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Blog me tender - Page 10

  • (se) Rencontre(r)

    Le jour où il l'a rencontrée, il avait déjà entendu parler d'elle des dizaines de fois, il savait son existence depuis plusieurs années. Ils s'étaient loupés plusieurs fois déjà. L'amie prodigue, la fille géniale, celle dont tout le monde a l'air de penser du bien et avec qui tous ses potes avaient vécu tant de moment merveilleux. Il n'était pas jaloux, non, ce serait exagéré... un peu agacé de son omniprésence peut-être, et encore.

    À cette soirée de rencontre, il était arrivé parmi la deuxième vague d'invités. Ceux qui ne s'embarrassent jamais vraiment de l'heure d'accueil prévue par les hôtes parce qu'ils ne comptent pas partir à 21 heures de toute façon. Et cette fille, debout un verre à la main, écoutait en souriant un groupe de potes. Il avait deviné qui elle était : c'était la seule inconnue de la soirée.

    "Yes, Tom. Enfin là. Viens, faut que je te présente..."
    Bonsoir, hello, ravi, enchantée, sourire, reprenons la discussion. Pas grand chose de délirant. Plutôt jolie quand même. Et en insistant, drôle et intéressante. Un quart d'heure plus tard, ils rigolaient de broutilles, une demi-heure de plus et elle lui racontait la fois où elle avait tenté le parapente mais était restée sur la falaise, pleurant de trouille. Il avait compris pourquoi tous lui prêtaient une telle aura.

    Puis son amoureuse était arrivée, elle rentrait d'un déplacement en Espagne alors ils avaient passé un peu de temps tous les deux à se raconter leur semaine. Elle était retournée papoter de son côté. Et il avait fini sa soirée comme toutes les autres, à boire et refaire le monde avec les potes et avec cette nouvelle membre du groupe aussi, du coup.
    Et ils ne s'étaient plus croisés avant des mois mais au moins il pouvait, lui aussi, expliquer combien cette fille était drôle et sympa et tu te souviens de la soirée où... ?

    La deuxième fois qu'ils s'étaient vus, elle était folle amoureuse du beau gosse qui l'accompagnait. On prend des nouvelles, on s'étonne de pas se croiser plus souvent vu le nombre d'amis communs (elle est décidément toujours aussi jolie...) et on fait une place au nouveau, hyper sympa. À ce rythme, ça va finir par être indécent, cette vie parfaite.

    Comme la fois précédente, il ne l'a pas revue avant des mois. Comme la fois précédente, il a quand même glané toutes les info la concernant qu'il a pu. Cette fois-ci au moins, il ne se sentait plus coupable vis-à-vis de son amoureuse, elle l'avait quitté.

    La fois suivante, il a passé la soirée à se marrer avec elle et son beau gosse. Quand ils se sont dit au revoir, ils se sont promis de se voir plus souvent. Comme la fois précédente. Sauf que -comme la fois précédente- ça paraissait peu faisable.
    À l'époque, l'ex de Tom avait refusé net de l'inclure dans les boucles de mails de soirée, verte de jalousie devant cette fille drôle et jolie et que tous aimaient... Et maintenant il allait devoir trouver des stratagèmes, parce que s'il leur proposait un truc, il allait vite avoir l'air de tenir la chandelle...

    Et le temps est passé. Et le beau gosse est parti. Et il pouvait désormais l'avouer au moins à lui-même : elle lui plaisait bien, cette fille vue de manière épisodique et fugace. Mais il ne voyait pas trop comment le lui faire comprendre ou faire bouger les choses.

    Alors le temps a continué à filer. Au début, il a tenté tous les prétextes pour la voir. Y en avait pas beaucoup alors il a proposé ses services chaque fois que c'était possible. C'est comme ça qu'il s'était retrouvé un samedi matin à faire les cartons avec elle pendant qu'elle lui racontait ses souvenirs avec le beau gosse. Comme ça aussi qu'il est devenu son confident, ça c'est depuis la fois où il l'a consolée spontanément de sa déception mais où il a compris trop tard que c'était pas d'une copine mais d'un mec qui lui plaisir qu'elle lui parlait...

    Et aujourd'hui ? Aujourd'hui il est devenu sa BFF, il est celui à qui elle raconte ses plans foireux avec les mecs rencontrés dans les bars, à qui elle demande conseil pour sa tenue avant l'entretien d'embauche, avec qui elle occupe ses soirées d'ennui. Il est son doudou.

    Le doudou qu'on aime toujours, même tout usé et mal lavé. Le doudou qu'on traînera partout toujours. Mais le doudou qu'on mettra dans un tiroir chaque fois qu'il y aura un beau gosse à accueillir dans son lit.
    Il est là, il trône à la place d'honneur sur son oreiller, puis sur sa commode puis dans un carton au fond du grenier. Le doudou vivra toutes ses émotions mais par procuration.

    À moins qu'il ne trouve un moyen de devenir le beau gosse qu'on accueille dans son lit...

     

     

  • Vérification du billet de tous les voyageurs

    Des promesses à l'envie
    Acquiescer et sourire
    Ensemble, comme absents mais ensemble
    Feindre l'envie quand tout s'effondre
    Porter les masques chaque seconde


    Armand MELIES - Casino from leneopen on Vimeo.


    Au départ, j'avais envie ou besoin de solitude. Un peu par facilité beaucoup parce que je n'en avais plus eu depuis longtemps.
    Cependant, être seule, au bout du compte ça ne construit pas forcément. Parce que l'échange et le point de vue des autres m'est important. Non que je ne puisse décider seule de mon avenir ou de mon chemin, plutôt que je m'enfermais petit à petit et commençais à avoir peur de me rabougrir dans mon coin. Surtout, je me suis dit soudain que tant qu'à finir vieille fille, autant finir vieille fille entourée d'amis.

    Alors je suis revenue à la vie sociale. De longs et nombreux mois après être partie pour une autre vie, le vide abyssal de mon quotidien m'a giflé. Il fallait agir. Remplir.
    J'ai commencé par inviter parfois une ou deux personnes à dîner à la maison. Pas souvent. Puis j'ai recommencé à rencontrer de nouvelles personnes. J'ai aussi renoué le contact avec d'anciennes personnes, j'ai créé de nouvelles habitudes de vie : les soirées nouvelle star, les apéros avec les voisines, les dîners hebdomadaires en famille, les week-ends ailleurs, les apéros sur le pont ou dans la cave, les piques-niques au parc avec ma toute nouvelle copine et sa tribu d'enfants/copines, les verres avec les amis des amis qui deviennent parfois aussi les miens...

    Mission accomplie. Ma vie était très remplie. Je ne le ressentais pas comme un tourbillon mais plutôt comme un embellissement, un partage de moments. Je redécouvrais la sensation de sortir sans avoir à donner d'explications ni à négocier.
    Sur une semaine, il y avait rarement plus d'un soir que je passais en tête à tête avec moi. Tout était prétexte pour voir du monde. Je ne refusais quasi jamais une invitation impromptue, toujours partante même quand j'étais sensée me reposer un peu.

    Oui mais voila, à trop remplir, est-ce que la quantité ne nuisait pas à la qualité des relations que je nouais ? Et puis avais-je réellement envie de tous les rendez-vous que j'acceptais ? Bien sûr, j'avais baigné dans des semaines de solitude mais est-ce que les moments que je m'accordais n'étaient pas trop rares ? Surtout, surtout, cette agitation permanente ne me permettait-elle pas tout simplement de me cacher ? Faire semblant d'être joyeuse est une seconde nature. Ca va toujours, je suis systématiquement partante, y compris pour faire semblant vis-à-vis de moi. Je suis capable de mentir à une foule entière, étourdie de bêtises et de rires. Et aussi de mentir à moi-même.

    Mais j'ai fini par être rattrapée par cette technique de camouflage. Certains autres d'abord puis moi enfin, avons mis le doigt sur les failles de mon mode de vie. Cesser de rencontrer des gens pour additionner les expériences, profiter de ceux qui sont là réellement et les aimer. Construire du durable sur l'éphémère de nos fous rires. Ancrer ce que je suis dans les moments de joie profonde que m'offrent ceux qui comptent.

    Vous êtes plus nombreux que le jour où je suis revenue à la vie sociale mais vous n'êtes plus pléthoriques. Arrivés en moi hier ou il y a 10 ans, le temps ne fait rien à l'affaire, vous avez tous une place à part, qu'elle soit en cours de construction ou déjà solidement imbriquée à ma propre place dans la vie. Tous.

    A genoux comme jamais, vivre libre et mourir
    Ensemble, exsangues mais ensemble

     

     

     

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    Les épisodes précédents sont là ! on va la finir, cette série...


  • la soirée funky

     

     

    Laisse moi te conter ma soirée magique, ma soirée remplie de paillettes et de glamour.

    Ce soir, vers 18h, je suis partie du boulot. Très tôt donc, dans mon esprit dérangé. Il est temps de fuir les lieux.

    Sur la route, je m'achète une soupe et des crêpes au jambon, j'ai 8 ans. En arrivant, je lance une machine, je range ma chambre (oui oui, je range ma chambre, comme une adolescente, parce qu'elle a l'air habitée par une ado) et je change les draps. Des draps trop petits vu que je ne me souviens jamais de la taille de mon matelas et que j'étire tant bien que mal sur un sommier qui vient de rendre l'âme, ça y est.

    Pendant que la soupe réchauffe, j'étends mon linge et prends une douche. Je suis en peignoir en train de regarder blubluter le dîner, il est 20:13 et dans 20 minutes environ, je serai dans mon lit, toute neuve dans mes draps neufs, à tenter de rattraper mon retard de séries. 

    La soirée funky.

    J'ai des cernes fuchsia sous les yeux, le dos tellement contracté que j'ai mal quelle que soit ma position et les larmes aux yeux d'épuisement nerveux. À la question "ça va toi?" j'ai même eu la folie de répondre que non, c'est dire si mes défenses sont basses.
    Dans le même temps, je n'ai pas été aussi en accord avec moi depuis si longtemps que j'ai oublié. J'ai des proches absolument extraordinaires de patience et d'amour, je suis ancrée dans maintenant et non plus hier, je me respecte désormais autant que je le faisais jusque-là pour les autres, même mes côtés infects me sont désormais supportables.
    J'écoute mon rythme et pas uniquement celui des conventions sociales que je m'imposais. Certains jours, je me trouve même limite belle gosse.

    J'ai bien fait de ne pas lâcher et de prendre votre confiance pour avancer. J'aime bien ce que je suis devenue, ce que j'ai fait de moi.

    Comme ce soir, tortue cernée échouée sous sa couette en compagnie d'une tisane et d'une boîte de kleenex parce qu'elle va probablement pleurer devant Glee, pendant la soirée funky.


  • On avance

    Disney Channel et BFFTLEWY.

    Marcher dans la rue vide, qui résonne et raisonne de tout ce calme, sous le toit de lumières éphémère. Parler comme d'habitude de choses très profondes, l'air de rien, alors que la dernière fois remonte à un an.

    Rouge. Comme mon vernis, mes lunettes, mon rouge à lèvres.

    Mon neveu nouveau a dix petits jours, il est joli comme un poupon, il sent bon et il râle à peine. Et je l'ai serré dans mes bras pendant toute une soirée, son corps doux et léger abandonné dans le sommeil.

    Sourire. Juste parce que ça aide à voir les choses plus jolies.

    Elle. Qui n'a pas de surnom, je n'y parviens pas. Qui me secoue aussi fort qu'elle le peut chaque fois que je chouine. Qui est heureuse pour moi et triste avec moi. Et qui me donne les clefs de la sérénité dans le chaos.

    Le train, la neige, l'inattendu.

    M'autoriser à me moquer ouvertement, le laisser m'inviter parce que ça compte plus pour lui que pour moi, retrouver nos vieux automatismes, découvrir de nouvelles choses, savoir désormais avec certitude qu'il sera toujours là.

    72 idéogrammes.

    Je perds le contrôle et refuse de prendre les décisions que je pourrais prendre, je regarde, j'attends. Je ne lance plus de lignes ni de bouées. Je ne sauve plus, je n'interviens plus. Je vais laisser faire et voir venir. C'est très nouveau, un peu inquiétant. Il y aura sûrement des ratages. Mais peut-être qu'elle est là, la solution pour me trouver, pour une fois.


    Je vais bien.

     

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