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Blog me tender - Page 26

  • 1er jour

    La veille au soir, je rentrais de 3 jours à Londres avec mes soeurs.
    3 jours avec des rires mais pas uniquement, des ballades, de la discussion, une ou deux râleries et des frissons du plaisir de pouvoir partager des moments forts.

    Pourtant, la nostalgie de ce moment n'a pas réussi à me faire oublier le stress. Déjà je l'avais ressenti un peu fugacement durant le week-end. Mais là, après avoir tergiversé presque une heure sur ma tenue du lendemain, après avoir vidé, nettoyé puis rempli mon sac à main comme s'il était neuf, comme un cartable le jour de la rentrée, je me suis retrouvée désoeuvrée et fort incapable de semer le stress.

    J'ai reçu des sms plein de rassurage, j'ai regardé l'épisode d'Hello Kitty quand elle aide le boulanger. Puis j'ai fermé les yeux et dormi sous 15 kilos de couettes et plaids. Ce poids me rassurait un peu je crois.

     

    Le jour J j'ai enfilé ma jolie robe bleue que j'aime et mes bottes noires qui vont très bien avec. Je me suis maquillée avec soin et pas juste avec un kohl que j'estompe à l'arrache sur la paupière.

    Coloquette a fait LE truc le plus délire qui soit : elle m'a préparé du thé et l'a versé dans un verre pour qu'il ne soit pas bouillant et que je puisse le boire avant de partir. Elle a veillé aussi à ce que je mange des mini-madeleines pour le petit-déj. Et elle m'a préparé un goûter.

    C'est pas la classe ?

    J'ai mis mon manteau, pris mon sac et suis partie. Je suis descendue fièrement dans le métro : pasla peine de faire la queue en ce 1er mars, j'avais acheté mon ticket la veille ! Je suis ressortie et revenue à la maison : j'avais oublié badge et pass navigo.

    Après ce faux départ, j'ai pris le métro et pas réussi à m'asseoir de tout le trajet. Alors j'ai écouté de la musique. Je suis arrivée à 9h26.

    Pour accéder à mon bureau, je dois passer par la salle de pause située juste derrière la porte d'accès à l'étage. C'est plein de gens et ya forcément des que je connais déjà. Je lance un bonjour poli et souriant mais pas trop fort quand même et je file jusqu'à ma place.

    J'allume mon ordinateur, me disant que ça va être une journée tranquille.

    10 minutes plus tard, mes collègues m'embarquent pour la pause café du matin. On papote aimablement. Je suis alpaguée par un de mes interlocuteurs et ne cesserai plus de travailler jusqu'à l'heure du déj.

    Mes collègues gentilles m'embarquent pour le déj, on part pour un grand truc à 8. On papote un moment, je hurle de rire aux anecdotes que raconte un des déglingués de la tablée.

    Réunion d'urgence et impromptue sur sujet que je ne connais pas du tout. Montée de panique, sourire-armure, go.

    Point avec chef nouvelle. Je râle sur le ton de la blague sur le fait que j'espérais un premier jour tranquillou... Elle sourit. Je comprends que ça n'arrivera pas tout de suite, le repos. Le poste est resté vacant trop longtemps, ils m'attendaient.

     

    Je sors du boulot, rentre chez moi en musique. J'ai désormais le temps d'écouter un album entier pendant le trajet. Et de lire une cinquantaine de pages aussi.

    Sur le balcon, il y a du champagne tenu au frais par le vent glacial de retour depuis quelques jours. Alors que j'attends le retour de coloquette pour déguster la première coupe, j'observe une bague de fiançailles et on m'annonce que je vais être témoin. Aussitôt ma gorge se serre et mes yeux sont lacrimalement fragilisés. Je précise immédiatement que c'est pas obligé, hein, je comprendrais que ce soit pas moi... (bref, j'y reviendrai probably)

    On trinque, je bois, trop. Je fais donc une tisane pour me réhydrater. Je me couche, tard.

    C'est la fin de mon 1er jour de travail nouveau.

     

    Le lendemain, c'est un peu brouillardeux, je n'ai pas assez dormi et je commence mon 2ème jour de ma nouvelle vie professionnelle.

     

  • Webaci 2.0

    Dans l'ensemble, même si ma mission c'est de le cacher autant que possible, je suis timide. Et paradoxalement, l'écran qui s'interpose entre moi et les membres des réseaux sociaux ne lève pas vraiment cette caractéristique. Même si je blogue depuis 6 ans, twitte, facebooke et fais du bookcrossing de manière active deouis un long moment déjà.

    Ca donne une baci qui lit avec intérêt et attention sa timeline twitter se déchaîner, faire des blagues ou s'émouvoir... mais qui n'ose pas répondre, de peur de détonner dans la conversation. J'ai attendu près d'un an avant d'échanger avec les autres sur le forum du bookcrossing que j'allais lire consciencieusement tous les jours et j'attends des jours avant de cliquer sur "follow" sur twitter... Alors que certaines fois, je vois bien que l'ambiance n'est pas à la discussion philosophique. Mais j'ai peur...

    Ca donne une baci qui attend des semaines avant de demander à des gens qu'elle connaît pourtant plutôt bien, s'ils veulent bien l'ajouter comme amie sur Facebook. Parce que je m'inquiète de déranger des gens qui n'ont pas forcément envie alors qu'il leur suffit de refuser ma demande pour ne pas être ennuyé s'ils le choisissent...

    Par exemple, je suis associée d'une société web 2.0. J'ai un associé qui fourmille de 1000 idées à la minute, me fait rencontrer ses clients et avec qui j'ai des échanges absolument géniaux. Pourtant il me faut souvent un peu de temps avant de me lancer et lui proposer une idée de changement dans la société.

    Je suis responsable de Voldemag, un webzine collectif, avec tout ce que ça suppose de relations avec des inconnus, de gestion humaine et d'encadrement -même s'il est informel- des activités de Voldemag.

    Ca donne une baci qui répond "bien cordialement" aux attachés de presse web qui ont commencé leur courriel par "kikooo" ou qui choisit avec attention ses mots quand elle répond aux questions posées par des lecteurs qui veulent proposer un texte. Une baci qui a mal au ventre pendant presque 1 heure avant l'heure d'un rendez-vous avec des blogueurs ou des twitteurs et répond d'une petite voix "Voldemag" quand on lui demande : "et toi ton blog, c'est quoi ?"...

     

    Mais c'est tellement de bonheur aussi, la vie web 2.0

     

    Alors tant pis si j'ai des palpitations quand j'appuie sur "envoyer" mes mails demandant "j'aime bien ton billet, tu acceptes de le faire publier sur Voldemag ?" ça en vaut tellement la peine...

    Alors pour rien au monde je ne renoncerais à ces 2 projets merveilleux. J'adore être associée dans un monde que je connais peu et profiter des envies de mon associé autant que je le fais profiter des miennes.  Je suis plus que ravie d'être la boss de Voldem' parce que je surkiffe le fourmillement d'idées des conférences de rédac ou les délires complets quand on trouve un nouveau projet à investir.

    Ces deux projets même n'existent dans ma vie que parce que j'ai osé après moult hésitations, aller rencontrer les gens d'internet. Internet a emmené dans ma vie certains de mes amis les plus précieux, parce que j'ai osé interagir avec eux ici ou là, parce que j’ai fini par me dire que je devais faire le pas de leur parler dans la vie réelle.

     

    Internet m'a offert mes coloc, une libellule, mon associé, une presque épouse, ma kanoup, une fée, mon bol à oreille dans mon refuge breton, une madame lutin... et tant d'autres choses, tant d'autres gens...

     

  • Réservé

    Faut toujours être hyper attentif aux panneaux quand on voyage.

     

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  • Mille-feuilles

     

     

    Elle est fatiguée. Non lasse plutôt. Quand elle ouvre la porte de son studio, il ne reste plus du jour qu'une lumière rasante un peu dorée. C'est la fin de la journée mais grâce à sa double exposition, son grand studio reste encore plutôt lumineux.

    Claquant la porte du pied, elle fait tomber d'un même mouvement d'épaule son sac à main et son manteau, qui vont rester en tas près de la porte jusqu'à demain matin qu'elle parte bosser. Pas envie. Et mal aux pieds aussi, tiens. Elle s'en rend compte alors qu'elle se lave les mains pour enlever ses lentilles. Et elle sort de la salle de bain mi-chaussée mi-pied nu, un escarpin à la main, avec cette démarche claudiquante typique de celles qui ne portent plus qu'un seul de leurs talons.

    Soupir. Elle est pieds nus.

    La bouilloire fait son oeuvre mais elle ne l'entend pas. Elle se débarrasse de son pantalon et ouvre son chemisier. Chacun de ses gestes est lent et précautionneux, elle ne peut utiliser qu'une seule main, elle n'a désormais plus de poche où ranger son ipod, elle le tient à la main. Elle ne pouvait pas éteindre la musique, pas couper le moment.

    Il fait chaud et elle n'a pas à craindre les regards indiscrets : dans cette mégalopole grimpante, à partir de 18 heures, elle n'a plus pour vis-à-vis que des bureaux vides. Alors elle finit son effeuillage ou presque. Il ne lui reste plus que son lourd bracelet un peu trop grand et une culotte bleue marine très sage.

    En attendant que le thé infuse, elle se met à danser, très très lentement. Le regard fixé vers le dernier reflet du soleil sur le balcon d'en face, elle se sert du bord de l'évier comme d'une barre et joue les ballerines. Emportée par son élan, elle enchaîne les arabesques, laisse ses bras onduler autour d'elle. Elle se sent gracieuse et en accord avec les vibrations qui entrent par ses oreilles.

    Soudain fredonne, murmure plutôt. Elle  ferme les yeux, penche la tête en arrière, se cambre et frissonne de la caresse furtive des cheveux sur le creux de son dos. La chanson se termine. Elle éteint la musique. Elle est là, devant son thé fumant, sur la pointe des pieds, comme finissant une pirouette. Elle attend que le silence prenne la place et entend un éclat de rire.

    Elle sursaute. Elle ne l'avait pas vu. Pourtant il était là avant elle. Entièrement dans le brouillad sensoriel qu'elle avait créé en rentrant. Myope, sourde et rêveuse, rien ne pouvait crever sa bulle. Elle  en a la chair de poule.

     

    Avec un profond soupir, elle prend une grande gorgée de thé. Il est très amer et tout juste tiède. Il a beaucoup trop infusé.