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Blog me tender - Page 8

  • les perles de petites joies

     

    Grignoter des cerises directement dans l'arbre entre deux verrines créées sur le moment, pour rendre dînatoire cet apéritif avec la voisine qui semble vouloir durer. Découvrir son jardin et la regarder sourire et s'animer alors qu'elle semblait si triste plus tôt dans la journée.

    En à peine plus d'une heure, on a réussi à parler voire débattre de la peine de mort, de l'évolution des performances scéniques de M et des endroits où il fait bon vivre, tout ça alors qu'on ne s'était jamais vu avant. Comme ça, sans temps mort mais sans précipitation non plus.

    Je respire par le ventre et je pars réaliser les défis que je me lance. Ça marche, ça avance, ça fait augmenter le cliquet de ma sérénité. (Si si je râle toujours, ne vous inquiétez pas c'est toujours moi!) J'ai réussi de belles choses, vécu des expériences uniques.

    De la pastèque au clair de lune d'un soir très frais, en parlant de soi et des autres, un petit caillou de plus sur le chemin de notre jolie histoire. Vue sur le sacré cœur et bienveillance des hôtes comme un cadeau supplémentaire.

    Pendant qu'il joue à la console, je regarde boardwalk empire. Pendant qu'elle cherche sur internet des info sur secret story, je lui demande ce qu'elle veut pour le petit dej de demain. Me voila à jouer à la maman pendant 2 jours avec ces enfants qui ne sont pas les miens mais que j'aime presque comme si.

    Le chinois, la communication, les outils informatiques... toutes ces formations comme autant de moyens de rencontrer les autres. Les autres comme 15 ans plus ou moins jeunes que moi, comme scénaristes ou informaticiens, comme mariés ou jamais casés, comme jamais d'accord. Comme autant de regards extérieurs sur moi pour m'assurer que j'ai raison de ne plus transiger avec moi.

    Il me semble que j'ai trop bu, pas au point cependant de dire que je suis saoule, mais juste avant, quand je peux m'extraire intégralement du moment sans plus craindre le jugement des autres. De toute façon, mon cerveau est épuisé de passer par toutes ces langues que je maîtrise plus ou moins bien, je vais plutôt renifler mon whisky.

  • La route

     

    La route.
    Non LA Route.
    Le numéro mythique, le lieu cliché auquel on pense quand on imagine de grandes virées en voiture aux USA.
    Route 66.

    La chance absolue de ce périple a d'abord été la météo. On a eu à peu près tous les temps sauf la neige et c'était magique. Le même paysage tour à tour écrasé de lumière perpendiculaire ou au contraire rendu tout mystérieux par le ciel anthracite, c'est possible sur la route 66 ! Comment ? Parce que les dimensions sont telles que pendant plusieurs on pouvait suivre au loin la même montagne, point d'ancrage tranquille de tout le panorama. Après le petit dej, la montagne était loin sur la droite, tout embrumée, après le déjeuner, pile en face, quasi invisible sous les trombes d'eau qui tombaient du ciel, à l'heure du goûter, le soleil insolent éclaboussait cette montagne qu'on laissait s'éloigner sur la gauche, dans le soleil couchant, on l'apercevait nous disant un dernier coucou.

    Le long de la route paisible, des villes clairsemées se vantent de trésors improbables pour attirer le chaland. Comme le château d'eau penché ou la croix en tôle blanche de 38 mètres de haut ou le plus petit bureau de poste des États-Unis -si petit qu'on l'a jamais vu... Mais ce qui rythme vraiment la journée, ce sont les visions-cliché : la station service désertée depuis des années, les lotissements de caravanes, les repas xxl avec une limonade de 1 litre même si tu demandes la petite version, les grandes églises blanches annoncées par des panneaux "he is risen", les diners aux nappes à carreaux rouges et blanches, les ponts de fer...

    Et puis le vide. Surtout le vide. Quand on n'est pas sur l'autoroute, il se passe souvent plusieurs minutes sans que l'on ne croise quiconque. La route est rectiligne et sans fin, elle va jusqu'à l'horizon sans faillir. Parfois, on longe la voie ferrée et on fait la course pendant des kilomètres et des kilomètres avec un train de marchandises dont on peine à deviner la longueur totale.
    Le vide, c'est aussi celui du désert : plein de déserts différents. Celui tout plat avec de la terre rouge et quelques touffes d'herbe folle, celui entouré des mesas de western toutes plates, le doré infini et sablonneux avec de petits cactus pour seul agrément, painted desert le désert arc-en-ciel et les canyons qui découpent la monotonie jusqu'au célèbre Grand Canyon.

    Un peu comme si le paysage changeait les gens, chaque État traversé a une ambiance humaine à part. Les villes s'adaptent aussi aux clichés que l'on attend d'elles. Toutes les vitrines d'Oklahoma City supportaient les Thunders fraîchement éliminés en play-offs, Saint Louis a fièrement offert le Mississippi et son arche symbolique, les maisons en pueblo de Santa Fe nous ont rappelé si besoin était que nous étions au Nouveau-Mexique, cachée dans la montagne, Flagstaff et ses sapins, comme une plongée dans le stations de ski de série télé.

    De burgers en steaks panés et en empanadas, on a tracé un gros morceau de La Route, je l'ai déjà cassé en milliers de petits bouts pour mieux pouvoir les ressortir et y repenser.

     

    route66.jpg

  • Adultitude

     

    Chercher le courage dans les nœuds qui habitent mon ventre depuis tant de temps déjà que je ne peux plus dater le moment où tout a commencé. Je respire vingt fois calmement et ça ne marche pas, je suis toujours au même endroit, comme une gourde apeurée. Et les mêmes coups de fil sont à passer et les mêmes courriers à envoyer. Je perds mon temps et mon énergie à lutter contre moi, contre mes souhaits et mes instincts.

    Je fais des cauchemars, je ne sais pas toujours de quoi ils parlent mais je sens que mes rêves sont tristes, durs, lourds. Quand je me réveille, je suis souvent déboussolée, avec la sensation diffuse d'une tristesse ou d'une angoisse qui m'étreint pendant les premiers instants de ma journée. Je m'inquiète de perdre à terme mon point fort absolu : le sommeil.

    Il y a quelques jours, une des personnes que je suis a twitté "C'est bizarre cet état où tout va bien mais où tu ne vas pas." C'est un peu ça... Tout va bien : j'ai un boulot génial, des collègues fantastiques, des perspectives de carrière réjouissantes et aussi des amis extraordinaires de bonté et de beauté, une famille de coeur drolissime et attentionnée, une famille de sang quasi-rêvée tant elle est aimante et puis je peux m'offrir des vacances topesques, baver sur une paire de chaussures dispendieuse. Franchement, je pense qu'il y a très très peu de gens qui peuvent se targuer d'une vie aussi jolie.

    Pour autant, je ne parviens pas à trouver ma place à moi, mon chemin, mon souhait. Il y a trop de réconciliations ou de séparations à mettre en marche, tant de choses à poser, de renoncements à accepter.

    J'en veux par exemple à mon chef de m'avoir déçue et humiliée à ce point, j'en veux à cet homme que je croyais mon ami de m'avoir déçue et humiliée à ce point. Je suis surtout très en colère contre moi et cette habitude de placer tous mes espoirs dans chaque humain que j'aime parce que quand ça rate, j'ai tellement mal que je passe des semaines à me flageller.

    Alors au lieu de tout régler, je me retrouve dans des histoires rocambolesques avec des mecs dont je ne veux pas vraiment, je m'imagine des aventures délirantes avec des mecs qui ne veulent pas vraiment de moi, je fonctionne à la date limite pour absolument tout, je me décourage de situations qui me paraissent trop grandes, je me roule en boule dans mon lit en attendant que tout se règle par magie : je fais ma crise d'ado.
     
    Oh, je  vais réussir à avancer, je le sais, ce sont des événements importants mais pas mortels, c'est juste qu'il me faut ré-apprivoiser le fait que c'est aussi ça, être adulte, gérer les choses laides et pas intéressantes, ne plus toujours avoir de seconde chance quand on rate. Il faut que je fasse le deuil de la vie que je m'étais imaginée petite et que je découvre toutes les possibilités cachées de celle que j'ai réellement. Sous peu, je me connais, j'aurai réglé 2 ou 3 gros problèmes pendants et je vais retrouver mon optimisme et ma croyance déraisonnable en un monde lumineux et heureux.

    C'est trop compliqué de grandir. Parce que non, évidemment, je ne suis toujours pas grande... je tente... mais non.



  • Chicago

    Chicago.
    J'en gardais un souvenir ébloui. Été indien et vie chez des autochtones, ça avait forcément aidé. Au point que lorsque j'avais commencé à réfléchir à tout laisser tomber pour partir vivre seule, c'est Chicago qui m'aurait semblé l'idée la plus lumineuse. Du coup, j'oscillais entre la crainte de constater que j'avais totalement surinvesti mes souvenirs et l'excitation à l'idée de revoir et de découvrir mieux Chicago. Entre tout, je me demandais un peu à quoi allait ressembler nos retrouvailles.

    Elles furent bonnes.

    Le temps radieux du premier jour, l'orage somptueux du deuxième soir, la grisaille enveloppante du 3ème matin, la douceur des températures tous les jours : la météo était avec moi.

    Les revisites m'ont réjouie, que ce soit la vue des grandes tours géantes ou les requins de l'aquarium ou même la ballade nez au vent au milieu des rues familières. Les découvertes m'ont enchantées, comme Oak Park et Frank Lloyd Wright ou l'art museum et Georgia O'Keefe ou les gigantesques serres remplies de fleurs au nom magique.

    chicago.jpg


    Il y a à Chicago tout ce que mon amour profond pour les Etats-Unis espère. A la fois les clichés que peuvent offrir les séries ou les films, avec la démesure de la gastronomie et du lieu, les gens hyper enthousiastes d'un rien, les sportifs le long du lac quelle que soit l'heure, la mixité sociale et de couleur de peau, les immeubles qui grattent vraiment le ciel, les quartiers familiaux avec les parcs et les grosses voitures garées devant les maisons au gazon impeccable.
    Et puis il y a aussi tout ce que je n'attendais pas forcément mais dont je sais désormais que c'est typique aussi, dans une certaine mesure. Des petits resto délicieux loin des chaînes de burgers, le recul total des habitants face à l'image qu'ils renvoient dans le monde, un humour féroce et vraiment pas politiquement correct, la preuve d'une avancée technologique et économique certaine qui côtoie la maison rafistolée ou la voiture en lambeaux dont se contentent certains, cette amabilité extrême dont on n'arrive pas toujours à déterminer à quel point elle est teintée d'hypocrisie, cette identité locale cultivée coûte que coûte à côté du patriotisme général.

    Je me rends compte que de toute les villes américaines que j'ai rencontrées, Chicago est celle qui incarne ma vision de la métropole cliché.
    Et j'ai déjà envie d'y retourner.