depuis 4h, y suis allée il y a 20 minutes mais ça presse. Et puis j'ai mal au coeur. Et je ne peux toujours pas respirer correctement.

    Je suis très avance, je vais me poser dans le parc où j'ai attendu la dernière fois. Comme une tradition, le ciel est gris et menaçant. Le sol est encore trempé des dernières averses, ça sent bon le printemps, les fleurs écloses et la terre mouillée. Petrichor... J'inspire profondément.

    Assise sur un banc, je décide d'écrire pour attendre mais mes mains tremblent. J'ai envie de pleurer. De pousser le hurlement du fond des tripes qui est au bord de mes lèvres, accroché au fond de ma gorge et que j'imagine si libérateur...

    STRESSEE ?

    En regardant s'ouvrir les portes de l'ascenceur, je me suis fait la réflexion que j'étais exactement dans le même état que les soirs de spectacle, juste avant l'ouverture du rideau. Quand je suis au maximum de cet étrange mélange d'excitation, de peur et d'impatience qu'on appelle parfois trac...

    En apparence pourtant, je vais bien. J'ai un grand sourire sur les lèvres et dans les yeux, ma voix ne tremble pas et ma main est sûre quand je la tends à la personne qui m'accueille. Mieux, à la seconde où je commence à parler, tout va bien.

    Action !

  • Je suis absente. Merci de laisser un message.

    Je ne suis pas là, non.
    Enfin à première vue on dirait que si, je m'en rends bien compte mais en fait, je suis ailleurs.

    Parmi vous alors que non.
    Je me sens observatrice des jours qui passent, comme totalement détachée des événements et de leurs conséquences. J'avance sur pilote automatique : fais mon boulot, révise autant que possible, me repose dès que j'ai quelques minutes, réponds à mes copines de classe inquiètes pour demain. Mais je ne réagis pas.

    Pourtant il n'y a pas de doute, je suis vivante :
    J'ai mal au dos, j'ai mal au coeur.
    Je vis avec mes amis plein de choses, je ne fais pas semblant d'être heureuse ou triste ou concernée quand ils me racontent les dernières nouvelles.
    Je pique des fous rires mémorables, partage des moments hors du commun, fais des choses délirantes, rencontre des gens hallucinants.

    Malgré tout je m'aperçois que souvent, je ne suis pas là. Je suis absente. De longues minutes pendant une réunion, des secondes interminables alors que je suis au milieu de gens qui discutent. Je décroche, je m'en vais, je suis partie.

    Pour tout dire, jusqu'à aujourd'hui, je m'apprêtais même à passer mon anniversaire toute seule à réviser et ça ne me choquait pas plus que ça. Pas triste ou résignée, juste indifférente. Ailleurs.

    Je ne suis pas là donc. Mais en fait si. J'ai du mal à vous l'expliquer je le sens bien.

    Ne pensez pas que je sois dans une rêverie éveillée, je crois juste que je suis en veille.
    Laissez-moi un message, je suis de retour dans plus très longtemps.