Et un jour, il a bien fallu me rendre à l'évidence : après plus d'un tiers de ma vie passée en couple, à 2, avec ma moitié, mon chéri… j'étais désormais célibataire, en solo, seule. Je veux dire : pour la première fois de ma vie, mon quotidien allait désormais ne dépendre que de moi.
Plus personne pour me rappeler les factures en retard, pour aller acheter le pain quand j'ai la flemme, pour venir avec moi au ciné, pour me donner son avis sur la robe dont j'ai envie, pour m'écouter raconter ma journée de boulot, pour montrer ses gros muscles quand M. le voisin fait le cirque…
Donc, non seulement j'allais devoir gérer le quotidien seule mais en plus, entre mon célibat et ma timidité (mais je vous jure que si !!) naturelle façon j'ai peur de déranger, il a aussi fallu que je me rende à l'évidence : j'allais devoir occuper une partie de mon temps libre toute seule.
Dire qu'il n'y a pas des moments où je me suis retrouvée en pleine panique serait mentir. J'ai connu les affres du « mais c'est n'importe quoi ! Tu ne sais même pas ce que c'est que de passer une heure toute seule, tu ne vas pas tenir ! Tu vas avoir besoin de parler à quelqu'un, n'importe qui et tu vas devenir la proie des psychopathes ou pire, des chefs de secte… »
Et en même temps, j'étais emplie d'une fierté et d'une sérénité nouvelles. Je me sentais très forte, prête à affronter tous les défis. Rien ne me faisait peur et il allait bien falloir que je me prouve un jour que j'étais grande, que j'étais un individu à part entière et non pas un morceau de quelque chose…
Je fais donc désormais un tas de choses par moi-même.
Il y a par exemple les courses. Je ne choisis que les choses qui me font plaisir. Et puis, je décide du menu. Envie de faire une orgie de houmous et rien d'autre ? Envie de me gaver de pop corn ? Je ne me demande plus si c'est possible : On y va !!!
Miracle : les factures sont payées dans les temps, ou au moins suffisamment pour n'avoir encore reçu la visite d'aucun huissier. Le plombier m'a presque prise au sérieux et le propriétaire me parle avec respect.
Aller au cinéma sans compagnie ne me pose aucun problème. C'est même un plaisir.
Je fais de très longues balades à pied dans ma ville. Je m'extasie devant telle vue sublime ou m'arrête pour contempler le touchant tableau qui apparaît au détour d'une ruelle. Je prends même des photo.
Et la vraie surprise, c'est que j'ai beau être la plus bavarde des personnes, la perspective de passer des week-ends entiers seule ne me stresse pas. Ca m'arrive assez régulièrement. Je reste des heures entières à ne voir ni parler à personne... et ça va ! Je ne me mets pas à pleurer.
Je ne déplore donc jusqu'à présent aucune crise de larmes face au désespoir de n'avoir personne sous la main à martyriser. Je ne crois pas que c'était le cas avant mais je suis certaine désormais que l'autre ne sera jamais une béquille, que je me supporte
Mieux, je crois que je m'aperçois que j'ai besoin d'avoir des moments juste avec moi. En tête à tête avec moi-même.
Ah bien sûr...
C'est to be continued...
Parce qu'il y a aussi toutes ces choses dont on s'aperçoit très vite,
qu'on ne peut/veut pas les faire seule...